Conseils en éducation aux médias et à l’information
GUIDE PRATIQUE
La famille
Tout-Écran
Conseils en éducation aux médias et à l’information
GUIDE PRATIQUE
La famille
Tout-Écran
REMERCIEMENTS
Nous remercions nos partenaires, inscrits
dans une dynamique collective d’une richesse
inédite, à la fois interministérielle (ministère de
l’Éducation nationale, ministère de la Culture),
interinstitutionnelle (France Télévisions, Radio
France, CSA, Cnil, collectif Éducnum, CNRS Images,
Cnaf) et interassociative (Unaf, Ceméa, Ligue
de l’enseignement, Parents 3.0, Icem-Pédagogie
Freinet, Jets d’encre).
Nous remercions, pour leur engagement dans le
groupe de travail «Pratiques informationnelles
des jeunes» (issu du Conseil d’orientation et
de perfectionnement du CLEMI), Marie-Anne
Bernard, directrice RSE de France Télévisions,
Olivier Bourhis, responsable du pôle «Politique
scolaire», Ligue de l’enseignement, Anne Brucy,
directrice du CNRS Images, Catherine Chabrun,
Icem, rédactrice en chef du Nouvel Éducateur,
revue pédagogique du mouvement Freinet, Carina
Chatain-Marcel, collectif Éducnum, chef de cabinet,
responsable des relations avec les institutions
extérieures à la Cnil, Marie-Alix Filhol, chargée de
mission, bureau du régime juridique de la presse,
ministère de la Culture et de la Communication,
Christian Gautellier, directeur de la publication Vers
l’éducation nouvelle, Ceméa, Mireille Lamouroux,
chargée de mission auprès du directeur du
numérique, ministère de l’Éducation nationale, de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Didier
Mathus, président du Conseil d’orientation et de
perfectionnement du CLEMI, Christine Menzaghi,
programme développement associatif et militant,
Ligue de l’enseignement, Fabien Mignet, chargé de
mission, Conseil supérieur de l’audiovisuel,
Agnès Rico, présidente de l’Association
internationale de la presse francophone, Éric
Sénécal, coordonnateur de l’Association des centres
sociaux de l’arrondissement de Dieppe, Marina
Sichantho, responsable de la médiation culturelle
et action éducative, Radio France, Jean-Christophe
Théobalt, chargé de mission médiation numérique,
ministère de la Culture et de la Communication,
Stéphane Vincent, directeur territorial Ceméa de
Haute-Normandie.
Nous remercions, pour leur implication, Perrine
Boutin, enseignante MCF à l’université Sorbonne
Nouvelle-Paris3, Isabelle Féroc-Dumez,
enseignante MCF Éspé de l’université de Poitiers,
Sophie Jehel, enseignante MCF à l’université de
Vincennes-Saint-Denis-Paris8, Adeline Masson,
enseignante master Solidarités de l’Institut
catholique de Paris, ainsi que les 32 étudiants
qui nous ont aidés à réaliser l’enquête de terrain:
Zoé Barlog, Félix Bleton, Caroline Boesch, Elsa
Chasqueira, Hannah Dannoux, Agnès Davy, Lucie
Debornes, Florent Delattre, Mathilde Dubot, Chloé
Flavigny, Victor Fossat, Noël Giraud, Mylène Julot,
Emma Lains, Michaël Leprieur, Redha Malki, Hanae
Malovic, Philippine Michaud, Jocelyn Moncomble,
K.C. Neetu Moreau, Delphine Morin, Antonia Nègre,
Estelle Pihery, Camille Pliska, Clara Pons, Alice
Posiere, Alice Quatrepoint, Jedidia Ratefinanahary,
Clara Renaudeau d’Arc, Floriane Siby, Pierre
Thenon, Marianne Vernet. Nous remercions
également la Fédération des conseils de parents
d’élèves et la Fédération des parents d’élèves de
l’enseignement public.
SOMMAIRE
5 Éditorial
Jean-Marc Merriaux, directeur général de Réseau Canopé
6 Étre parent à l’ère numérique
Virginie Sassoon, CLEMI
8 Présentation de la famille Tout-Écran
Kim Consigny, illustratrice
11 #1 Apprendre à vos enfants à s’informer
12 Les digital natives n’ont besoin de personne
et autres idées reçues sur les jeunes et l’info 
Karine Aillerie, chercheuse, Réseau Canopé,
Anne Cordier et Sophie Jehel, maîtresses de conférences
16 Comment «muscler» l’esprit critique de vos enfants
ou comment réagir face aux théories du complot
Benjamin Berut, docteur en sciences politiques
22 Le Décodex, guide pour savoir à qui faire confiance sur Internet
Samuel Laurent, journaliste, Le Monde
26 Les enfants, cibles privilégiées des publicitaires
François Saltiel, journaliste, Arte
29 #2 Conseiller vos enfants sur l’usage
des réseaux sociaux
30 Hackons nos enfants ou l’art de la bidouille en famille !
Lettre ouverte aux parents
Laurence Bee, journaliste, auteur et blogueuse
32 Bien conseiller son ado sur les réseaux sociaux
Nadya Benyounes, Réseau Canopé et Choukri Kouas, CLEMI
36 Que risquent nos enfants s’ils tiennent des propos racistes,
sexistes ou homophobes sur Internet ?
Maître Anthony Bem, avocat
38 Rester net sur le Web. 10 conseils de la Cnil
41 #3 Maîtriser le temps dédié aux écrans en famille
42 Quiz : Quel parent connecté êtes-vous ?
Agence emandarine, en collaboration avec Lucie Meunier,
psychomotricienne
46 Gérer le temps d’écran des enfants. Que retenir des conseils des experts ?
Fanny Morange, Réseau Canopé
50 Se déconnecter pour mieux manger, dormir et bouger !
Docteur Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste
55 #4 Protéger vos enfants des images violentes
56 Comment adapter le visionnage à l’âge de l’enfant ?
Comité d’experts du Conseil supérieur de l’audiovisuel
58 Trousse de secours en cas d’accidents d’images.
Quelques conseils express pour aider les parents
Docteur Serge Tisseron, pédopsychiatre et Isabelle Féroc-Dumez,
directrice scientifique et pédagogique du CLEMI
62 Violence et jeux vidéo: quelle attitude adopter  ?
Collectif PédaGoJeux
67 #5 S’engager et s’impliquer en tant que parents
68 L’éducation familiale aux écrans
Dorie Bruyas, directrice de Fréquence écoles
70 Trouver sa place de parent à l’heure du numérique
Olivier Andrieu-Gérard, Unaf
72 Léducation aux médias, ce n’est pas qu’à l’école !
Christine Menzaghi et Antonin Cois, Ligue de l’enseignement
74 À la rencontre des Promeneurs du Net
Daniel Lenoir, directeur général de la Cnaf
76 Cartographie des initiatives de proximité
Laurent Garreau, CLEMI
79 En pratique !
80 Fiche ressources 1
La cité Maya imaginaire du 20 heures de France 2
82 Fiche ressources 2
Publicité cachée : le test sponsorisé des Inrocks
84 Fiche ressources 3
Un pique-nique de migrants dans un cimetière à Calais?
86 Bibliographie-sitographie
91 Glossaire
Éditorial 5
ÉDITORIAL
Pourquoi ce guide ?
Depuis sa création en 1983, le CLEMI remplit sa mission pédagogique
grâce à un réseau constitué d’une équipe nationale et d’équipes
académiques (au sein des rectorats) et travaille en partenariat avec
les professionnels des médias pour déployer ses actions et ses
projets.
En 2013, la loi du 8 juillet pour la refondation de l’École de la
République inscrit officiellement l’éducation aux médias et à
l’information (EMI) dans les programmes scolaires. Suite aux
attentats qui endeuillent la France, l’EMI devient une exigence
républicaine au cœur du Parcours citoyen, un enjeu éducatif et
sociétal incontournable dans un environnement où le numérique est
omniprésent. Dans un monde globalisé et complexifié, la définition
et la compréhension de la source de l’information constituent
une priorité pour déjouer les tentatives de manipulation et de
désinformation.
Les enjeux sociétaux de l’EMI dépassent les murs de l’école et
doivent mobiliser tous les acteurs pour renforcer le continuum
entre temps scolaire et hors temps scolaire. Ce guide est le produit
de cette mobilisation. Il est né au sein d’un groupe de travail dédié
aux pratiques informationnelles des jeunes, composé de membres
du Conseil d’orientation et de perfectionnement du CLEMI qui
représentent le ministère de l’Éducation nationale, le ministère de
la Culture, France Télévisions, Radio France, le CSA, CNRS Images,
Ceméa, la Ligue de l’enseignement, Parents 3.0, Jets d’encre et
l’Icem-Pédagogie Freinet. Nous remercions chaleureusement tous les
membres de ce groupe de travail qui prouvent, par leur implication,
que l’enjeu citoyen de l’éducation aux médias transcende les
frontières pour rassembler les acteurs de l’éducation, médiatiques,
institutionnels et associatifs.
Jean-Marc Merriaux
Directeur général de Réseau Canopé
6 Guide pratique de la famille Tout-Écran
INTRODUCTION
Être parent
à l’ère numérique
Par Virginie Sassoon, responsable du pôle Labo, CLEMI
Un dernier passage en revue des fils
d’actualité Facebook et Twitter avant
de filer vous coucher, un shot de mails
avec votre première gorgée de café.
Sur le départ, vous paniquez car vous
ne retrouvez plus votre chargeur de
smartphone, devenu une denrée rare
dans votre foyer familial composé
de deux enfants pour neuf écrans !
Si vous vous retrouvez dans cette
petite description à peine caricaturale,
c’est que vous faites partie des 78 % de
Français qui se connectent à Internet
avant de s’endormir ou des 75 % qui se
connectent dès leur réveil. Comment,
dès lors, raisonner nos enfants qui, de
1à 6 ans, passent en moyenne 4heures
10 minutes par semaine sur le Web,
sans parler des 13-19 ans qui dépassent
les 14 heures ? 85,2 % des collégiens
ont un téléphone portable dans leur
chambre. 42 % des 13-19 ans utilisent
Snapchat, 92 % des 15-17 ans ont un
profil Facebook
1
et 100 % des parents
trouveront des réponses dans le guide
que vous tenez entre vos mains… et,
rassurez-vous, sa batterie est pleine !
Lexplosion de nos pratiques numériques
a redéfini les défis de la parentalité et
bouleversé les dynamiques familiales.
Voilà pour les faits, mais quels réflexes
adopter face à la sur- et la mal-
information ? Quelles sont les règles à
respecter et à inventer dans ce monde
1. Chiffres cités dans «Familles connectées», Réalités
familiales, Unaf, n° 114-115, 2016.
d’ultraconnexion dans lequel nos enfants
grandissent ? Pour tenter de répondre
à ces questions, le CLEMI étend sa
mission en éducation aux médias au-delà
des murs de l’école pour écouter,
comprendre et accompagner les parents,
dans toute leur diversité.
Ce guide a pour vocation de fournir
des éclairages utiles et des conseils
pratiques à tous les parents, mais aussi
à l’ensemble des acteurs éducatifs et
associatifs intéressés par ces questions.
Pour accompagner de manière vivante
les ressources proposées, nous avons
sollicité l’illustratrice Kim Consigny et lui
avons demandé de mettre en images le
quotidien de la famille Tout-Écran, une
création originale du CLEMI. Une famille
attachante, connectée et parfois un peu
dépassée dans la gestion des écrans,
avec leurs trois enfants de 3, 8 et 16 ans.
Et comme vous allez le découvrir, on est
tous un peu Tout-Écran !
À l'écoute des parents :
notre approche
méthodologique
Témoignages:
une enquête nationale
Pendant deux mois (de novembre à
décembre 2016), le CLEMI a mené une
enquête pour saisir les pratiques et
les interrogations des parents sur le
Introduction 7
rapport que leurs enfants entretiennent
aux médias et à Internet. Si l’échantillon
constitué n’a pas de prétention
représentative, cette enquête a le mérite
d’offrir une vision de terrain sur l’impact
des médias et d’Internet dans nos vies
de famille.
86 entretiens qualitatifs
Un guide d’entretien semi-directif a été
conçu par le CLEMI. En collaboration
avec 32 étudiants des universités
Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Vincennes-
Saint-Denis-Paris 8, l’Institut catholique
de Paris et l’université de Poitiers,
nous avons réalisé une enquête de
terrain pour rendre compte des
questionnements des parents, au
plus près de leur réalité quotidienne.
86 entretiens qualitatifs, d’une durée
variable de 30 minutes à 2 heures 30,
ont été réalisés.
Au-delà de la grande hétérogénéité
des réalités familiales, cinq axes de
questionnements récurrents se sont
dégagés de l’ensemble des entretiens
et nous ont servi à structurer ce guide:
ñ Comment apprendre à vos enfants
à s’informer ?
ñ Comment conseiller vos enfants sur
l’usage des réseaux sociaux* ?
ñ Comment maîtriser en famille le temps
dédié aux écrans ?
ñ Comment protéger vos enfants
des images violentes ?
ñ Comment s’engager et s’impliquer
en tant que parents ?
2 038 questionnaires en ligne
Nous avons également conçu et diffusé
un questionnaire en ligne auquel 2 038
parents ont répondu, la majorité d’entre
eux sont adhérents à des associations
de parents d’élèves. Fait saillant:
leurs attentes de la part de l’école
sont extrêmement fortes en terme
d’accompagnement, puisque 78 % des
parents souhaitent des cours d’éducation
aux médias en classe pour leurs enfants
et 83 % d’entre eux réclament aux
organismes publics une sensibilisation
aux dangers d’Internet.
QU’EST-CE QUE L’EMI ?
Promouvoir la liberté d’expression, rechercher
et évaluer l’information, forger l’esprit critique
des élèves pour en faire des citoyens libres
et éclairés, telles sont les missions du CLEMI
2
depuis plus de trente ans. Pour ce faire, le
CLEMI et ses coordonnateurs académiques
forment chaque année des milliers
d’enseignants
3
. Dans le système éducatif
français, il n’existe pas de cours spécifique
d’éducation aux médias et à l’information
(EMI), mais tous les enseignants en écoles
primaires, collèges et lycées peuvent aborder
les enjeux citoyens de l’EMI en classe, au
sein des enseignements disciplinaires ou
interdisciplinaires (enseignements pratiques
interdisciplinaires – EPI – au collège, par
exemple). L’EMI se construit à travers
des pratiques de formation plurielles et
distribuées entre les enseignants et les
parents, en lien avec d’autres partenaires
institutionnels et associatifs. Dans plusieurs
académies (Dijon et Besançon notamment),
les coordonnateurs du CLEMI organisent
des événements qui offrent des espaces
d’échanges entre les parents et l’école.
2. Voir présentation du CLEMI p. 95.
3. Si vous êtes enseignant, vous pouvez contacter votre
coordonnateur académique et consulter les ressources
pédagogiques sur clemi.fr
* Les mots suivis d’un astérisque dans le texte sont
définis dans le glossaire p. 91.
8 Guide pratique de la famille Tout-Écran
Présentation
de la famille
Tout-Écran
Le mot de Kim Consigny,
illustratrice
Avec Virginie Sassoon et son équipe,
nous avons inventé une famille, qui n’est
pas parfaite ni idéale, mais qui ressemble
à celles que l’on connaît: recomposée
mais soudée, connectée mais parfois
dépassée, et surtout joyeuse, pleine de
vie et désireuse de trouver des réponses
aux questions que pose le monde
numérique.
Les parents, Erwan et Myriam, sont
connectés mais encore en cours
d’apprivoisement des nouvelles
technologies. Leurs enfants − Juliette
(16 ans), la première fille de Myriam née
d'une précédente union, Théo
(8 ans) et Mélina (3 ans) − grandissent
à l'ère du numérique. S’ils n’ont pas les
mêmes usages d’Internet et des médias
que leurs parents, l’apprentissage est
une aventure commune qui pose des
questions différentes à chaque âge et
auxquelles ce guide entend fournir des
réponses pratiques.
C’est donc pour vous accompagner
qu’est née la famille Tout-Écran et dans
laquelle (sait-on jamais !) vous vous
reconnaîtrez peut-être aussi, un peu !
ERWAN
MÉLINA, 3 ANS
Présentation de la famille Tout-Écran 9
ERWAN
THÉO, 8 ANS
JULIETTE, 16 ANS
KIRA, LE CHAT
MYRIAM
10 Guide pratique de la famille Tout-Écran
TÉMOIGNAGES
Latifa, 2 enfants
«Qu’ils lisent sur un écran plutôt qu’un livre,
pourquoi pas ? Le problème, cest la véracité de
ce qu’ils lisent et le non-discernement qu’ils ont
par rapport à cette information de masse qui est
distribuée.»
Alexandre, 4 enfants
«Lors de la séparation du groupe One Direction,
l’un de mes fils m’a dit : “Il y a eu 200 suicides,
suite à l’annonce de la séparation du groupe. […]
Je l’ai lu sur Internet.” Toute la problématique, ce
n’est pas qu’ils aillent chercher l’information sur
Internet mais qu’ils sachent évaluer si c’est une
bonne ou une mauvaise information.»
Apprendre à vos enfants à s'informer 11
Apprendre
à vos
enfants à
s’informer
Internet a profondément bouleversé notre rapport
à l’information: à la fois fenêtre sur le monde,
la Toile est aussi une caisse de résonance des rumeurs
les plus dangereuses.
Dans cet univers en constante mutation, nos enfants
ont plus que jamais besoin de nous pour les guider !
#1
12 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Les digital natives*
n’ont besoin
de personne
et autres idées reçues
sur les jeunes et l’info
Tous les adolescents ont le même
comportement et les mêmes activités
sur le Net. D’ailleurs leurs compétences
numériques en font des mutants
naturellement hyperconnectés qui n’ont
plus besoin de leurs parents. Et si la
réalité était plus complexe ? Trois
universitaires déconstruisent des idées
reçues sur le rapport des jeunes à
l’information !
Idée reçue n° 1
«Les ados font tous les mêmes
choses sur la Toile.»
Par Karine Aillerie, chargée d’études R&D,
Réseau Canopé, et chercheuse associée à
l’équipe Techné, université de Poitiers
Il est facile de penser que les
adolescents ont tous les mêmes usages
et les mêmes habitudes sur Internet. En
effet, les chiffres, nombreux, à propos
des jeunes et d’Internet, peuvent nous
faire penser que les ados sont égaux
devant Internet, comme face aux
technologies numériques en général, et
les utilisent tous de la même manière.
La réalité est plus complexe mais aussi
beaucoup plus riche que cela.
Les travaux de recherche de la
sociologue américaine Danah Boyd
sur le sujet démontrent ainsi qu’un
adolescent est un «internaute comme
les autres
4
». Cela signifie que pour
comprendre ce que les jeunes font avec
Internet, il faut avant tout se poser la
question de leurs pratiques individuelles
et non pas seulement envisager celles
du groupe ou de la génération. S’il y a
des traits souvent communs aux usages
numériques juvéniles, comme par
exemple le temps passé sur les écrans
ou l’importance de la relation avec les
autres, via les outils connectés, quand
on les interroge individuellement, on
peut très vite se rendre compte que
les contextes familiaux et amicaux,
les centres d’intérêt, les compétences,
sont extrêmement divers et parfois
difficilement comparables d’un individu
à l’autre. Certains jeunes sont ainsi plus
engagés dans les outils de socialisation,
comme les réseaux sociaux*, certains
feront de la recherche d’information
pour eux-mêmes, pour l’école, d’autres
seront plutôt joueurs, etc. Pour chaque
type d’usage également, la relation
avec Internet et les outils numériques
4.  D. Boyd, It’s Complicated: The Social Lives of
Networked Teens, New Haven & London, Yale University
Press, 2014.
Apprendre à vos enfants à s'informer 13
sera différente d’un individu à l’autre:
par exemple, certains jeunes n’auront
pas de difficultés à «rentabiliser» leurs
pratiques numériques du point de vue
des exigences scolaires, tandis que
d’autres auront des usages beaucoup
plus éloignés de ce qui se fait à l’école.
Les pratiques numériques des «jeunes»
se construisent et évoluent au jour le
jour, en articulation ou en réaction avec
les moments de la vie. Elles ne sont pas
«hors sol», détachées du quotidien, ni
aussi spontanées qu’on voudrait nous le
faire croire. Aussi faut-il se méfier des
généralités !
Idée reçue n° 2
«Les ados ne s’informent
que sur Internet.»
Il est courant d’entendre dénoncer les
habitudes d’information des jeunes,
qui semblent délaisser le papier au
seul profit du numérique, voire ne
plus s’informer du tout. Les usages en
général convergent cependant, à l’heure
où il est possible d’écouter la radio en
podcast, de regarder la télé sur le Net
ou de lire son journal quotidien sur une
tablette. Ainsi, si Internet est une source
d’information pour les adolescents
d’aujourd’hui, il faut se pencher plus
précisément sur ce que cela veut dire.
En effet, s’informer sur Internet, c’est
consulter un moteur de recherche ou un
site internet particulier pour répondre
à une question que l’on se pose ou qui
nous est posée (par l’école par exemple)
ou pour connaître un fait d’actualité.
Les dernières études sur les habitudes
médiatiques des jeunes démontrent à ce
titre une montée en puissance des sites
de réseautage social comme Facebook
ou YouTube
5
pour s’informer et non pas
seulement pour discuter ou échanger
des photos avec son groupe d’amis. Cela
fait écho à d’autres études, parfois plus
anciennes
6
, qui montrent l’importance
récurrente et significative de la relation
sociale pour les jeunes lorsqu’ils
souhaitent s’informer: l’interrogation
d’un proche, parent, ami, enseignant
ou conseiller étant un moyen d’obtenir
une information considérée comme plus
digne de confiance.
De manière générale, il ne faut pas
perdre de vue que le numérique ne
fait pas tout et que, si les jeunes
consacrent beaucoup de leur temps
aux écrans, Internet n’est pas pour eux
le seul et unique vecteur d’information.
L’interaction sociale directe, le bouche
à oreille, la conversation avec les pairs,
l’interrogation des adultes référents
(parents, conseillers, éducateurs)
restent ainsi très importants, de
même que la consultation des médias
traditionnels (télé, radio, presse) sur
support papier comme sur support
numérique. Les adolescents construisent
individuellement et collectivement,
au gré de leurs pratiques et des
contextes, des parcours d’information
qui articulent, de façon plus ou moins
fluide selon les individus, le physique et
le numérique. Et c’est là tout l’enjeu de la
formation aux médias et à l’information
aujourd’hui: les aider à prendre en
compte la richesse et à décrypter la
spécificité de chaque support comme de
chaque source rencontrés.
5. D. Süss, G. Waller (dir.), JAMES: Jeunes, activités,
médias. Enquête Suisse, Zurich, Haute école des
sciences appliquées de Zurich (ZHAW), 2014. En ligne:
zhaw.ch/storage/psychologie/upload/forschung/
medienpsychologie/james/2014/Rapport_JAMES_2014.
pdf 
6. D. E. Agosto, S. Hughes-Hassell, Toward a Model of the
Everyday Life Information Needs of Urban Teenagers.
Part 1: Theoretical Model, Journal of the American Society
for Information Science, vol. 57, n° 10, p. 1394–1403.
14 Guide pratique de la famille Tout-Écran
Idée reçue n° 3
«Les digital natives* n’ont besoin
de personne !»
Par Anne Cordier, maîtresse de conférences
en Sciences de l’information et de la
communication, Normandie université-Éspé,
UMR
Vous pensez que les jeunes
ultraconnectés aujourd’hui n’ont pas
besoin de vous pour surfer sur le
réseau, s’informer et communiquer ?
Vous pensez que ces jeunes, d’ailleurs,
considèrent que vous êtes bien trop
vieux ou bien trop dépassé par le sujet
pour les aider ? Eh bien détrompez-vous !
Bien sûr, ils sont massivement – mais
pas de façon égale – équipés. Bien sûr,
ils font preuve – mais pas tous – d’une
dextérité déconcertante dès le plus
jeune âge avec les ordinateurs, tablettes,
et autres smartphones. Bien sûr, ils
connaissent une tonne d’applications,
de sites web ou encore parlent de
youtubeurs* célèbres comme s’ils les
fréquentaient «IRL
7
» !
Et pourtant, lorsqu’on les observe et
qu’on échange avec eux, quel que soit
leur âge, ils sont plus nombreux qu’on ne
le pense à avouer des lacunes en matière
d’expertise, que ce soit pour chercher
une information ou pour comprendre un
discours médiatique.
Ils sont également nombreux à
montrer des difficultés pour nommer
correctement les activités et les outils
numériques, comme Alexandre qui, à
11 ans, croit que «en ligne» signifie
«gratuit».
7. IRL : In real life. Acronyme employé pour désigner
la «vraie vie» par opposition à la «vie virtuelle».
Enfin, ils sont nombreux à s’inquiéter
d’une forme de démission pédagogique
de la part des adultes en général à leur
égard. Comme le dit Armelle, 17 ans:
«C’est pas parce que j’ai un iPhone que
je suis calée.»
«Vous connaissez l’adage: la vérité
sort de la bouche des enfants…»
Alors, non, ils ne sont pas des
«mutants», non ils ne sont pas des
digital natives* ! Ils sont des individus
en construction, qui ont des pratiques
à la fois extrêmement riches en matière
d’information et de communication, mais
aussi des connaissances partielles.
Ne soyons pas aveuglés par ces discours
répandus qui, comme des écrans de
fumée, cachent la réalité des expertises
et des pratiques de ces jeunes ! Et ne
restons pas sourds à l’appel de Morgan,
16 ans: «J’ai envie de dire, de crier
même: On a besoin de vous ! Parce
qu’on peut pas tout savoir, nous, et
on a besoin de s’affirmer et d’avoir les
moyens de le faire. Alors, oui, je le répète
[…]: on a besoin de vous !»
Idée reçue n° 4
«Le rôle des parents d’adolescents:
négligeable !»
Par Sophie Jehel, maîtresse de conférences
en information-communication, université
Vincennes-Saint-Denis-Paris 8, Cemti
Certaines publicités, voire des
campagnes de prévention, présentent
parfois les parents d’adolescents comme
inconscients, et même irresponsables.
Pourtant, le rôle des parents dans le
comportement des adolescents est
Apprendre à vos enfants à s'informer 15
crucial, comme le montrent les enquêtes
8
sur leurs pratiques médiatiques.
Les parents jouent un rôle
de médiation auprès de leurs enfants
Les parents exercent un rôle de
médiation, dès la petite enfance, en
déterminant l’âge de l’accès à Internet et
aux écrans (télévision, console, tablette,
téléphone et plus encore smartphone),
et en imposant des restrictions sur
les horaires de connexion, le temps
réservé au travail scolaire, l’heure du
coucher, les contenus, l’utilisation de
logiciels de filtrage, l’attention portée
aux signalétiques. Il s’agit là en effet
de pratiques très répandues chez les
parents.
J’ai pu montrer
9
que les médiations
parentales étaient déterminantes dans
la construction de la culture médiatique
à la préadolescence, et en particulier
vis-à-vis de la place qu’y occupent
les programmes violents, même si la
plupart du temps, les préadolescents
se trouvent seuls devant les films et
plus encore devant les jeux vidéo. Avec
mes enquêtes récentes auprès des
adolescents, je vois que cette influence
perdure au-delà de la préadolescence.
Les précautions prises par les parents
durant l’enfance créent les conditions
d’une capacité plus grande à la
réflexivité à l’adolescence.
8. F. Nabli, L. Ricroch, «Plus souvent seul devant son
écran», Insee première, n° 1437, 12 mars 2013.
Enquête sur les «Conditions de vie et les aspirations»,
Crédoc, juin 2012.
«Perception croisée enfants/parents face à l’usage
d’Internet», Ifop, janvier 2013.
9. S. Jehel, Parents ou médias, qui éduque les
préadolescents ?, Toulouse, Éditions Érès, 2011.
Une médiation qui diffère
selon les milieux
Mais le rôle des parents est marqué
par des différences sociales. Dans
tous les milieux, sauf situation de
grande précarité, les parents veillent
à construire des modalités de filtrage
et une médiation autour des écrans.
Mais les enfants et les adolescents sont
aussi influencés par les goûts de leurs
parents. Certains parents sont fans de
films d’horreur ou de jeux d’action et
partagent parfois très tôt ces goûts
avec leurs enfants, alors que d’autres
favoriseront davantage des programmes
plus exigeants ou des pratiques
manuelles ou culturelles impliquant les
enfants eux-mêmes. Ces différences sont
principalement culturelles.
De plus, les parents n’ont pas tous
la même familiarité avec les espaces
numériques. Les parents les moins
informés sont aussi ceux qui vont
renvoyer davantage les adolescents à
leur responsabilité sans pour autant leur
donner de conseils précis.
Cela dit, dans tous les milieux sociaux,
les parents sont aujourd’hui confrontés
à des inquiétudes particulièrement
vives sur ce que leurs adolescents font
réellement sur Internet. Il importe de
les aider à maintenir le dialogue et la
confiance dans leurs enfants, basée sur
l’accès à une information claire.
16 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Comment «muscler»
l’esprit critique
de vos enfants
ou comment réagir face
aux théories du complot
Par Benjamin Berut, docteur en sciences politiques, chargé de cours
à Sciences-Po Paris et à l’université Paris 2-Panthéon-Assas
Si votre enfant revient un jour en
affirmant que l’ensemble des
événements de l’actualité sont en réalité
organisés par les Illuminati
10
, en
collaboration avec la CIA, ou encore s’il
vous interroge sur une vidéo où Barack
Obama est décrit comme un reptilien
tout comme la reine d’Angleterre
gardez votre sang-froid ! Voici quelques
conseils.
Le respect d’abord
Tout d’abord, il est important de ne pas
apparaître méprisant vis-à-vis du propos
de votre enfant car son intérêt, voire son
adhésion, correspond à une démarche
de recherche, certes «maladroite»,
mais respectable: il ne faut pas rejeter
celle-ci. Voilà pourquoi la première
question à lui poser est celle de la
10. Littéralement «les Illuminés». Désignent plusieurs
mouvements qui ont existé ou non: des Alumbrados de
Castille (religieux espagnols du xvi
e
siècle) aux Illuminés
de Bavière au xvii
e
siècle, proches de la philosophie des
Lumières, en passant par les Illuministes du xviii
e
siècle
en lien avec la Maçonnerie. Selon la théorie du complot,
ils regrouperaient les «élites» au gouvernement dans le
monde entier et visant la maîtrise du monde.
source: où l’enfant a-t-il vu ou entendu
l’information ? Pour pouvoir ensuite en
discuter avec lui.
Faire acte d’autorité serait
contre-productif
Pour parler avec votre enfant d’une
théorie conspirationniste, il ne sert à rien
de se positionner comme quelqu’un qui
détient la vérité. En effet, ce qui fait l’une
des légitimités des théories du complot
est de se présenter comme antiautorité,
antidiscours commun.
Il faut aussi éviter de se lancer dans
une opposition pied à pied avec les
«arguments» conspirationnistes. Vu
leur nombre, la vitesse à laquelle ils sont
créés et diffusés, il est tout simplement
inutile d’essayer de les contredire un à
un. Les études montrent en effet que
l’on adhère d’autant plus facilement à
une théorie du complot qu’à d’autres.
Celui qui sera donc le plus engagé dans
les théories conspirationnistes sera celui
qui a le plus d’arguments à opposer. Une
seule solution: démonter la mécanique à
l’œuvre.
Apprendre à vos enfants à s'informer 17
Il faut aussi apprendre à différencier
mésinformation et désinformation: la
première consiste en une information
de mauvaise qualité ou imprécise, alors
que la seconde est une information
émise délibérément dans la volonté de
manipuler et de nuire.
Le plus important est donc de
comprendre avec votre enfant
les mécaniques des discours
conspirationnistes, en montrant
comment, sous l’angle de la critique, ils
ne font que coller la même interprétation
sur tous les événements, sans tenir
compte des faits.
Le point sur
le conspirationnisme
Selon Rudy Reichstadt, animateur
du site «Conspiracy Watch», le
conspirationnisme désigne une
«tendance à attribuer abusivement
l’origine d’un événement choquant et/
ou dramatique (catastrophe naturelle,
accident industriel, crise économique,
mort d’une personnalité, attentat,
volution…) à un inavouable complot
dont les auteurs – ou ceux à qui il
est réputé profiter – conspireraient,
dans leur intérêt, pour tenir cachée la
vérité
11
». Par exemple, au xvi i
e
siècle, les
Illuminati seraient responsables de tous
les grands événements internationaux
à leur bénéfice depuis la Révolution
française.
Distinguer les faits
et les interprétations
Le récit conspirationniste n’accorde
aucune importance aux preuves. Il
abandonne toute distance critique et ne
fait que répéter la même interprétation,
11. R. Reichstadt, « Conspirationnisme : un état des
lieux», note n° 11, Fondation Jean Jaurès-Observatoire
des radicalités politiques, 24 février 2015. En ligne: jean-
jaures.org/sites/default/files/note-radic-pop-ndeg11.pdf
quels que soient les faits. Plutôt que
d’être légitime par les preuves, le
récit conspirationniste est attrayant
parce qu’il se présente comme un récit
alternatif, qui prétend dévoiler la vérité
par rapport à une interprétation qui est
toujours présentée comme «l’officielle».
Un phénomène
vieux comme le monde
Déjà au Moyen Âge, des minorités
comme les lépreux étaient accusées
d’organiser toutes sortes de complots.
À partir de la Révolution française,
ces théories se renforcent avec des
interprétations qui font des Illuminati les
véritables responsables de la chute de la
monarchie. Puis, avec l’arrivée d’Internet
et la facilité de publier et de partager,
le conspirationnisme s’intensifie, se fait
de plus en plus présent dans l’espace
public et peut toucher de plus en plus
de monde, souvent avant même que
la presse ait réellement commencé à
traiter les événements, comme avec les
attentats contre Charlie Hebdo en janvier
2015.
La rhétorique
conspirationniste
L’interprétation avant les faits :
l’exemple du false flag
12
Un récit conspirationniste ne prend pas
le temps de comprendre les faits, c’est
son interprétation qui prime. Dès que
la dépêche de presse arrive, la même
explication survient: cet événement
ferait forcément partie d’une guerre
d’information et serait l’œuvre des
gouvernants du pays visé et aurait pour
but de manipuler l’opinion.
12.  Information fausse.
18 Guide pratique de la famille Tout-Écran
En novembre 2015, alors que l’attaque
du Bataclan est à peine annoncée par
la presse, certains y voient déjà une
manipulation de l’opinion.
Il est très important de distinguer
les faits et les interprétations. Pour
l’historien Jérôme Grondeux, il faut
«savoir distinguer entre le fait et
l’interprétation, entre ce qui relève des
faits établis, des faits prouvés et ce qui
relève de la manière dont on explique les
faits
13
».
Ne pas confondre doute et preuve:
le mille-feuille argumentatif
Une théorie du complot ne convainc
pas via un argument vérifiable, mais
avec une accumulation d’arguments qui
incitent à douter, même si l’on n’est pas
entièrement convaincu.
Ainsi, vidéos, infos, «preuves» sur
l’existence des Illuminati se multiplient
sans jamais proposer une seule véritable
preuve de leur existence, mais la
quantité et le mysticisme de ces discours
laissent l’impression qu’il reste quelque
chose à creuser.
Ne pas se laisser impressionner
par la quantité: le copier-coller
de fausses informations
Le conspirationnisme s’appuie sur
l’impression que la même information
est partagée par de nombreux médias
différents, que toute une sphère
d’information existe en dehors des
journalistes traditionnels. Mais en
creusant un peu, on se rend vite compte
que ces sites ne font que se copier-coller
les uns les autres et que bien souvent les
auteurs font partie du même réseau...
13. Voir vidéo en ligne de Jérôme Grondeux sur l‘esprit
critique : eduscol.education.fr/cid110519/l-esprit-critique-
jerome-grondeux-inspecteur-general-histoire-et-
geographie.html#lien5
Montrer que corrélation
n’est pas causalité
Le fait que deux événements se
déroulent en même temps n’est pas
forcément le signe que l’un est la cause
de l’autre. Bien souvent les théories du
complot font des liens de cause à effet
entre deux événements qui ne sont en
réalité pas liés, et cela au nom du «il n’y
a pas de hasard».
Mélanger corrélation et causalité revient
par exemple à dire que les hôpitaux sont
des lieux très dangereux puisque l’on a
dix fois plus de chance de mourir dans
un lit d’hôpital que dans son lit.
Pas de preuve, n’est pas une preuve…
Puisqu’une théorie conspirationniste
ne fait qu’accumuler des doutes, elle
en vient souvent à demander à ceux
qui défendent un autre point de vue
d’apporter la preuve que ce n’est pas un
complot. Il arrive même que le discours
conspirationniste fasse de l’absence de
preuve concrète du complot la preuve
ultime que le complot existe. En effet,
puisque le complot a été mis en place
par le pouvoir, il est normal que ce
dernier ait dissimulé les preuves de la
conspiration…
Bien sûr nous n’avons pas d’images
des reptiliens, pour la bonne et simple
raison qu’ils sont au pouvoir et qu’ils les
cachent, ces images !
Apprendre à vos enfants à s'informer 19
Dénoncer le biais de confirmation
Alors que les théories conspirationnistes
prétendent être des approches critiques
de l’information, y adhérer est souvent
marqué par un «biais de confirmation».
C’est-à-dire que parce que l’on croit à
une théorie du complot, on ne remet
en cause aucun argument qui prétend
l’étayer. De ce point de vue, il y a une
suspension de l’esprit critique puisque
tout ce qui vient renforcer la théorie du
complot est accepté sans distance, alors
que tout ce qui va à l’encontre de cette
théorie est tenu pour de la naïveté ou de
la manipulation.
Lors des dernières élections
présidentielles américaines, les partisans
de Donald Trump étaient prêts à croire
toutes sortes de rumeurs sur Hillary
Clinton… même si celles-ci étaient
parfois des énormités créées pour se
moquer d’eux.
En pratique ! Revenir aux sources de l’info.
Un cas concret décrypté par le CLEMI, p. 80.
20 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE CONSEIL
DE FRANCETV ÉDUCATION
Regardez avec vos ados la série
«Les clés des médias», qui permet
de comprendre en 2 minutes, de façon
humoristique, comment se fabrique
l’information afin de développer l’esprit
critique de toute la famille !
education.francetv.fr/tag/
les-cles-des-medias
LE COUP DE POUCE DU CLEMI
Vous rêvez de découvrir les coulisses de
la presse, rencontrer des professionnels
et participer à l’élaboration d’un journal ?
Devenez apprenti journaliste avec le
webdocumentaire «À la une» et vivez
une expérience immersive, ludique et
pédagogique !
reseau-canope.fr/a-la-une/#accueil
DÉCOUVRIR YOUTUBE
AVEC VOS ADOS
Le temps moyen passé sur Internet
par un adolescent est de 14 heures
10 minutes par semaine
14
. Si YouTube
regorge de vidéos insolites et
humoristiques, c’est aussi devenu un
moyen de s’informer, avec un ton et
des formats qui cartonnent auprès
des jeunes. Pour joindre le ludique au
pédagogique, nous avons sélectionné
des chaînes YouTube à découvrir
et à partager avec vos ados autour
de centres d’intérêt diversifiés. Du
décryptage de l’actualité à la littérature,
de l’histoire à la science, du cinéma à la
philosophie, il y en a pour tous les goûts !
14.  Étude Ipsos, «Junior connect’ 2016».
Actualités
«Hugo Décrypte»: la chaîne de
l’étudiant en sciences politiques Hugo
Travers qui décrypte l’actualité en
5 minutes.
«Data Gueule»: le décodage de
l’actualité en vidéo d’animation.
Philosophie
Cyrus North,dans son émission
«Le coup de Phil’», dissèque avec
humour les écrits de philosophes
célèbres.
Langues
Sur la chaîne «Damon and Jo»,
deux jeunes globe-trotters s’expriment
en anglais, français, portugais et
espagnol,et livrent conseils, minicours
de langues et anecdotes de voyage !
Sciences
La chaîne de Léo Grasset, «Dirty
Biology», s’intéresse à la vulgarisation
scientifique.
David Louapre, sur sa chaîne «Science
étonnante», raconte la science de façon
amusante et passionnante.
La chaîne «e-Penser» nousrépond:
pourquoi bâiller, c’est contagieux ?
Qu’est-ce qu’un trou noir ? Comment
se forment les arcs-en-ciel ? Aristote
a-t-il eu raison au moins une fois de son
vivant ? Pourquoi les feux rouges sont
rouges ?
Apprendre à vos enfants à s'informer 21
Cinéma
La chaîne de Fabien Campaner,
l’émission «On va faire cours»,décrypte
les clichés de l’histoire du cinéma.
Littérature
«Miss Book» est une chaîne de
divertissement littéraire.
«Le Mock» est une émission de critique
et de vulgarisation de la littérature
classique française.
Histoire
Manon Bril, sur sa chaîne «C’est une
autre histoire», sait parler d’histoire
autrement, c’est drôle et pétillant !
Pour les enfants
YouTube propose une application
spécifique: kids.youtube.com
22 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Le Décodex,
guide pour savoir
à qui faire confiance
sur Internet
Par Samuel Laurent, journaliste, «Les Décodeurs», journal Le Monde
Lorsqu’on s’informe via Facebook,
Twitter ou même en utilisant Google
News, il est parfois difficile de savoir
si ce qu’on lit est fiable ou s’il s’agit
d’informations mensongères,
trompeuses ou manipulatrices. Les sites
sont très nombreux, leur forme est
souvent proche, avec une photo, un titre,
des rubriques… Mais sont-ils fiables ?
Aux États-Unis ou en Grande-Bretagne,
durant les dernières campagnes
électorales, on a vu déferler des sites
diffusant ainsi des informations
partiellement voire totalement fausses,
dont certaines ont été très partagées sur
les réseaux sociaux*, souvent bien plus
que les articles qui démentaient ces
mensonges. En France également, des
groupes divers
15
pratiquent cette
stratégie de dissémination de fausses
informations ou de galaxie de sites aux
apparences normales, mais en réalité
orientés.
15. Le site IVG.net, longtemps en tête des résultats
Google lorsqu’on cherchait «avortement» ou «IVG»,
a tout l’air d’un site officiel d’information. Or, il est
en réalité tenu par des militants antiavortement, qui
trompent les femmes qui se tournent vers ce site.
Le Décodex
16
, un index
de sites non fiables
Comment savoir à qui faire confiance ?
Pour tenter de répondre à cette
question, «Les Décodeurs», une
rubrique du journal Le Monde, ont lancé,
début février, un outil pour vous aider à
naviguer. Baptisé le «Décodex», il s’agit
d’une base de données dans laquelle
nous avons répertorié plus de 600 sites,
dont certains diffusent des informations
fausses, trompeuses ou très orientées.
Pour chaque site, une courte notice
explique ce qu’il est− qui sont ses
responsables, quel courant ou tendance
il représente le cas échéant −, et renvoie
à une fiche plus complète sur notre site.
Nous avons classé les sites selon un
système de couleurs: en gris, les sites
collectifs (forums, wikis*, etc.) et donc
difficiles à classer, car tout dépend
de l’auteur de chaque article qu’on y
trouve. En bleu, les sites parodiques,
satiriques, qui ne sont pas à prendre
au sérieux, mais abusent parfois des
internautes. En rouge, les sites les moins
fiables, conspirationnistes, diffusant des
inventions et des mensonges purs. En
orange, les sites peu fiables, très orientés
16. lemonde.fr/verification
Apprendre à vos enfants à s'informer 23
ou offrant une vision extrêmement
partiale et incomplète des faits.
Trois supports
et une action pédagogique
Notre outil se décline en troissupports :
ñ un moteur de recherche accessible sur
notre site et notre application, dans
lequel il suffit de chercher ou de coller
l’adresse d’un site;
ñ une extension pour les navigateurs
Chrome et Firefox, qu’il suffit d’installer
pour avoir ensuite des avertissements
à mesure que l’on navigue sur le Web;
ñ un «bot», un système de réponse
automatique dans Messenger,
l’application de messagerie instantanée
(tchat*) de Facebook, auquel on peut
poser des questions sur des sites.
Cet outil s’accompagne d’une série
d’articles, de vidéos et de tutoriels
pour savoir ce qu’est une source, une
information, comment vérifier une image,
comment détecter un site complotiste,
etc. Nous concevons également un
kit pédagogique à destination des
enseignants, déclinant ces contenus.
Quelques conseils pour ne pas
«se faire avoir»
ñ Le site est-il connu ? Indique-t-il
quelque part qui sont ses responsables
légaux, quelle est son équipe ? Si ce
n’est pas le cas, ce n’est pas un vrai
organe de presse.
ñ S’agit-il d’information ou d’opinion ?
Un avis, un coup de gueule peuvent
comporter des informations, mais il
vaut mieux alors les recouper.
ñ Larticle cite-t-il ses sources ? Sont-
elles identifiées ? Y en a-t-il plusieurs ?
Un article reposant sur une seule
source, ou citant un autre site, ne peut
suffire, il faut remonter à l’origine de
l’information.
ñ Peut-on retrouver cette information
sur un autre site plus connu ? La
version est-elle proche ou différente ?
Il y a peu de chances qu’un blog*
inconnu soit seul détenteur d’une
information qui vous semble d’une
ampleur énorme.
ñ Ne jamais croire une vidéo ou une
image seule et sans contexte: il est
extrêmement simple de détourner,
recadrer, réutiliser dans un autre cadre
un média image ou vidéo.
ñ La date est importante: nombre de
sites rejouent et font remonter des
faits divers et informations anciennes.
Cet événement s’est-il bien déroulé
récemment ou s’agit-il d’un cas plus
vieux ?
ñ Vérifier une image: le plus simple
est d’utiliser la fonction de recherche
inversée de Google, qui permet de
savoir si l’image existe dans d’autres
contextes.
LE CONSEIL
DE FRANCETV ÉDUCATION
Faites découvrir à vos adolescents le
jeu sérieux (serious game*) «Chasseur
d’info», produit par France Télévisions.
et partez à la chasse d’une source
d’information. Passez de blogueur* à
rédacteur en chef d’un des plus grands
sites web d’information !
education.francetv.fr/matiere/
education-aux-medias/cinquieme/jeu/
chasseurs-d-infos-devenez-le-redacteur-
en-chef-de-demain
24 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE COUP DE POUCE DU CLEMI
Ouvrir un compte familial
sur Twitter pour suivre l’actualité
des fact-checkeurs
Le fact-checking est une pratique
journalistique consistant à vérifier
l’exactitude des informations diffusées
par des personnalités publiques sur les
réseaux sociaux, le Web et les médias.
Dans les rédactions, une équipe de fact-
checkeurs trie le vrai du faux dans le flux
de l’info. On les retrouve notamment sur
le réseau social Twitter.
Pour suivre ces fact-checkeurs, n’hésitez
pas à créer un compte Twitter auquel
les différents membres de la famille
pourront avoir accès (sous condition
d’accompagnement, selon l’âge des
enfants).
Abonnez-vous à des comptes de fact-
checking tels que @decodeurs (Le
Monde), @LibeDesintox (Libération),
@AKrempf (le compte d’Antoine Krempf,
«Le vrai du faux», France Info).
Pour aller plus loin, vous pouvez aussi
suivre les informations diffusées par des
analystes des médias, comme
@asi_all («Arrêt sur images») ou des
chasseurs de fausses informations
comme @HoaxBuster (Hoaxbuster).
Pas encore familier de Twitter               ?
Quelques séances de TwittMooc*
devraient vous mettre le pied à l’étrier:
2vanssay.fr/twittmooc
Pour en savoir plus sur
le fact-checking:
R. Constant, «Le fast-checking : une
tendance qui se vérifie», Atelier des
médias, 15 novembre 2013 :
atelier.rfi.fr/profiles/blogs/le-fact-
checking-tendance-qui-se-verifie
Mais au fait, c’est quoi
l’esprit critique ?
Découvrez les pages «Développer
l’esprit critique» sur le site de Réseau
Canopé qui proposent de nombreux
conseils et ressources !
reseau-canope.fr/developper-lesprit-
critique.html
26 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Les enfants,
cibles privilégiées
des publicitaires
Par François Saltiel, journaliste Arte pour «28 minutes»
Nous sommes quotidiennement exposés
à un déluge de messages publicitaires.
La plupart proviennent de nos écrans et
nos enfants sont une cible de choix pour
le marketing. Petits conseils et réflexions
pour mieux les débusquer.
«Les publicitaires
exploitent la crédulité
de nos enfants»
En langage publicitaire, nos chers
enfants s’appellent des «prescripteurs».
Autrement dit, une force de la nature
qui nous encourage à dépenser plus,
mais pas forcément mieux. Tout parent
dans un supermarché a en mémoire le
«caprice de la caisse» ou le «scandale
du rayon jouets». Des cris, des pleurs
et des larmes qui sèchent grâce à
notre carte de crédit dégainée avant
l’épuisement. Si nos bambins s’acharnent
autant à vouloir nous faire dépenser,
c’est qu’ils sont quotidiennement
bombardés de ce qui se fait de mieux
au royaume de la consommationgrâce à
la… publicité. Mais encore faut-il qu’ils la
considèrent comme telle !
Pour le pédopsychiatre Serge Tisseron,
avant 6-7 ans, un enfant ne ferait pas
de différence entre des messages de
fictions, d’informations ou publicitaires
17
.
Ces images se mélangent dans son
esprit. Une confusion des genres
savamment entretenue par les
publicitaires, qui adaptent les spots
aux codes des programmes jeunesse,
reprenant par exemple les personnages
de fictions (lapins crétins, Barbie…) ou la
forme même du dessin animé.
«Les publicitaires exploitent la crédulité
de nos enfants
18
», clame le sénateur
André Gattolin à l’initiative de laloi de
«suppression de la publicité dans les
programmes jeunesse de la télévision
publique», promulguée en décembre
2016
19
. Cette loi entrera en vigueur en
janvier 2018 et interdira les publicités
pendant les programmes jeunesse, mais
uniquement sur les chaînes du service
public. Ce qui induit que votre enfant
n’est pas encore à l’abri de l’exposition
publicitaire sur le service public et ne
le sera pas plus en 2018 sur les chaînes
commerciales comme TF1, M6 ou Gulli.
17. Voir S. Tisseron, « Les effets de la télévision sur les
jeunes enfants : prévention de la violence par le “Jeu des
trois figures” », Devenir, n° 22, 2010, p. 73-93 ; en ligne:
cairn.info/revue-devenir-2010-1-page-73.htm. Voir aussi
Y. Calvi, É. Nguyen, « La publicité, quelles répercussions
pour les enfants ? », RTL, 23 octobre 2015 ; article et
vidéo en ligne : rtl.fr/actu/societe-faits-divers/la-publicite-
quelles-repercussions-pour-les-enfants-7780218690
18. Entretien téléphonique du 2 février 2017.
19. Texte de loi disponible en ligne: senat.fr/leg/tas16-
034.pdf
Apprendre à vos enfants à s'informer 27
Selon une étude menée par l’Insee, les
enfants issus de familles monoparentales
passent 35 % de leur temps devant
la télévision, seuls face à l’écran. Un
phénomène qui progresse dans le temps
avec la multiplication des écrans dans
les foyers et qui parfois nous arrange
bien (reconnaissons-le), mais ne permet
pas l’accompagnement nécessaire pour
apprendre à distinguer la communication
de la fiction
20
.
La technique du placement
de produit en progression
Quant aux marques qui ne se sentent
plus en odeur de sainteté sur les écrans
télévisuels, elles ont tendance à se
reporter sur le placement de produit.
Une technique qui a d’ailleurs été élargie
par le CSA au sein des séries, des
fictions télévisuelles et des vidéoclips
21
.
Elle consiste en une présence discrète
mais significative des marques qui
se fondent dans le récit narratif. Les
produits s’infiltrent pour mieux flirter
avec nos émotions et toucher nos
esprits. Une fois encore, les enfants sont
une cible de prédilection. À nous de
débusquer ces placements qui sont le
fruit d’accords commerciaux entre une
marque et une production, pour leur
expliquer que ce Petit Luou ce Banania
ne sont pas placés là par hasard.
Pour conclure, il faut bien prendre
conscience que nos enfants sont des
cibles, et que même si la loi les préserve
un peu, c’est surtout à nous, parents,
de les informer davantage. Voilà une
consigne qu’il conviendrait de ne pas
zapper !
20. F. Nabli, L. Ricroch, op. cit.
21. Texte de loi en ligne : legifrance.gouv.fr/affichTexte.
do?cidTexte=JORFTEXT000026264318&categorieLien=id
Une signalétique avec le sigle « P » indique la présence de
placement de produit.
LE COUP DE POUCE DU CLEMI
Jouez à la chasse
aux placements de produits !
Faites la chasse aux placements de
produits: un jeu pour éduquer le
regard de vos enfants. Après un peu de
pratique, ils seront très performants et
ne regarderont plus la présence de ces
marques aussi innocemment.
En pratique ! Info ou publicité ?
Un cas concret décrypté par le CLEMI, p. 82.
28 Guide pratique de la famille Tout-Écran
#2
Conseiller vos enfants sur l’usage des réseaux sociaux 29
Conseiller
vos enfants
sur l’usage
des réseaux
sociaux
Les réseaux sociaux offrent des possibilités
d’échanges extraordinaires mais présentent aussi
des dangers réels.
Comment réfléchir aux usages et s’en servir pour
inventer une autre façon de dialoguer avec
nos enfants ? Éléments de réponses.
#2
30 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LETTRE OUVERTE
Hackons nos enfants
ou l’art de la bidouille
en famille !
Lettre ouverte aux parents
Par Laurence Bee, journaliste, auteur et blogueuse de Parents 3.0
Vous vous posez beaucoup de questions
autour du numérique, et c’est bien
normal: contrairement à vos enfants,
vous avez grandi dans un monde non
connecté. Il y a 10 ans, quand votre ado
portait encore des couches, Facebook
comptait à peine 100 millions
d’utilisateurs... contre près d’1,8 milliard
aujourd’hui.
Nota bene: Ne vous fiez pas aux
apparences; le verbe «hacker*» n’est
pas employé ici dans son sens
traditionnel informatique, c’est-à-dire
«entrer par effraction», «pirater». Il ne
s’agit pas d’espionner ses enfants mais
de «bidouiller» avec eux et d’innover
par le détournement.
Éduquer à l'heure d'Internet et des
réseaux sociaux*, la tâche peut nous
sembler immense, à la hauteur de la
pression que médias et institutions
font peser sur nos épaules pourtant
déjà larges. Sans parler de nos enfants.
«Nan, laisse-moi faire !» est leur credo
dès que vous approchez de près ou de
loin un écran. Et vous avez tendance,
en votre for intérieur, à en éprouver un
mélange de soulagement («Ouf, ça de
moins à faire») et de culpabilité («Mais
quand même, c’est moi qui devrais
lui apprendre»). Alors plutôt que de
maugréer dans votre coin, de soupirer
en maudissant (au mieux) ou en ignorant
(au pire) ce que font vos enfants en
ligne, je vous propose de hacker vos
propres enfants. En toute simplicité.
Une opportunité
pour faire du lien
De quoi s’agit-il ? De les hacker non pas
au sens souvent utilisé de «pirater»,
mais dans le sens initial de «bidouiller,
détourner». La «bidouillabilité» (ne
riez pas), de l’anglais hackability,
est, d’après Wikipédia, «la capacité
pour quelque chose (système, objet
technique, outil, etc.) à être détourné de
sa vocation initiale pour de nouveaux
usages». Hackons donc gaiement nos
enfants, et explorons leur appétence
pour les univers connectés. Plutôt
que de nous en offusquer et d’y voir
matière à conflit, exploitons leur goût
pour le collaboratif et les réseaux, et
créons de nouveaux liens familiaux.
C’est du «win-win» (gagnant-gagnant)
en barre. Premièrement, le parent ne
se pose plus comme un censeur, mais
comme un accompagnateur. Rappelons
qu’accompagner, au sens étymologique
du terme, veut dire «manger le pain
Conseiller vos enfants sur l’usage des réseaux sociaux 31
avec»: mangeons donc des écrans avec
nos petits ogres, et (re)trouvons le goût
des saveurs numériques. Valorisons nos
kids dans leurs «acquis écrans».
Et si Internet favorisait
la créativité
dans nos échanges ?
Deuxièmement, en agissant ainsi, le
parent en profite également pour faire
une mise à niveau et se positionner
sur le territoire des réseaux sociaux et
des usages numériques. La génération
spontanée des écrans n’existe pas:
elle s’organise à force d’échanges
et de collaborations plus ou moins
conscientes, plus ou moins construites.
Apportons notre vision parentale et nos
besoins en tant que chefs de famille: il y
a sûrement matière à tirer bénéfice des
«acquis écrans» pour l’ensemble de la
famille.
Ainsi, par exemple, demandez à vos
générations Z* de mettre leurs réseaux
à contribution pour trouver des recettes
de pâtes originales pour la semaine,
proposez-leur de dénicher des nouvelles
idées de déco sur Pinterest, chargez-les
d’organiser une synthèse des meilleurs
forfaits internet en vue de trouver le plus
adapté, mettez-les au défi de faire les
courses en ligne pour toute la famille,
demandez-leur de repérer des tutoriels
YouTube pour ranger leur chambre
de façon optimale… Bref, vous voyez
l’esprit ?
Hackons ensemble
Pour résumer: hackez vos enfants
pour ne plus faire du temps écrans
un temps de conflit mais un temps
de complicité, via un cheminement
en commun. En bidouillant ainsi les
rapports familiaux, en agissant sur la
notion d’hyperliens, au propre comme
au figuré, vous ferez clic compte triple:
vous transformerez effectivement le
temps écrans en un temps complice et
non plus en un temps de conflit, vous
défricherez intelligemment ces terrains
vagues que peuvent encore être les
médias sociaux et les open data*, et
vous reprendrez votre rôle d’éducateur
en devenant un accompagnateur de
première classe. Surtout, vous montrerez
à vos enfants, qui baignent dans le
Web social, que vous avez saisi le sens
du mot «interaction». Réinventons
nos usages, et pour mieux respecter
l’esprit du hacking, hackons ensemble,
et échangeons entre parents nos bons
trucs pour créer du lien numérique en
famille. Chiche ?
32 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Bien conseiller
son ado sur les
réseaux sociaux
Par Nadya Benyounes, gestionnaire des réseaux sociaux, Réseau
Canopé, et Choukri Kouas, directeur de la communication, CLEMI
Votre ado est sur le point de se lancer sur les réseaux* et vous souhaitez lui prodiguer quelques
conseils ? Si vous n’êtes pas à la pointe des médias sociaux, écoutez les astuces et les mises en
garde de Myriam et Erwan, les parents de la famille Tout-Écran. 
LE PLUS!
«Avec Facebook, tu peux dire
beaucoup en texte, en images
ou faire des vidéos live. Tu
peux échanger avec ton cercle
d’amis ou avec tout le monde,
en fonction de tes paramètres
de confidentialité. Tu peux
t’exprimer, partager ton avis
et des infos après les avoir
vérifiées.»
LE PLUS!
«Sur Twitter, tu ne peux écrire
des messages (tweets) qu’en
140 caractères, alors mieux
vaut être clair et précis ! Tu
peux partager de courtes
vidéos avec l’application
Périscope qui peuvent circuler
très vite. Tu utilises des «#»
(hashtag) pour faciliter tes
recherches de contenus et
d’infos. Tu peux être visible de
partout et échanger, dialoguer
avec le monde entier.»
ATTENTION!
«Choisis bien tes amis et
distingue bien ceux que tu
connais en vrai de ceux que
tu ne connais pas réellement.
Les actualités qui s’affichent
dans ton “fil d'actualité”
correspondent à tes centres
d’intérêt. Pense à aller chercher
et lire des infos ailleurs pour
garder ton esprit ouvert !»
ATTENTION!
«Même un tweet supprimé
peut laisser des traces et
être diffusé (via une capture
d’écran). Tout le monde
peut réagir à ton tweet, le
commenter et le retweeter. Si
tu partages un article, pense à
mentionner le compte twitter
de l’auteur ou la source de ce
que tu cites dans ton tweet.»
FACEBOOK
TWITTER
Conseiller vos enfants sur l’usage des réseaux sociaux 33
LE PLUS!
«Snapchat te permet de
partager des vidéos et des
photos avec un ou plusieurs
contacts et discuter par
messagerie instantanée. Tu
peux ajouter à tes images
du texte, des dessins ou
des filtres rigolos. Tes snaps
«s’autodétruisent» au bout de
10 secondes maximum après
lecture et une relecture.»
LE PLUS!
« Tu peux créer, retoucher et
diffuser tes propres vidéos. Tu
peux créer ta propre chaîne
TV et des playlists selon tes
centres d’intérêt. Si tu as un
compte YouTube, alors tu peux
donner ton avis (commenter,
noter, liker, unliker…). C’est
aussi possible de voir ou revoir
des vidéos d’info que tu aurais
manquées. »
LE PLUS!
«Tu peux créer des albums
photos et des vidéos courtes
en ligne, classés par thèmes et
les garder dans une galerie. Tu
peux suivre tes amis et aussi
des personnalités en fonction
de tes centres d’intérêt. Tu
peux partager photos, vidéos
via ton smartphone en reliant
ton Instagram à d’autres
réseaux (Facebook, Twitter...),
regarder et « aimer » celles des
autres. Tu peux aussi retoucher
les images et utiliser des
filtres.»
ATTENTION!
«Tes photos ne s’effacent pas
vraiment (captures d’écran
possibles, même si tu es
prévenu quand cela arrive).
Pense à respecter l’accord de
la personne dont tu souhaites
partager la photo ou la vidéo,
choisis bien qui peut voir tes
photos/vidéos dans une story
(“histoire”, série de photos et
de vidéos accessibles durant
24 heures).»
ATTENTION!
«Pour filtrer les vidéos
indésirables, demande
à tes parents de régler
les paramètres (support.
google.com/youtube/
answer/2802272). Tu peux
effacer une vidéo que tu as
postée et que tu regrettes,
signaler une vidéo que tu
trouves choquante ou encore
supprimer les commentaires sur
ta chaîne avant qu'ils ne soient
postés ou après.»
ATTENTION!
«Pense à rendre privées ou
à limiter l’accès à tes photos
et vidéos si tu ne souhaites
pas qu’elles soient vues par
n’importe qui. Si une personne
te dérange, tu peux la bloquer
pour qu’elle ne te montre pas
des images que tu ne veux
pas voir. Ce que tu partages,
c’est ton image ! Tu en es
responsable. N’hésite pas à
supprimer les photos et vidéos
qui ne donnent pas une bonne
image de toi ou de tes amis.»
SNAPCHAT
YOUTUBE
INSTAGRAM
34 Guide pratique de la famille Tout-Écran
La charte de confiance
de la famille Tout-Écran:
10 règles d’or à partager
avec ses enfants
01
Je réfléchis à mon utilisation des réseaux sociaux: combien de temps
j’y passe, à quels moments et dans quels lieux.
02
Je vérifie si ce que je lis n’est pas une fausse info, si c’est de la
publicité et si c’est vraiment gratuit. Et si c’est gratuit, cest que c’est
peut-être moi le produit ? (voir p. 27)
03
Je fais attention auprès de qui je diffuse mes photos, vidéos, infos
ou avec qui je dialogue en webcam ou tchat (qui sont mes «vrais
amis» ?).
04
Je fais attention à ce que j’écris, je dis, je montre ou je partage pour
ne choquer personne et respecter tout le monde comme dans ma vie
de tous les jours.
05
Je demande son autorisation à la personne dont je partage les photos.
Je me renseigne sur ce que j’ai le droit et n’ai pas le droit de faire sur les
réseaux sociaux.
06
Je ne prends pas rendez-vous avec des inconnus et je préviens mes
parents si un inconnu veut me parler, me voir ou s'il m’envoie des
images choquantes.
07
Je n’ouvre pas les messages ou fichiers provenant d'inconnus, je ne
clique pas sur des liens que je ne connais pas (attention aux virus 
et aux messages qui vont récupérer mes infos personnelles !).
08
En cas de problème ou de questions, j’évite les conflits et je contacte
mes parents ou un adulte de confiance que je connais. Discuter avec sa
famille et ses vrais amis, c’est toujours la meilleure solution.
09
J’utilise un pseudonyme pour protéger ma vie privée.
10
Je choisis un mot de passe un peu compliqué, je le garde secret
et je le change de temps en temps. Je vérifie souvent mes paramètres
de confidentialité et de sécurité.
Conseiller vos enfants sur l’usage des réseaux sociaux 35
Que faire en cas
de cyberharcèlement?
Le cyberharcèlement est un acte
agressif, intentionnel, perpétré en ligne
par une personne ou un groupe de façon
répétée, à l’encontre d’une victime qui
peut difficilement se défendre seule.
Restez à l’écoute de vos enfants et
soyez attentifs à leurs changements de
comportements.
Le cyberharcèlement peut prendre
plusieurs formes:
ñ les intimidations, les insultes, les
moqueries ou les menaces en ligne;
ñ la propagation de rumeurs;
ñ le piratage de comptes et l’usurpation
d’identité digitale;
ñ la création d’un sujet de discussion,
d’un groupe ou d’une page sur un
réseau social* à l’encontre d’un
camarade de classe;
ñ la publication d’une photo ou d’une
vidéo de la victime en mauvaise
posture;
ñ Le sexting (c’est la contraction de
«sex» et «texting»). On peut le
définir comme «des images produites
par les jeunes (17 ans et moins) qui
représentent d’autres jeunes et qui
pourraient être utilisées dans le cadre
de la pornographie infantile
22
».
22. P. K. Smith et al., “Cyberbullying: Its Nature and
Impact in Secondary School Pupils”, Journal of Child,
Psychology and Psychiatry, n°49, p. 376.
Réagir et se faire aider
En cas de cyberharcèlement
23
, vous
pouvez contacter le numéro Net
Écoute 0800 200 000, géré par
l’association e-Enfance. Au-delà de
l’écoute et du conseil, Net Écoute
peut vous aider au retrait d’images
ou de propos blessants (voire fermer
des comptes le cas échéant), propose
des moyens techniques, juridiques et
psychologiques adaptés à la victime
de cyberharcèlement, à la famille et au
personnel éducatif.
Lassociation e-Enfance est reconnue
d’utilité publique et agréée par le
ministère de l’Éducation nationale pour
ses interventions pédagogiques auprès
des élèves dans les établissements
scolaires.
23. Le site « Faire face au cyber-harcèlement » propose
des ressources et des conseils face au cyberharcèlement,
que l’on soit auteur, victime, témoin, parent ou
professionnel : nonauharcelement.education.gouv.fr/
que-faire/faire-face-au-cyberharcelement
En pratique ! Vérifier avant de partager.
Un cas concret décrypté par le CLEMI, p. 84.
36 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Que risquent nos
enfants s’ils tiennent
des propos racistes,
sexistes ou
homophobes
sur Internet ?
Par maître Anthony Bem, avocat spécialisé en droit de l'Internet
Quel messatge faire passer aux parents
sur ce qu’encourt un mineur quand il
profère des injures racistes, sexistes ou
homophobes sur les réseaux sociaux* ?
Ce qu’il faut savoir
La loi sanctionne la diffusion des
propos injurieux, racistes, antisémites,
homophobes et diffamatoires sur
Internet en général, et en particulier
sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui les réseaux sociaux sont
une plateforme de communication, sans
limite de temps, sans limite de frontières,
qui fait que les propos qu’on y émet,
s’ils ne sont pas maîtrisés par notre
connaissance des limites juridiques à la
liberté d’expression, sont susceptibles
de tomber sous le coup d’une infraction
pénale.
Sur la Toile, dans les forums de
discussion, sur Facebook, Twitter, dans
les réseaux professionnels (Viadeo,
LinkedIn) TripAdvisor, les sites de
notation, les avis Google, dans tous les
espaces de contribution, les propos
injurieux, racistes, homophobes,
antisémistes, négationnistes sont illicites.
Or ils pullulent sur la Toile par ignorance
des risques encourus.
En effet, on peut se faire licencier,
ou se faire révoquer quand on est
fonctionnaire, pour des propos de
ce type. Ceux-ci peuvent avoir des
retombées sur notre vie personnelle,
professionnelle, financière.
Conseiller vos enfants sur l’usage des réseaux sociaux 37
Et pour les mineurs ?
Les parents sont responsables des
propos mis en ligne par leurs enfants.
En fonction du type de propos, la
sanction peut aller jusqu'à une amende
de 12 000 € (injures, diffamations).
Que faire si notre enfant
a écrit sur la Toile
des propos illicites ?
Malheureusement le mal est fait. Mais
il faut lui demander d’effacer ce qu’il
a écrit, même si très peu de réseaux
suppriment définitivement les contenus.
Il faut surtout prendre conscience qu’une
éducation aux pratiques numériques,
et notamment aux devoirs liés à ces
pratiques, est indissolublement liée à une
éducation à la citoyenneté.
38 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Rester net
sur le Web
10 conseils de la Cnil (Commission nationale
de l'informatique et des libertés)
01.
RÉFLÉCHISSEZ
AVANT DE PUBLIER
Sur Internet, tout le monde peut voir
ce que vous mettez en ligne: infos,
photos, opinions. Toutes ces données
composent votre identité numérique*.
02.
RESPECTEZ
LES AUTRES
Vous êtes responsable de ce
que vous publiezen ligne,
alors modérezvospropos sur
les réseaux sociaux, forums...
Ne faitespas aux autres ce
que vous n’aimeriez pas que
l’on vousfasse.
03.
NE DITES
PAS TOUT
Donnezle minimum
d’informations
personnelles
sur Internet. Ne
communiquez ni vos
opinions politiques,
ni votre religion, ni
votre numéro de
téléphone...
04.
SÉCURISEZ
VOS COMPTES
Paramétreztoujours
vos profils sur les
réseaux sociaux afin de
garder la maîtrise des
informations que vous
souhaitezpartager.
05.
CRÉEZ PLUSIEURS
ADRESSES MAIL
Utilisez des adresses
électroniques
différentes en fonction
de vos activités:
personnelles,
professionnelles,
associatives
ou sociales.
Conseiller vos enfants sur l’usage des réseaux sociaux 39
06.
ATTENTION AUX PHOTOS
ET AUX VIDÉOS
Ne publiezpas de photos
gênantes de vos amis, votre
famille ou de vous-même,
car leur diffusion est
incontrôlable.
07.
UTILISEZ
UN PSEUDONYME
Seuls vos amis et votre
famille sauront qu’il s’agit
de vous.
08.
ATTENTION
AUX MOTS DE PASSE
Ne les communiquezà
personne et choisissez-
les un peu compliqués:
n’utilisez jamaisvotre
date de naissanceou
votre surnom.
10.
VÉRIFIEZ
VOS TRACES
Tapez régulièrement
votre nom dans
un moteur de
recherche pour
vérifier quelles
informations vous
concernant circulent
sur Internet.
09.
FAITES LE MÉNAGE
DANS VOS HISTORIQUES
Effacezrégulièrement vos
historiques de navigation
et pensezà utiliser la
navigation privée si vous
utilisezun ordinateur qui
n’est pas le vôtre.
40 Guide pratique de la famille Tout-Écran
TÉMOIGNAGES
Philippe, 3 enfants
«Ça sert à rien d’interdire totalement les écrans.
Expliquer une problématique par l’interdit pour
un adolescent, c’est complètement aberrant,
car ce qu’aime avant tout un ado c’est braver
l’interdit.»
Sarah, 2 enfants
«Je ne réponds jamais au téléphone quand je
suis à table avec les enfants. Et souvent ils me
disent: “Tu ne décroches pas ?” Je leur dis:
“Non, je suis à table avec vous, je profite de
vous.” Et je pense que c’est important de donner
l’exemple si je ne veux pas que, plus tard, ils
décrochent leur téléphone n’importe quand.»
Maîtriser le temps dédié aux écrans en famille 41
Maîtriser
le temps
dédié
aux écrans
en famille
Le rapport des enfants aux écrans est devenu
une préoccupation majeure des parents.
Faisons le point avec un pédopsychiatre,
des psychologues et un médecin nutritionniste.
Et pour commencer: un quiz pour découvrir
quel parent connecté vous êtes !
#3
Quiz
Q1.
Dimanche matin, votre
enfant de 3 ans est réveillé
à 6 h 30…
A - Tout est prévu !Vous avez installé
2 heures de «Tchoupi» sur sa tablette
qu’il sait allumer et regarder tout seul.
B - Vous vous levez et partagez un
moment avec lui devant un film pour
enfants.
C - Vous vous levez, déjeunez et jouez
avec lui; vous ne l’avez pas habitué aux
écrans.
D - Il met le programme de son choix sur
la tablette en attendant que vous vous
leviez.
Q2.
Il est l’heure de dormir,
votre enfant de 5 ans
vous demande une histoire…
A - Jamais d’écran avant de s’endormir;
vous lui lisez une histoire sur son livre
illustré.
B - Vous vous amusez ensemble avec son
application préférée «Buddy le bus»,
puis vous lui dites que la tablette, elle
aussi, a besoin de dormir.
C - Vous êtes épuisé. Cette fois, c’est
«Dora l’exploratrice», sur la tablette,
qui vous remplace.
D - Vous lui racontez un conte
traditionnel, sans images, afin qu’il se
crée ses propres représentations.
Q3.
C’est l’heure du repas,
vous êtes débordé, rien
n’est prêt et votre enfant de
6ans vous demande sans cesse
de l’attention…
A - Ça n’arrive qu’aux autres ! Lorsque
vous n’êtes pas disponible, votre enfant
a l’habitude de s’occuper seul avec votre
mobile ou sa tablette.
B - Vous lui proposez d’appeler sa grand-
mère sur Skype.
C - Pour transformer l’attente en
amusement, vous lui demandez de vous
aider (mettre le couvert, de l’eau dans
les verres…).
D - Vous prenez le temps de rechercher
avec lui une recette de cuisine imagée
sur un site pour enfants et lui demandez
de la lire pendant que vous vous
exécutez.
Q4.
Vous partez avec votre
enfant pour un voyage
de 4 heures en voiture…
A - Vous avez le don de transformer le
récréatif en éducatif: vous lui montrez
le trajet parcouru sur la tablette afin
qu’il comprenne le déplacement dans
l’espace.
B - Votre enfant regarde ses dessins
animés sur la tablette intégrée tandis
que vous écoutez les indications de
votre GPS.
C - Vous lui faites découvrir
l’environnement paysager et animalier,
QUEL PARENT
CONNECTÉ ÊTES-VOUS ?
et comme vous en connaissez un rayon
sur les jeux et activités en voiture, il ne
voit pas le temps passer.
D - Vous avez caché la tablette et la
sortirez en cas de crise, mais chut !...
Q5.
Depuis la naissance
de vos enfants…
A - Vous utilisez de plus en plus les
services qu’offre le Net (achats en ligne,
drive…).
B - Vous consultez à l’occasion des
sites et des forums de discussion pour
vous tenir au courant sur les questions
d’éducation.
C - Vous avez prévenu votre entourage
que les jeux sur écrans et les jeux dont
l’éthique de fabrication n’est pas dans
vos valeurs ne sont pas les bienvenus
chez vous.
D - Vous avez créé un compte Facebook
et un Snapchat avec toutes les photos
de leur évolution que vous partagez en
temps réel avec votre famille et vos amis.
Q6.
Votre enfant est grognon
depuis ce matin et semble
malade…
A - Vous allez sur un site médical parental
pour trouver ce qu’il a avant de prendre
rendez-vous.
B - Vous lui mettez un dessin animé (cela
va peut-être passer une fois qu’il aura
oublié ?).
C - Vous attendez une journée avant de
prendre rendez-vous et restez auprès de
lui.
D - Vous prenez rendez-vous en utilisant
l’application «SOS Médecins» de votre
mobile.
Q7.
Votre ado utilise Internet
régulièrement pour
ses devoirs…
A - C’est normal, cest de son temps,
et c’est bien pratique.
B - C’est incontournable, même si vous
n’êtes pas toujours persuadé de la
pertinence de l’info sur le Net… Vous
l’incitez souvent à rechercher au-delà
de Wikipédia.
C - Bien sûr. Il a son mobile et un
ordinateur depuis longtemps, il sait où
trouver les informations dont il a besoin.
D - Non, il va à la médiathèque, consulte
l’Encyclopédia Universalis héritée de
votre père ou les périodiques auxquels
vous êtes abonné et, si nécessaire, vous
l’aidez en discutant.
Q8.
L’établissement scolaire
de votre enfant propose
un site (appelé «ENT», espace
numérique de travail) sur lequel
vous et lui pouvez accéder à ses
cours et à ses notes…
A - Ah bon ?...
B - Vous estimez que le dialogue avec
votre ado est suffisant et vous pensez
que connaître ses notes avant qu’il vous
en informe est une intrusion dans sa vie
privée.
C - Vous consultez ce site ensemble, c’est
lui qui vous montre ce qu’il fait en classe.
D - C’est très utile, cela vous permet
d’être au courant, en phase. Cela
dit, vous ne seriez pas contre le fait
d’améliorer encore l’interactivité du site…
Q9.
Votre enfant vous
demande l’orthographe
d’un mot, vous lui répondez:
A - «Va voir sur Wikipédia...»
B - «Demande à Google !»
C - «On va regarder ensemble sur
Internet.»
D - «Prends le dico !»
Q10.
Votre enfant de 12 ans
suit l’actualité…
A - Son actualité est son quotidien
«réel». Vous ne voulez pas qu’il
soit envahi par tout ce qui est trop
angoissant.
B - Et il est au courant de ce qui fait
le buzz* avant vous !
C - Avec le contrôle parental que vous
avez installé, il peut librement vérifier
par lui-même une information.
D - Vous êtes abonné à différents sites
d’info et recevez des vidéos amusantes
que vous lui transférez quand cela en
vaut la peine.
Q11.
Votre ado est sur les
réseaux sociaux
A - Et vous aussi ! Cela vous permet
d’être en lien avec des amis étrangers,
des membres de votre famille, d’ailleurs,
vous êtes ami avec votre ado sur
Facebook !
B - Vous trouvez ça sympa, pratique,
et vous lui faites confiance.
C - Non, et c’est très bien ainsi, sa vie
sociale reste sa vie réelle.
D - Certes, mais dès son premier
portable, vous avez beaucoup parlé des
risques pour sa vie privée, des notions
de confidentialité, des pièges, du vol de
données. Blindé !
Q12.
Les tutoriels sur YouTube
pour votre ado…
A - Vous encouragez surtout les tutoriels
«DIY» («Do it yourself») qui, par
exemple, vous ont aidé à réaliser
ensemble la décoration de sa chambre.
B - Il conçoit et poste ses propres
tutoriels sur Internet. Il fait des vues*,
à commencer par les vôtres.
C - C’est peut-être bien… mais vous
préférez l’enseignement traditionnel.
D - La «classe inversée*», oui, vous êtes
pour, cela lui a permis de beaucoup
progresser dans divers domaines.
CALCULEZ VOTRE PROFIL
Notez le symbole correspondant
à votre réponse.
Q1 [A: #] [B: @] [C: /] [D: •]
Q2 [A: @] [B: #] [C: •] [D: /]
Q3 [A: •] [B: #] [C: /] [D: @]
Q4 [A: @] [B: #] [C: /] [D: •]
Q5 [A: •] [B: @] [C: /] [D:#]
Q6 [A: @] [B: •] [C: /] [D: #]
Q7 [A: •] [B: @] [C: #] [D: /]
Q8 [A: •] [B: /] [C: @] [D: #]
Q9 [A: #] [B: •] [C: @] [D: /]
Q10 [A: /] [B: •] [C: @] [D: #]
Q11 [A: #] [B: •] [C: /] [D: @]
Q12 [A: @] [B: #] [C: /] [D: •]
Portez votre résultat dans la grille.
Comptez le nombre de chaque symbole
et reportez-le dans la grille suivante.
Le symbole majoritaire révèle votre
profil.
@ # /
VOTRE PROFIL
Vous obtenez une majorité de «•»,
vous êtes:
Connecté réaliste: les écrans
vous sauvent !
Lorsqu’ils permettent à votre enfant
de s’occuper, trouver le calme, faire ses
devoirs, les écrans vous facilitent la vie.
Vous savez bien qu’il faudrait pouvoir
limiter les durées d’utilisation… mais vous
faites comme vous pouvez ! Il y a tant à
faire dans une maison(ménage, cuisine
ou travaux personnels), vous n’avez pas
toujours le temps d’animer un jeu ou
d’expliquer un exercice de maths…
C’est là que vos alliés – mobile, PC ou
tablette – viennent à votre secours.
Vous obtenez une majorité de «@»,
vous êtes:
Connecté ludique: les écrans
vous servent…
Vous connaissez les limites et les
dangers de l’utilisation des écrans pour
vous-même comme pour votre enfant.
Cela ne vous empêche pas d’utiliser
la technologie pour passer du temps
avec lui, jouer, l’éveiller au monde. Le
numérique, Internet, avec leurs bons
comme leurs mauvais côtés, font partie
intégrante de ce monde. Votre idée est
d’en prendre le meilleur: mettre les
écrans à votre service, et surtout pas
l’inverse.
Vous obtenez une majorité de «#»,
vous êtes:
Hyperconnecté: les écrans…
partout, partout !
Vous êtes hyperconnecté, votre enfant
aussi ! Vous maîtrisez le numérique sous
toutes ses formes, vous en connaissez
d’ailleurs aussi parfaitement les dangers.
Et vous ne reviendriez en arrière pour
rien au monde. Le mobile, le portable et
la tablette sont le ciment de la famille en
réseau. Viadeo pour papa, LinkedIn pour
maman… Twitter, Snapchat et YouTube
pour tous ! Et l’on se dit parfois sur
Facebook ce qu’on a oublié de se dire à
table.
Vous obtenez une majorité de «/»,
vous êtes:
No connect ! Les écrans…
pas chez vous !
Que vous soyez ou non au fait des
nouvelles technologies, vous avez fait
le choix de ne pas posséder d’écrans
chez vous. Vous ne refusez certes pas le
monde moderne, mais jugez préférable
de tenir vos enfants éloignés de toute
forme d’activité numérique afin de
cultiver des valeurs humaines que vous
tenez à défendre. Vous luttez contre
l’emprise et les pièges de l’univers digital
en appliquant le principe «mieux vaut
tard que trop tôt».
Quiz réalisé pour le CLEMI par l’agence
emandarine, en collaboration avec Lucie
Meunier, psychomotricienne spécialiste
de la petite enfance, auteur du livreLe
Bébé en mouvement, Paris, Dunod, 2015.
46 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Gérer le temps
d’écran des enfants.
Que retenir des
conseils des experts ?
Par Fanny Morange, coordinatrice à la Délégation éducation
et société, Réseau Canopé
Face à l’explosion des pratiques
numériques des enfants et des jeunes,
quelles sont les recommandations des
experts ? Petite compilation des analyses
et conseils à retenir !
La règle des 3-6-9-12
Pour se repérer, le pédopsychiatre
Serge Tisseron propose la règle des
3-6-9-12
24
, résumée ci-dessous.
Avant 3 ans: jouez, parlez,
arrêtez la télé
«Les repères spaciaux sont construits
à travers toutes les interactions avec
l’environnement qui impliquent ses sens,
les repères temporels sont construits
à travers les histoires qu’on lui raconte
et les livres qu’il feuillette. Évitez la
télévision et les DVD, dont les effets
négatifs sont démontrés. Les tablettes
tactiles ne sont pas prioritaires: elles
peuvent être utilisées en complément
24. Il s’agit de l’âge des enfants: 3, 6, 9 et 12 ans.
Une affiche synthétique est disponible en
téléchargement: editions-eres.com/uploads/documents/
Edito/AfficheTisseronApprivoiserLivre.pdf
des jouets traditionnels, mais toujours
accompagnées, sans autre but que de
jouer ensemble, et de préférence avec
des logiciels adaptés.»
De 3 à 6 ans: limitez les écrans,
partagez-les, parlez-en en famille
«Évitez la télévision et l’ordinateur dans
la chambre. Établissez des règles claires
sur le temps d’écrans et respectez les
âges indiqués pour les programmes.
Préférez les jeux vidéo qu’on joue
à plusieurs à ceux qu’on joue seul:
les ordinateurs et consoles de salon
peuvent être un support occasionnel de
jeux en famille, voire d’apprentissages
accompagnés. N’offrez pas une console
ou une console personnelle à votre
enfant: à cet âge, jouer seul devient
rapidement stéréotypé et compulsif.»
Maîtriser le temps dédié aux écrans en famille 47
De 6 à 9 ans: créez avec les écrans,
expliquez-lui Internet
«Évitez la télévision et l’ordinateur dans
la chambre. Établissez des règles claires
sur le temps d’écrans et respectez les
âges indiqués pour les programmes.
Paramétrez la console de jeux du salon.
À partir de 8 ans, expliquez-lui le droit à
l’image et le droit à l’intimité.»
De 9 à 12 ans: apprenez-lui à se
protéger et à protéger ses échanges
«Continuez à établir des règles claires
sur le temps d’écrans. Déterminez avec
lui l’âge à partir duquel il aura son
téléphone mobile.
Rappelez les particularités d’Internet:
1. Tout ce que l’on y met peut tomber
dans le domaine public ;
2. Tout ce que l’on y met y restera
éternellement ;
3. Tout ce que l’on y trouve est sujet à
caution: certaines données sont vraies
et d’autres fausses.»
Après 12 ans: restez disponibles,
il a encore besoin de vous
«Votre enfant “surfe” seul sur la Toile,
mais convenez d’horaires à respecter.
Évitez de lui laisser une connexion
nocturne illimitée depuis sa chambre.
Discutez avec lui du téléchargement,
des plagiats, de la pornographie et du
harcèlement. Refusez d’être son “ami”
sur Facebook.»
Comment définir une utilisation
raisonnable des écrans ?
Serge Tisseron proscrit une utilisation
des écrans supérieure à 1 heure 30 par
jour pour les enfants de 3 à 5 ans et
à 2 heures pour les plus de 6 ans. Le
neuroscientifique Michel Desmurget,
plus alarmiste, note des effets négatifs
dès 30 minutes
25
. Quant à l’Académie
américaine de pédiatrie
26
, elle
déconseille la télévision avant 2 ans et
préconise que les jeunes enfants ne la
regardent pas plus d’une heure par jour.
Le spécialiste en santé publique
Frederick Zimmermanmet en garde sur
les dangers liés à une surconsommation
de télévision avant 3 ans: «Les enfants
qui regardent la télévision plus que la
moyenne avant l’âge de 3 ans auront
des capacités nettement inférieures
en lecture et en mathématiques, lors
de leur entrée à l’école primaire. La
télévision avant l’âge de 2 ans entrave
sérieusement le développement du
langage, même si la télévision en
question est faite de vidéos “éducatives”
spécifiquement destinées aux bébés
27
.»
Qu’en est-il de la consommation
des autres écrans: consoles
de jeux vidéoet tablettes ?
Selon le programme d’étude sur les liens
et l’impact des écrans sur l’adolescent
scolarisé, la pratique du jeu vidéo en
réseau contribue à alimenter, voire
stimuler, les échanges avec les pairs. Elle
nourrit une forme de sociabilité, même
si celle-ci reste le plus souvent marquée
par «la faiblesse de l’engagement
affectif, du fait du confinement de la
relation sociale dans l’univers du jeu
28
».
Le jeu vidéo permettrait également,
selon le psychologue Michael Stora, de
réparer les blessures narcissiques et de
jouer un rôle cathartique en permettant
25. A. Feertchak, «Michel Desmurget : “La télévision nous
coûte presque trois ans d’espérance de vie”», Le Figaro,
26 octobre 2016.
26. aap.org
27. S. Foucart, «Frederick Zimmerman:“La façon
dont la télévision est utilisée est un problème de santé
publique”», Le Monde, 7 octobre 2011.
28. Selon l’enquête Pélléas (Programme d’étude sur les
liens et l’impact des écrans sur l’adolescent scolarisé),
2014.
48 Guide pratique de la famille Tout-Écran
à l’enfant de libérer ses pulsions de
manière inoffensive
29
.
On peut néanmoins déplorer le risque de
dépendance et la violence omniprésente
des jeux vidéo
30
: au collège, 8 garçons
sur 10 auraient déjà joué à un jeu
déconseillé aux mineurs, comme «Call
of Duty»…
Quant à la tablette, elle reste
déconseillée pour les plus jeunes:
même si elle induit une interaction,
elle prive l’enfant d’une appréhension
du «monde avec ses cinq sens
31
»
comme des échanges verbaux avec
ses parents, essentiels, entre autres, au
développement du langage.
LE COUP DE POUCE DU CLEMI
La méthode des quatre «pas»
de la psychologue Sabine Duflo
ñ Pas d’écrans le matin.
ñ Pas d’écrans pendant les repas.
ñ Pas d’écrans le soir avant
de s’endormir.
ñ Pas d’écrans dans la chambre
de l’enfant.
Avec ces quatre «pas», on dégage
énormément de temps pour jouer,
dormir, lire, faire du sport, manger
sereinementet discuter !
29. T. Gaon, M. Stora, « Soigner des jeux vidéo/Soigner
par les jeux vidéo », Quaderni, n° 67, 2008.
30.  I. Obradovic et al., « Écrans et jeux vidéo à
l’adolescence. Premiers résultats de l’enquête Pélléas
», OFDT, décembre 2014. En ligne : ofdt.fr/BDD/
publications/docs/eftxiouc.pdf
31.  «Les tablettes brouillent les capacités d’adaptation
des tout-petits», entretien avec Sabine Duflo,
Neurocience fictions, 2016.
La vueet les écrans
Notre champ visuel s’étend sur 180
degrés à l’état normal (90 degrés
de part et d’autre du point que nous
fixons), alors qu’il est moins sollicité
devant les écrans qui n’en stimulent
qu’une toute petite partie, entre 10
degrés et 40 degrés
32
, explique le
docteur Sylvie Chokron, directrice de
recherches au CNRS et responsable
de l’unité Vision et cognition, à la
fondation ophtalmologique Rothschild.
Un surconsommation d’écrans provoque
de la sécheresse oculaire due à une
diminution des clignements des yeux,
ainsi qu’une fatigue oculaire, générée
par la forte sollicitation des muscles
oculaires pour faire des mises au point,
et qui peut alors provoquer des maux de
têtes.
LAcadémie américaine de pédiatrie
s’est penchée sur les conséquences des
usages des écrans chez les jeunes et
observe une augmentation des troubles
du sommeil chez ceux qui dorment avec
leurs téléphones. Générée par les diodes
électroluminescentes (LED), la lumière
des écrans tient éveillé, retardant l’heure
du coucher et modifiant donc notre
horloge interne
33
.
32.  Étude «Vue et audition des adolescents:
comprendre et prévenir les impacts de la surexposition
aux écrans et aux sons amplifiés», enquête réalisée
par OpinionWay pour l’Observatoire de la santé
visuelle et auditive du groupe Optic 2000. Voir aussi
l’article du DrSylvie Chokron, neuropsychologue:
«Impact des écrans sur les processus cognitifs»; en
ligne: observatoire-groupeoptic2000.fr/wp-content/
uploads/2016/03/Article_Sylvie-Chokron.pdf
33. B. Manenti, «Létude qui va vous dissuader d’exposer
vos enfants aux écrans», Le Nouvel observateur,
25 octobre 2016; en ligne: tempsreel.nouvelobs.com/
sante/20161025.OBS0300/l-etude-qui-va-vous-dissuader-
d-exposer-vos-enfants-aux-ecrans.html
Maîtriser le temps dédié aux écrans en famille 49
LAssociation nationale pour
l’amélioration de la vue(Asnav)
livre quelques conseils d’ergonomie
visuellepour les bébés et les enfants
de 0 à 10 ans.
ñ Surveiller la distance – au moins
50 cm – et l’orientation de l’écran –
toujours face à l’enfant.
ñ Pas de différence de luminosité entre
l’écran et la pièce (éviter les pièces
sombres et éviter de regarder les
écrans dans le noir).
ñ Favoriser les affichages sur fond clair
pour amplifier les contrastes.
ñ Instaurer des pauses obligatoires :
20 secondes toutes les 20 minutes,
par exemple.
ñ Une attention particulière doit être
portée aux enfants de moins de 5 ans,
leur fonction visuelle étant en plein
développement. 
ñ Limiter le temps d’exposition aux jeux
vidéo et aux écrans, de façon générale.
Respecter la règle suivante: 1 heure
de jeux vidéo = 1 heure d’activités
extérieures.
50 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Se déconnecter
pour mieux manger,
dormir et bouger !
Par le docteur Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste,
praticien attaché à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris
Obésité précoce, troubles du sommeil
et de l’attention, sédentarité accrue…
Les conséquences néfastes, liées à la
surconsommation d’écrans, sont
nombreuses sur la santé des enfants (et
des adultes). Le docteur Arnaud Cocaul
livre ici trois conseils clés sur les
bénéfices de la déconnexion.
Manger sans écrans
Notre cerveau est monotâche. Il faut
donc éviter le zapping permanent qui
l’incite à fonctionner dans tous les sens:
on ne fait plus rien de bien, on mange
mal, on lit mal… On ne peut pas répondre
à ses mails et manger en même temps !
Si on interroge les gens qui se sont
connectés 2 heures après leur repas,
ils sous-évaluent systématiquement ce
qu’ils ont mangé. Il est donc essentiel de
prendre ses repas dans des conditions
sereines, c’est-à-dire en éteignant tous
les écrans.
Il y a 40 ans, il n’y avait que deux ou
trois chaînes, avec un programme
fédérateur pour toute la famille.
Aujourd’hui, il y a tellement de
sollicitations ! L’un consulte sa tablette
pendant que l’autre regarde une série
en streaming*, et les parents ont chacun
leur émission. Voilà pourquoi le temps
du repas doit se faire sans écrans pour
rassembler la famille.
S’endormir sans écrans
Nos modes de vie ont tendance à se
dégrader notablement, en particulier
parce qu’on rogne trop le temps de
sommeil en raison de la présence des
écrans. Or il est impératif qu’un jeune
puisse dormir au minimum 8 heures,
10 heures pour un enfant.
Les réseaux sociaux* entraînent de
nouvelles pratiques qui risquent de nous
faire perdre certains fondamentaux en
même temps que notre temps. Pour que
notre message soit cohérent vis-à-vis de
nos enfants, il faut commencer par nous
responsabiliser nous-mêmes, en tant
qu’adultes, et éviter la consommation
d’écrans nocturne.
Bouger plus
La surconsommation d’écrans et les
transports en commun ont tendance
à remplacer l’activité physique. Les
gens sont de plus en plus passifs en
milieu urbain. Il faut pourtant privilégier
les mouvements au maximum et les
déplacements à pied chaque fois que
cela est possible.
Maîtriser le temps dédié aux écrans en famille 51
LE COUP DE POUCE DU CLEMI
Un «contrat» pour gérer
les écrans en famille
On peut établir avec ses enfants un
emploi du temps de la semaine, en
prévoyant des plages horaires dédiées
à la télévision, aux jeux vidéo afin de
les responsabiliser et les aider à auto-
réguler leur consommation. Ce contrat
est signé par chaque membre de la
famille, qui s’engage à le respecter.
Le rituel du panier
des portables
Avant de se mettre à table, veillez à ce
que les membres de la famille, enfants
et adultes, déposent dans un panier
portables et autres tablettes...
Ce petit rituel permet de partager
un repas déconnecté !
52 Guide pratique de la famille Tout-Écran
Maîtriser le temps dédié aux écrans en famille 53
54 Guide pratique de la famille Tout-Écran
TÉMOIGNAGES
Guillaume, 2 enfants
«Juliette a été traumatisée par le journal télévisé
qui relayait des informations sur les attentats.
Ce n’est pas tellement les images mais le fait
d’entendre qu’on est en danger un peu partout
et qu’il n’y a pas d’endroits où on est totalement
en sécurité.»
Lin, 1 enfant
«Les images que j’estime violentes, eux peuvent
juger que ce n’est pas très violent. Yusi, par
exemple, ne supporte pas les informations ou les
images sur la guerre. Pourtant elle adore les films
d’horreur, alors que moi je suis juste incapable de
regarder ça.»
Protéger vos enfants des images violentes 55
Protéger
vos enfants
des images
violentes
Scènes de terrorisme et de violence extrême,
pornographie, tableaux apocalyptiques
de catastrophes naturelles...
Les images choquantes font désormais partie
de notre environnement quotidien.
Comment protéger nos enfants ?
Comment répondre à leurs questions ?
#4
56 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Comment adapter
le visionnage à l’âge
de l’enfant ?
Un des rôles du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)
est la protection du jeune public. Voici ses recommandations
pour adapter le visionnage selon l’âge de nos enfants.
Avant 3 ans
La télévision n’est pas adaptée aux
enfants de moins de 3 ans. Avantcet
âge, l’enfant se construit en agissant
sur le monde: la télévision risque de
l’enfermer dans un statut de spectateur
à un moment où il doit apprendre à
devenir acteur du monde qui l’entoure
(voir p.46).
Entre 3 et 6 ans
Il est conseillé de privilégier des sessions
de visionnage courtes. Il faut par ailleurs
apporter une vigilance particulière sur
ce que l’enfant regarde, car il n’a pas
de recul par rapport aux images. Il ne
percevra pas forcément la différence
entre la fiction et la réalitéet considérera
comme réelles les images effrayantes
qu’il aura vues, sans avoir les mots
pour exprimer ce qu’il ressent. D’
l’importance de dialoguer avec lui.
Entre 6 et 10 ans
À partir de 6 ans, l’enfant commence
à avoir une certaine expérience des
images et peut les analyser et les
commenter. Il pourrait également
vouloir imiter ce qu’il a vu, d’où la
nécessité de lui expliquer qu’il ne doit
pas reproduire tout ce qu’il voit à la
télévision, et de respecter sa sensibilité
en privilégiant des programmes pour la
jeunesse. Limitez la durée des séances
et choisissez avec lui les émissions, afin
de lui apprendre à se repérer dans l'offre
des programmes. Entre 8 et 10 ans,
privilégiez les programmes jeunesse et
les programmes tous publics.
Après 10 ans
Entre 10 et 12 ans, l’enfant commence
à vouloir accéder de manière plus
autonome aux images et à diversifier
les programmes qu’il regarde. Il est
important de l’accompagner dans
le choix de ces programmes, de lui
apprendre à sélectionner ceux qui
lui conviennent, afin de devenir un
téléspectateur actif.
Protéger vos enfants des images violentes 57
La signalétique jeunesse
est là pour vous aider
À l’adolescence, il a parfois envie de
se confronter à certains contenus
violents, même s’il n’en est pas toujours
émotionnellement capable. Même à cet
âge et en dépit des facilités d’accès aux
images dont disposent les adolescents,
maintenez le dialogue avec eux sur
ce qu’ils regardent ou écoutent, et
continuez à leur apprendre à choisir ce
qui correspond à leurs goûts et à leur
sensibilité.
Deux sites de référence:
ñ Protection du jeune public:
csa.fr/csajeunesse
ñ Les Clés de l’audiovisuel:
clesdelaudiovisuel.fr
LE CONSEIL
DE FRANCETV ÉDUCATION
Pour apprendre à décrypter l’actualité
avec vos enfants, regardez des émissions
adaptées à leur âge:
ñ Pour les petits, «1 jour, 1 question»
décrypte en 1 minute 30 par jour, via
un dessin de presse, l’actualité du
jour...
ñ Pour les 13 ans et plus, la série
«Décod’actu» apporte des réponses
en 3 minutes à des événements clés
d’actualité: réfugiés climatiques,
populisme, différence entre sunnites et
chiites, etc.
58 Guide pratique de la famille Tout-Écran
BOÎTE À OUTILS
Trousse de secours
en cas d’accidents
d’images
Quelques conseils express
pour aider les parents
Par le docteur Serge Tisseron, pédopsychiatre et Isabelle Féroc-Dumez,
maîtresse de conférences à l’université de Poitiers-Éspé et laboratoire
Techné, directrice scientifique et pédagogique du CLEMI
Urgence  ! Vos enfants sont tombés
malencontreusement sur des images
difficiles à comprendre. Violence,
horreur, pornographie… Comment les
aider à donner du sens à ce qu’ils ont vu
et les rassurer ? Une chercheuse imagine
des petits accidents d’images que
pourraient rencontrer les enfants de la
Famille Tout-Écran et interpelle un
pédopsychiatre pour analyser la
situation et prodiguer ses conseils.
Mélina, 3 ans, a visionné
à l'insu de ses parents
un programme inadapté
à son âge
Les cousins âgés de 11 et 13 ans passent
la soirée à la maison. Ils ont apporté un
DVD d’Harry Potter ! Les ados s’installent
pour regarder le film. Mélina (3 ans), qui
ne trouve pas le sommeil, vient en douce
rejoindre la compagnie sans que les
parents s’en aperçoivent. Quelques jours
plus tard, Mélina fait des cauchemars:
des fantômes, des loups-garous, des
araignées géantesrôdent autour de son
lit !
Mélina fait-elle la différence entre
réalité et fiction ? Comment peut-elle
apprendre à contrôler ses émotions qui
la submergent ?
ñ Conseil: On peut expliquer à Mélina
que rien de ce qu’elle a vu n’était «vrai»,
que c’étaient des effets spéciaux de
cinéma. Mais à cet âge, le plus difficile
pour l’enfant ne relève pas de ce qu’il
comprend ou ne comprend pas. Ce qui
est en cause, c’est sa difficulté, du fait
de son immaturité cérébrale, à pouvoir
circonscrire et maîtriser ses émotions.
Protéger vos enfants des images violentes 59
Il craint d’être submergé par elles, et
c’est cela qui lui fait peur. C’est pourquoi
il peut être terrorisé de la même façon
par un dessin animé ! En plus, dans
les émotions trop fortes pour lui qu’il
éprouve, le contenu n’est pas seul en
cause. Il y a aussi le montage rapide
et contrasté, et l’accompagnement
sonore, qui mêle souvent des bruits
angoissants de respiration haletante et
de battements de cœur.
ñ Le +: Pour lui permettre de reprendre
pied, rassurons l’enfant, invitons-le à
dessiner ce qu’il a vu, félicitons-le et
disons-lui que son dessin nous aide à
mieux comprendre ce qu’il a ressenti.
Puis reformulons avec lui ce qu’il a
représenté afin de lui donner des mots
pour en parler. Rien n’est si effrayant
pour l’homme que le langage ne
permette de l’apprivoiser, à condition de
trouver un interlocuteur compréhensif !
Mélina, 3 ans, est confrontée
aux images terrifiantes
d’une catastrophe naturelle
Un tremblement de terre suivi d’un
tsunami viennent de se produire à
plusieurs milliers de kilomètres de la
France. Mélina (3 ans) a vu à la télévision
de terribles images des décombres
et des victimes. Sidérée par celles-ci
et saisie d’angoisse, elle demande si
tout cela s’est vraiment passé et si
cela peut arriver ici: la maison peut-
elle s’écrouler ? Une vague peut-elle
l’emporter ?
Comment trouver les mots pour faire
comprendre l’actualité et rassurer
Mélina ?
ñ Conseil: Un jeune enfant ne possède
pas encore les repères spatiaux-
temporels qui permettent à un adulte de
situer et de relativiser une catastrophe.
ñ Le +: Il faut toujours avoir une
mappemonde à la maison pour montrer
à l’enfant où la catastrophe s’est passée
et lui expliquer que de tels drames sont
rares. Il faut aussi lui dire que si une
telle catastrophe arrivait, ses parents
le protégeraient. Les parents savent
bien qu’ils ne peuvent pas protéger
de tout, mais l’enfant, à cet âge-là, a
besoin de le croire. Il faut aussi lui parler
des pompiers et des sauveteurs, très
nombreux chez nous, qui viendraient
nous secourir.
Théo, 8 ans, a vu des images
pornographiques
Théo (8 ans) a vu des images
pornographiques dans la cour de
récréation sur le smartphone d’un
copain, il ne comprend pas ce qu’il a vu…
60 Guide pratique de la famille Tout-Écran
Comment expliquer à Théo que ce qu’il
a vu n’est pas conforme à la réalité ?
La pornographie,c’est pas l’amour !
ñ Conseil: Il faut d’abord féliciter Théo
d’en parler. Surtout ne pas le gronder,
ni blâmer son copain qui n’a pas dû
comprendre non plus ce qu’il regardait.
Dites-lui qu’il a dû être bouleversé et
qu’à sa place, vous l’auriez été aussi.
Vous pouvez lui expliquer que «faire
l’amour» entre un homme et une femme,
ou deux hommes, ou deux femmes, n’a
rien de comparable avec ce qu’il a vu,
que cela implique beaucoup de respect
de l’autre, que cest une découverte
mutuelle.
ñ Le +: Lui dire que ce qu’il a vu, c’est
du cinéma et que dans la vraie vie, cela
ne se passe pas comme ça. Les gens
qui font des films pornographiques sont
des acteurs. De plus, il peut y avoir des
trucages. Dites-lui que l’amour c’est
autre chose de bien plus beau !
Théo, 8 ans, découvre la photo
d’un enfant migrant mort
Théo (8 ans) a vu la photo d’un enfant
migrant mort sur une plage. Il met en
doute la mort de l’enfant…
Théo ne comprend pas ce qui s’est
passé. Faut-il tout lui expliquer ?
Comment l’aider à donner du sens
à la réalité ?
ñ Conseil: Théo a raison: avec les
images qu’on voit à la télévision ou sur
Internet, on n’est jamais certain qu’elles
correspondent à la réalité. Si Théo a
envie de croire que ce petit enfant était
seulement blessé et qu’il a été sauvé, il
a le droit de le croire. Mais même si cet
enfant est encore vivant, il est probable
que d’autres enfants ont dû mourir en
essayant de traverser la Méditerranée.
ñ Le +: Il faut là encore sortir la
mappemonde et montrer le parcours
des réfugiés. Puis expliquer qu’ils tentent
cela parce qu’ils souffrent trop dans
leur pays, et qu’il est important de bien
accueillir ceux qui ont réussi à arriver
jusque chez nous.
Juliette, 16 ans, est sidérée
par des photographies
de camps nazis
Juliette (16 ans) a vu des photographies
de camps nazis sur Internet. Entre
sidération ou révolte, déçue du genre
humain, elle semble traumatisée et
commence à déprimer.
Certaines images d’actualité
demandent une certaine prudence.
D’autres images montrent une réalité
cruelle, hélas vérifiée. Comment réagir
face à l’horreur et que dire à Juliette
pour lui remonter le moral ?
ñ Conseil: S’agissant des images de
guerre, celles de l’actualité nécessitent
une certaine prudence. En revanche, les
images d’archives sont validées. On sait
que ces événements se sont produits,
hélas. Juliette a raison. L’homme
est capable du pire vis-à-vis de son
prochain. Mais il peut aussi risquer sa vie
pour le sauver et résister à la barbarie.
ñ Le +: Il faut aller voir avec Juliette
sur Internet la merveilleuse histoire du
village de Saint-Agrève où tant d’enfants
juifs ont été cachés et sauvés, au péril
de la vie de ceux qui les protégeaient.
On peut lui expliquer que, quel que soit
le caractère inhumain des situations
auxquelles l’homme est confronté, il lui
est toujours possible d’y réagir de façon
humaine.
Protéger vos enfants des images violentes 61
Juliette, 16 ans, ne veut plus
sortir de chez elle après
les attentats terroristes
Juliette (16 ans) n’ose plus sortir avec ses
amis, après avoir vu des images et lu des
témoignages sur les réseaux sociaux*
de jeunes gens victimes d’un attentat
terroriste. S’enfermant à la maison, elle
cherche sur Internet à voir plus d’images,
à lire plus de commentaires, alors que
cela la rend de plus en plus mal à l’aise.
Juliette, à l’instar de tant d’autres,
semble tomber dans une sorte de
voyeurisme sur les réseaux sociaux,
jusqu’à la nausée. Comment l’aider à se
détourner de ces images pernicieuses ?
ñ Conseil: Juliette a besoin d’une bonne
explication sur ce que sont les réseaux
sociaux. Ils ne sont pas un reflet du
vrai monde. D’abord, chacun essaie de
s’y montrer plus heureux, plus beau et
plus intéressant qu’il n’est en réalité.
Ensuite, il est très facile de faire courir
des fausses nouvelles (rumeurs), rien
que pour le plaisir de voir combien de
gens les relayent en y croyant. Il ne
faut donc pas croire tout ce qu’on y
trouve ! Enfin, il y a aussi des groupes
qui veulent nous faire adhérer à leurs
croyances (religieuses, politiques, voire
complotistes).
ñ Le +: Peut-être Juliette a-t-elle des
copines ou des copains qui l’invitent à
aller sur certains sites ? Pensons à lui
poser la question. Et peut-être a-t-elle
rencontré sur Internet une personne qui
l’a convaincue d’aller voir certains sites ?
Parlons-en ensemble.
Attention
Le traumatisme créé par des images
est soulagé lorsqu'on en parle avec
quelqu’un de compréhensif et de
déculpabilisant. Si votre enfant ne veut
pas vous parler, peut-être le pourra-
t-il avec un autre membre de la famille
(grand-parent, oncle ou tante…) ? Si
c’est impossible, proposez-lui d’en parler
avec un professionnel (pédopsychiatre,
psychologue, psychothérapeute), qui
a l’habitude de recevoir la parole des
enfants ou des adolescents sans porter
de jugement, et qui saura vous conseiller.
62 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE POINT SUR
Violence et jeux
vidéo: quelle attitude
adopter ?
Par le collectif PédaGoJeux
Jouer à des jeux vidéo de grande
violence n’est pas neutre. Certaines
études démontrent un lien entre le fait
de pratiquer de tels jeux et le
comportement du joueur: agressivité,
irritabilité, moindre sensibilité à la
violence. Face à cet enjeu, les parents
peuvent agirpar le choix du jeu vidéo,
qui doit faire l’objet d’une attention
toute particulière.
La signalétique Pegi (Pan
European Game Information)
Le jeu vidéo s’adresse aujourd’hui à tout
le monde et en particulier aux adultes.
De nombreux jeux leur sont destinés et
peuvent proposer des contenus violents.
Il convient donc de repérer ces jeux et
de ne pas les laisser entre les mains de
vos enfants. Pour ce faire, la signalétique
Pegi s’avère particulièrement précieuse
puisqu’elle précise l’âge avant lequel le
jeu est déconseillé. Elle est disponible
sur les jaquettes mais aussi sur les sites
internet, lorsque le jeu est acheté ou
téléchargé en ligne.
Ceci dit, la question du choix des jeux
vidéo ne se résume pas à celle d’éviter
les contenus violents. Ainsi, certains
jeux vidéo peuvent être basés sur des
univers angoissants, troubles, suffocants,
fantastiques, qui peuvent avoir un effet
sur l’enfant, tout autant que la présence
de contenus violents. En outre, le
langage proposé dans les jeux vidéo
peut aussi s’avérer inadapté.
Attention aux valeurs
véhiculées par les jeux
Il est tout aussi important, en tant que
parent, d’être attentif aux valeurs et
aux stéréotypes véhiculés par les jeux
vidéo. En particulier, l’image et la place
des femmes proposées par certains jeux
vidéo ne sont pas toujours celles que
l’on souhaite transmettre à nos enfants.
Dans ce contexte, si l’on veut que la
pratique du jeu vidéo reste ludique, que
faire ? La signalétique Pegi propose,
en parallèle aux recommandations
concernant l’âge, des descriptifs qui
peuvent aider les parents, notamment
sur la présence de langage grossier
ou encore sur l’existence de certains
contenus (jeux de hasard, contenus
sexuels, contenus visant à faire peur).
Rien ne remplace la pratique
du jeu avec l’enfant
Le dialogue et la pratique du jeu avec
son enfant restent sans doute la clé
d’une pratique positive afin, notamment,
de mieux observer comment votre
enfant perçoit le jeu vidéo et aborder
avec lui certains thèmes traités par
Protéger vos enfants des images violentes 63
ses jeux favoris. C’est donc bien une
approche d’éducation au média et à
l’image autour du jeu vidéo qui doit
être encouragée. C’est aussi l’occasion
de proposer aux enfants d’autres
types de jeux correspondant à ce que
l’on souhaite leur transmettre. Ainsi,
de nombreux jeux s’appuient sur des
dynamiques de coopération et peuvent
être préférés aux jeux fondés sur la seule
compétition.
Les dérives possibles
en lien avec le jeu en ligne
La pratique du jeu vidéo évolue: le jeu
en solitaire a laissé place au jeu en ligne
et en réseau. C’est pour les joueurs un
formidable levier pour créer et entretenir
un réseau de connaissances autour
d’une passion, d’un sujet ou simplement
d’un jeu. Mais cette nouvelle donne
doit être accompagnée et encadrée,
car les dérives existent et pourraient
être particulièrement violentes: par
nature, le jeu en réseau peut s’avérer
chronophage et devenir une pratique
excessive qui peut, à terme, nuire à la
vie familiale, à la vie sociale, à la vie
scolaire et au sommeil des enfants.
Lencadrement du temps et du moment
de jeu est absolument nécessaire pour
éviter qu’il n’envahisse la vie de l’enfant
et que le plaisir du jeu laisse place à une
forme de jeu problématique. Les parents
doivent ainsi, le plus tôt possible, fixer
un cadre, qui peut d’ailleurs être négocié
avec l’enfant plus âgé. Ce temps de jeu
doit s’intégrer dans les différents temps
structurant la vie de l’enfant et demeurer
raisonnable et équilibré.
Lengouement du jeu en réseau induit
aussi l’émergence de comportements
toxiques très virulents, alors même
que le jeu peut proposer un contenu
parfaitement anodin. Il s’agit notamment
d’insultes, d’injures ou de propos haineux
entre joueurs. Les joueurs eux-mêmes
doivent adopter une attitude positive
dans leurs pratiques. De ce point de
vue, les parents ont là encore un rôle
important à jouer pour transmettre et
rappeler que le respect de l’autre et les
règles du jeu sont essentiels.
PÉDAGOJEUX
Collectif créé en 2008.
Les membres actifs du collectif PédaGoJeux
sont actuellement : l’Union nationale des
associations familiales (Unaf), Internet sans
crainte (opérateur Tralalere), le ministère en
charge de la Famille, le Syndicat des éditeurs
de logiciels de loisirs (Sell), Bayard jeunesse
et JeuxOnLine.
Lobjectif est d’accompagner les parents vers
une meilleure appréhension des jeux vidéo,
en s’appuyant notamment sur des initiatives
proposant des actions autour du jeu vidéo à
destination des parents et des enfants. Cette
initiative est aujourd’hui portée non seulement
par un site internet (pedagojeux.fr), mais
aussi par le déploiement sur le territoire d’un
réseau d’ambassadeurs PédaGoJeux, issus
de milieux diversifiés (associations familiales,
collectivités territoriales, ludothèques,
bibliothèques, centres sociaux).
64 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LE COUP DE POUCE DU CLEMI
La sélection
d’Alexis Blanchet
34
Voici une liste de jeux vidéo «positifs»,
auxquels vous pourriez jouer avec votre
enfant
35
.
Professeur Layton et l’étrange village
est un jeu vidéo d’aventure en pointer-
et-cliquer, proposant des phases de jeu
de réflexion à travers la résolution de
135 énigmes. Développé par Level-5 et
édité par Nintendo, le jeu est sorti en
2007 au Japon et en 2008 dans le reste
du monde sur Nintendo DS.
Picross DS est un jeu vidéo de puzzle
développé par Jupiter et édité par
Nintendo, sorti à partir de 2007 dans
la gamme Touch! Generations sur
Nintendo DS. Il reprend le principe du
picross, jeu de chiffres sur grille. Il inclut
plusieurs modes de jeu proposant des
variations autour du picross. Il est le
précurseur de nombreux jeux de picross
sur le même support et a contribué à la
popularisation de celui-ci en Europe.
Ilomilo est un puzzle-game
téléchargeable sur le Xbox Live Arcade
de la Xbox 360. Au cours de quatre
chapitres composés d’une douzaine
de niveaux, vous et vos enfants devrez
trouver un moyen de réunir Ilo et Milo,
deux amis très chers. Pour cela, vous
pouvez utiliser toutes les dimensions de
décors constitués de cubes.
34. Maître de conférences à l’université Sorbonne
Nouvelle-Paris 3, auteur de Jeux vidéo/Cinéma.
Perspectives théoriques, Éditions Questions théoriques,
2016.
35. Sourcedes descriptifs: Wikipédia (sauf le jeu Ilomilo:
Jeuxvideo.com).
The Last Guardian («Trico, le grand
aigle mangeur d’hommes») est un jeu
vidéo d’action-aventure développé par
Team Ico et édité par Sony Computer
Entertainment, sorti le 7 décembre 2016
sur PlayStation.
Mario Kart est une série de jeux vidéo
produite par Nintendo, spin-off de la
série de jeux de plateformes Super
Mario. Débutée en 1992 par Super Mario
Kart sur Super Nintendo, la série de jeux
de course existe encore, plus de vingt
ans après avec Mario Kart 8 Deluxe
prévu le 28 avril 2017 sur Nintendo
Switch.
Journey (littéralement «Voyage»
en anglais) est un jeu vidéo
d’action-aventure développé par
Thatgamecompany et édité par Sony
Computer Entertainment. Il est sorti
en mars 2012 sur PlayStation 3 en
téléchargement sur le PlayStation
Network, puis en version physique en
août 2013 en Amérique du Nord et
en juin 2013 en Europe. Une version
PlayStation 4 est disponible depuis juillet
2015. Bien qu’il s’agisse principalement
d’un jeu d’aventure, il inclut un aspect de
réflexion.
66 Guide pratique de la famille Tout-Écran
TÉMOIGNAGES
Romaric, 3 enfants
«On ressent le besoin d’être accompagnés parce
qu’on est complètement dépassés, c’est les
enfants qui nous apprennent tout le temps des
nouveaux trucs, on est complètement démunis.»
Sofia, 2 enfants
«Je fais partie du conseil d’administration du
collège. Parfois on a des conversations là-dessus,
sur les médias, les écrans avec les autres parents.
C’est un peu compliqué et ça devient très vite
la polémique, entre ceux qui ne veulent pas du
tout d’écrans, un peu extrêmes, et ceux qui s’en
fichent !»
S’engager et s’impliquer en tant que parents 67
S’engager
et
s’impliquer
en tant que
parents
Partout en France, il existe de multiples associations
et initiatives auprès de qui trouver informations
et aides pratiques...
Quelques pistes et projets inspirants.
#5
68 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LES ACTEURS ASSOCIATIFS
Léducation
familiale aux écrans
Par Dorie Bruyas, directrice de Fréquence écoles, spécialiste
de l’éducation aux médias, ingénieur pédagogique
Comment favoriser une attitude critique
des jeunes face aux médias ? Pour
l’association Fréquence écoles,
l’éducation aux médias est devenue
une absolue nécessité. Elle accompagne
depuis près de vingt ans les jeunes et les
familles.
L’éducation aux médias
est aussi l’affaire des parents
Les médias sont aujourd’hui un espace
de socialisation à part entière et
influencent les comportements des
enfants et des adolescents, au même
titre que l’école et la famille. Face à
ce développement de la société de
l’information, l’éducation aux médias
numériques développe la capacité
à interagir – en lecture comme en
écriture– avec les objets, les interfaces
et les informations. Lécole est un
territoire idéal pour proposer des
projets éducatifs qui développent
des compétences psychosociales
essentielles définies par l’Organisation
mondiale de la santé
36
. Ces compétences
relationnelles permettent de développer,
chez les enfants et les adolescents, la
36. Ces compétences fonctionnent par paire:
- Savoir résoudre les problèmes/Savoir prendre des
décisions;
- Avoir une pensée critique/Avoir une pensée créatrice;
- Savoir communiquer efficacement/Être habile dans les
relations interpersonnelles;
- Avoir conscience de soi/Avoir de l’empathie pour les
autres;
- Savoir gérer son stress/Savoir gérer ses émotions.
relation à soi et la relation aux autres, et
c’est bien évidemment aussi le rôle des
parents.
Si l’on souhaite donner la possibilité à
chaque jeune de se construire librement,
si on souhaite développer son pouvoir
d’agir, il faut permettre à tous les parents
de mettre à distance les pressions
médiatiques et numériques, en leur
permettant de se saisir des opportunités
offertes par le numérique.
Le projet Tandem: associer
l’école et les familles
pour développer l’éducation
aux médias numériques
Tandem est un projet européen mis en
place par des centres de ressources
en éducation aux médias et par
des associations de parents belges,
françaises et italiennes. Sur une période
de trois ans, Tandem se propose
d’étudier l’environnement médiatique
des enfants de 6 à 12 ans à l’école et
à la maison, afin de proposer et tester
concrètement de bonnes pratiques
d’éducation aux médias. Pour mener
à bien ce projet, Tandem propose une
approche originale: constituer des
équipes,des «tandems», d’enseignants
et de parents pour coconstruire ces
bonnes pratiques.
Si le projet Tandem vous intéresse,
rapprochez-vous de Fréquence écoles
S’engager et s’impliquer en tant que parents 69
pour organiser, au sein de votre
association de parents, une soirée ou
un événement sur les thématiques du
projet. Si vous êtes enseignant, vous
pouvez aussi devenir enseignant-
pilote en expérimentant un itinéraire
pédagogique au sein de votre classe.
Plus d’infos sur le projet Tandem:
tandemproject.org
Contact:
Dorie Bruyas, directrice
de Fréquence écoles
dorie@frequence-ecoles.org
L’ASSOCIATION FRÉQUENCE ÉCOLES
Basée à Lyon, elle propose des activités
d’éducation aux médias ouvertes aux familles.
Elle a créé pour la première fois en 2016, à
Lyon, un rendez-vous des cultures numériques
et médiatiques, «Super Demain», ouvert à
tous. Elle propose aussi sur son site internet
de nombreuses ressources dans le domaine.
Éditées sous licence Creative Commons*,
elles peuvent être utilisées librement par la
communauté éducative. Rendez-vous sur les
espaces numériques de l’association pour
retrouver les contenus.
70 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LES ACTEURS ASSOCIATIFS
Trouver sa place
de parent à l’heure
du numérique
Par Olivier Andrieu-Gérard, coordonnateur du pôle
Médias-Usages numériques, Unaf
Depuis plusieurs années, l’Union
nationale des associations familiales,
l’Union départementale des associations
familiales et les associations familiales
agissent et innovent dans le domaine de
l’éducation au numérique et aux médias.
Leur champ d’action est très vaste, tant
le numérique est présent dans tous les
champs de la vie familiale.
La plupart des initiatives menées par
le réseau des associations familiales
s’inscrivent dans une approche de
soutien aux parents: il s’agit de favoriser
leur implication dans l’accompagnement
des enfants vers un usage responsable
et citoyen du numérique. C’est dans cet
esprit d’accompagnement que l’Unaf
anime le dispositif PédaGoJeux, qui
aborde l’ensemble des enjeux relatifs au
jeu vidéo et s’adresse spécifiquement
aux parents (voir p. 62).
Conférences
et ateliers parents
Le réseau des associations familiales
s’est fortement engagé sur le terrain
pour proposer aux parents différents
types d’actions: conférences, ateliers
pratiques, temps d’échanges parents-
enfants, groupes de paroles.
L’Udaf 53 organise ainsi, depuis plus de
dix ans, des Cafés des parents visant à
favoriser l’échange d’expériences entre
parents autour des questions relatives au
numérique. L’objectif est ainsi de créer
du lien et de l’entraide entre parents
sur ces questions et de s’inscrire dans
une démarche d’accompagnement à la
parentalité.
D’autres initiatives méritent d’être
mises en avant: plusieurs Unions
départementales proposent des ateliers
de codage à destination des enfants et
des parents, dans le cadre du dispositif
Club Code International, dont l’Udaf de
l’Aube assure l’animation en France.
L’Udaf de l’Aude soutient le dispositif
«Soyons net sur le Net»: des lycéens
accueillent chaque mercredi des écoliers
et leur proposent des activités autour
d’Internet, dans une démarche associant
production et prévention. Par exemple,
un accompagnement à la création de
cartes de fête des mères pour aborder
les questions de propriété intellectuelle.
Citons également la mise en place
par l’Udaf de l’Aude d’une école
numérique itinérante à destination des
parents, visant à proposer des sessions
d’éducation au numérique sur l’ensemble
S’engager et s’impliquer en tant que parents 71
de la Haute-Vallée de l’Aude, à venir
début 2017.
Des associations
familiales engagées
Dans le grand réseau des Maisons
familiales rurales (MFR), celle de Cholet
a mis en place une action qui vise à lier
développement des usages et éducation
aux enjeux soulevés par les nouvelles
technologies. Ainsi, elle a créé un blog*
photos et vidéos qui permet aux parents
de suivre le travail des adolescents
en formation d’apprentis boulangers
et pâtissiers. Cette démarche a fait
l’objet en parallèle de rencontres et de
discussions sur le bon usage des blogs
et des outils de partage des vidéos.
Dans le cadre d’un projet éducatif, les
jeunes de la MFR d’Aire-sur-l'Adour
ont travaillé sur les principaux thèmes
relatifs au numérique et ont présenté
les résultats de leurs réflexions lors
d’une conférence. Devant l’assemblée
générale composée des parents, ils n’ont
pas hésité à délivrer des messages de
prévention ou de régulation des écrans.
Lassociation Enfance et famille
d’adoption informe et accompagne
parents et enfants à propos de
l’usage des réseaux sociaux* et
des conséquences sur la vie privée,
en matière d’accès aux données
personnelles. Lenjeu est d’apprendre aux
jeunes à tirer bénéfice de ces nouveaux
réseaux d’échanges sans en être victime,
et à préserver l’initiative et la maîtrise
des contacts.
Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive
car chaque jour, aux côtés des familles,
les Udaf et les associations familiales
innovent pour répondre à leurs besoins.
Pour en savoir plus:
unaf.fr
72 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LES ACTEURS ASSOCIATIFS
Léducation aux
médias, ce n’est pas
qu’à l’école !
Par Christine Menzaghi, chargée du programme Développement
associatif et militant, et Antonin Cois, chargé des politiques
de développement numérique, Ligue de l’enseignement
Journaux télévisés, fictions, émissions
de téléréalité, réseaux sociaux*, jeux
vidéo, publicité... Au quotidien, enfants
et jeunes sont noyés sous une vague de
messages et d’images. En dépit de
l’engagement de nombreux acteurs, ils
manquent bien souvent de balises et de
repères pour décrypter ce flux continu
et disparate. À l’école, au centre de
loisirs ou à la maison, dans tous les
temps de l’enfant, la Ligue de
l’enseignement replace l’éducation aux
médias et à l’information (EMI) au cœur
de ses préoccupations éducatives.
Former des citoyens critiques et
autonomes est inscrit dans les gènes
de la Ligue de l’enseignement. Avec
une conviction: si l’EMI n’est pas
un remède à tous les maux, c’est un
moyen de lutter contre les discours
de haine, de décrypter les images et
les représentations pour se forger une
opinion. Son opinion ! Comment se
fabrique l’information ? Quelle différence
entre liberté d’opinion et liberté
d’information ? Comment débusquer
les rumeurs sur Internet ? Comment
faire la différence entre l’humour d’un
Dieudonné ou celui de Charlie Hebdo ?
Pas simple de répondre à ces questions
pour des parents et des acteurs
éducatifs qui se sentent souvent bien
démunis.
Seule ou avec des partenaires, la Ligue
de l’enseignement a développé des
réponses, kits d’outils et modules de
formation pour permettre aux parents
et aux éducateurs de se saisir de l’EMI,
de manière pragmatique, avec des
formes multiples mais complémentaires,
comme la minisérie vidéo «Les clés
des médias», le programme «D-clics
numériques» ou le site de décryptage
des images, «Decryptimages».
Bel exemple d’un
partenariat constructif:
«Les clés des médias
37
»
Institutions, médias, mouvements
d’éducation populaire, parents d’élèves…
se sont réunis pour apporter une
réponse aux jeunes et aux enfants
s’inscrivant dans un continuum éducatif
autour des «Clés des médias». Avec
pédagogie et humour, sans tabou, ni
«prêchi-prêcha», chaque épisode
revisite les fondamentaux de l’éducation
aux médias, mis en scène de manière
joyeuse et dans l’univers quotidien des
jeunes.
En 2 minutes le concept est décrypté,
expliqué et peut être exploité à
la maison ou dans le cadre d’une
37. education.francetv.fr/tag/les-cles-des-medias
S’engager et s’impliquer en tant que parents 73
animation. Par exemple, le module
«Qu’est-ce qu’une information ?»
expose clairementque l’information est
différente d’une rumeur, d’une anecdote:
elle doit être vérifiée, apporter quelque
chose de neuf, accessoirement avoir
de l’intérêt pour le plus grand nombre.
Un bon point de départ pour poser les
bases de l’EMI.
«D-clics numériques
38
»:
des citoyens engagés pour une
société numérique responsable,
créative et solidaire
Les pratiques numériques des jeunes
sont souvent abordées uniquement par
ce qu’elles peuvent receler de dangereux
(cyberharcèlement, violence sur Internet,
pornographie…). On oublie trop souvent
à quel point le numérique constitue
également un formidable outil éducatif
et créatif. La Ligue de l’enseignement
et sept autres partenaires ont choisi
de relever le défi en proposant
sept parcours éducatifs (70 heures
d’activités !), clés en main, pour aborder
tranquillement ces questions, de
l’école à la maison: programmation,
jeux vidéo, robotique, Raspberry Pi
39
,
vidéos, photos, blogs*, webradios, il y
en a pour tous les goûts. Plus d’excuse
pour découvrir avec vos enfants que
le numérique et Internet recèlent bien
des potentialités autres que le surf sur
Internet !
Lenjeu éducatif est clair: ne pas avoir
une vision uniquement répressive ou
limitative des pratiques («Tu joues
20 minutes et c’est fini»), mais les
accompagner. Dans le dialogue avec
ses enfants, on découvre alors toute
la richesse de leur expérience vécue,
et on possède les clés pour les aider à
38. d-clicsnumeriques.org
39. Ordinateur low cost, de la taille d’une carte de crédit.
Il peut se brancher sur la télévision, via une entrée
HDMI. Sa particularité est de faciliter l’apprentissage de
l’informatique pour le plus grand nombre et notamment
pour les plus jeunes : raspberrypi-france.fr
devenir les citoyens créatifs, critiques et
responsables d’une société numérique !
«Decryptimages»:
décrypter les représentations
Écrans, panneaux publicitaires… Au
quotidien, chacun de nous est pris
dans un tourbillon d’images. Le site
Decryptimages.net a été conçu par
l’Institut des images et la Ligue de
l’enseignement pour donner des repères
sur la production visuelle dans le temps,
dans l’espace, par types d’images.
Sur la page d’accueil, une réflexion
générale sur l’histoire du visuel situe le
propos dans une approche historique
et culturelle, posant la question du
sens des images et des implications
qu’elles véhiculent. La réflexion sur les
images, associée aux regards, s’articule
autour de quatre questions: «De quoi
s’agit-il ?», «Comment ça fonctionne ?»,
«Quelle est notre analyse ?», «Quelle
est l’analyse de l’internaute ?».
Des expositions téléchargeables
gratuitement permettent de lancer des
débats, c’est le cas de l’exposition phare
du site, déjà téléchargée à des milliers
d’exemplaires: «Les images mentent.
Manipuler les images ou manipuler le
public ?». Dans son ensemble et par des
arrêts sur images, l’exposition aborde
les messages délivrés par les images
qui peuvent changer en fonction d’un
cadrage ou d’un contexte...
Elle trouvera ainsi sa place dans les
lycées, collèges, médiathèques, mairies,
associations, comités d’entreprises et
instituts culturels pour des rencontres
entre jeunes et adultes ! Quelques
approches parmi des dizaines
expérimentées chaque jour par notre
réseau de 103 fédérations et de milliers
d’associations, implantées sur tout le
territoire !
74 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LES OPÉRATEURS INSTITUTIONNELS
À la rencontre
des Promeneurs
du Net
Par Daniel Lenoir, directeur général de la Caisse nationale
des allocations familiales (Cnaf)
80 % des jeunes âgés entre 11 et 17 ans
sont présents sur le Net une fois par
jour, et plus de 48 % d’entre eux se
connectent plusieurs fois par jour aux
réseaux sociaux*. Où peuvent-ils trouver
des interlocuteurs pour les
accompagnersur Internet, répondre à
leurs sollicitations, leur inculquer les
bonnes pratiqueset les sensibiliser aux
risques ?
Parler le même langage
que les jeunes
et les accompagner
Une action éducative sur la Toile
s’avère nécessaire… C’est la mission
des «Promeneurs du Net». Qu’il soit
animateur, éducateur, professionnel
exerçant en centre social, en foyer de
jeunes travailleurs ou en maison des
jeunes, lePromeneur écoute, informe,
accompagne, conseille et prévient. Et
pour mieux accomplir sa mission, il entre
en contact et crée des liens avec les
jeunes en devenant «ami» avec eux sur
les réseaux sociaux (Facebook, Twitter,
Instagram, etc.).
«Avec le numérique, c’est toute une culture
qui s’exprime. La moindre des choses est de
parler le même langage que les jeunes.
C’est une façon d’emprunter la rue
numérique, être sur un mode positif de
valorisation des projets et des actions
des jeunes.»
Béatrice Martellière,
directrice de la Caf du Morbihan
Le but du Promeneur n’est jamais la
surveillance, mais bien l’accompagnement
des jeunes et l’aide à la recherche
de réponses à leurs différentes
interrogations (loisirs, emploi, formation,
sexualité, relations familiales, etc.).
De la simple information à donner au
projet complet à soutenir, de la prise en
charge de difficultés à la détection d’une
situation préoccupante, le Promeneur
du Net est unprofessionnel présent sur
le territoire digital très vaste et souvent
peu encadré de la «rue numérique». En
dialoguant avec les jeunes, il renforce
le lien social avec eux et contribue à la
construction de leur esprit critique face
à l’information et à l’image.
Créer des liens entre vies
numériques et vies réelles
«Être Promeneur du Net m’a permis de
garder un lien constant avec les jeunes qui
ont passé l’âge de venir au centre social.
On continue de communiquer avec eux
sur Facebook et de vérifier que tout va
bien. Mais dans notre centre social, il y
a un travail privilégié avec la famille, un
travail de parentalité. Nous créons un lien
S’engager et s’impliquer en tant que parents 75
entre les parents, les enfants et nous. Et
parfois ce lien va aider la famille à mieux
communiquer aussi.»
Émilie Bouquin-Bracq,
animatrice socioculturelle au sein
d’un centre social situé à Bourges
Lobjectif est de répondre, dans
un premier temps, aux différents
questionnements des jeunes et, dans
un second temps, de leur proposer
une rencontre dans la vie réelles’ils le
souhaitent ou une participation à des
projets développés sur le territoire.
La création de liens entre les vies
«numérique et réelle» est un aspect
important de la démarche.
Une démarche
venue de Suède
«Nätvandra» (nom du concept à
l’initiative des «Promeneurs du Net»)
a vu le jour en Suède en 2007 au sein
du centre de jeunesse Fryshuset, situé
dans le quartier éponyme de Stockholm.
Près de 10000 jeunes suédois ont été
concernés par cette action depuis sa
mise en place.
Cette démarche a été expérimentée
en France dès 2012, à l’initiative de
la Caf de la Manche et du conseil
départemental. En 2014, la Caf du Cher
s’est engagée dans la dynamique, en lien
avec la direction départementale de la
cohésion sociale et de la protection des
populations et le conseil départemental.
La Caf du Morbihan a expérimenté la
démarche à son tour en 2015, puis celle
de l’Ardèche en 2016.
Actuellement, 91 structures et près de
165 Promeneurs du Net sont mobilisés
dans ces 4 départements.
«Une partie de mon travail consiste à
offrir aux jeunes une présence sur Internet
où les adultes bienveillants et clairement
identifiés manquent parfois. Je suis là, en
cas de besoin, à portée de clavier, au coin
de la rue numérique, à leur disposition.
Je me présente à visage découvert et
si l’un d’entre eux veut me rencontrer
«pour de vrai», c’est tout à fait possible.
J’ai un profil Facebook professionnel,
réseau incontournable, auquel s’ajoutent
d’autres moyens de contact: Skype, mail,
téléphone.»
Yann Le Gall,
Promeneur du Net dans la Manche
«Promeneurs du Net» permet
d’envisager de nouvelles modalités
de contact et d’accompagnement des
jeunes, adaptées à leurs goûts et usages
actuels. Il permet aux professionnels
de la jeunesse d’intervenir «dans
la ruenumérique» pour y assurer
une présence éducative auprès des
jeunes, comme ils le font déjà dans
la vie «réelle». Plus qu’un dispositif,
«Promeneurs du Net» est avant tout
une posture professionnelle.
Compte tenu de l’intérêt éducatif des
«Promeneurs du Net», la Cnaf a décidé
de soutenir son déploiement à l’échelle
nationale en 2016, en partenariat avec
le ministère de la Famille, de l’Enfance
et des Droits des femmes, le ministère
de la Ville, de la Jeunesse et des Sports
et la Caisse centrale de la mutualité
sociale agricole (CCMSA). En 2017, les
«Promeneurs du Net» devraient être
développés dans près de 70 nouveaux
départements, à l’initiative des Caf et de
leurs partenaires.
Pour en savoir plus:
Pour plus d’informations sur cette
démarche et pour voir si un Promeneur
du Net intervient actuellement près de
chez vous, n’hésitez pas à consulter le
site internet: promeneursdunet.fr.
76 Guide pratique de la famille Tout-Écran
LES OPÉRATEURS INSTITUTIONNELS
Cartographie
des initiatives
de proximité
Par Laurent Garreau, pôle Labo, CLEMI
Que font les Ateliers Canopé pour aider
les parents à accompagner leurs enfants
dans leurs pratiques numériques ?
Passage en revue des principaux
événements dans les Ateliers de
proximité de Réseau Canopé.
En Haute-Marne:
forums et cafés des parents
Forum des familles
40
LAtelier Canopé de Haute-Marne
organise depuis quatre ans le Forum
des familles. Cette journée s’adresse aux
parents et à leurs enfants et propose
chaque année des activités variées,
artistiques, culturelles et éducatives.
Les enfants peuvent être pris en charge
pendant que les parents assistent à
des conférences sur des thèmes forts
(éducation aux médias, bien-être de
l’enfant, accompagnement scolaire, etc.).
À d’autres moments, parents et enfants
peuvent participer ensemble à des
activités créatives et artistiques.
40. forumdesfamilles.fr
Cafés des parents
Ce dispositif, mis en place avec plusieurs
partenaires locaux (Udaf, CMPP, ADPJ,
Ahmaf, CIDFF et la circonscription
d’action sociale), propose aux parents
un temps d’accueil dans plusieurs
écoles deux fois par semaine en début
de matinée, de 8 heures à 9 heures.
Les parents qui le souhaitent peuvent
venir discuter librement des pratiques
digitales des jeunes, essentiellement
les réseaux sociaux* et les jeux vidéo.
LAtelier Canopé de Haute-Marne, au
cours de ces échanges, a pour objectifs
à la fois d’informer et de faire découvrir
les habitudes des jeunes aux parents,
tout en leur donnant quelques conseils
pour éduquer et accompagner aux
mieux leurs enfants dans l’usage des
écrans.
En Charente:
des expositions
LAtelier Canopé de Charente conçoit,
réalise et diffuse, depuis quelques
années, des expositions itinérantes,
ludiques et interactives, ouvertes à la fois
aux parents et aux enfants (mercredi,
samedi et dimanche). Différents thèmes
sont choisis, à consonance plutôt
artistique ou scientifique, mais toujours
dans un environnement favorisant la
S’engager et s’impliquer en tant que parents 77
découverte et parfois le rêve. Après
les expositions «Mots en piste»,
«Climat», «Électromanip», l’exposition
«Bidouillocode
41
» est consacrée à
l’intelligence artificielle, l’apprentissage
du code et aux sciences informatiques
à l’école. Elle met en perspectives
historique et philosophique les enjeux
de l’introduction des technologies de
l’information, de la communication et du
numérique à l’école et dans les familles.
À La Rochelle:
un accompagnement
des élus du conseil
départemental des jeunes
LAtelier Canopé de La Rochelle
accompagne les élus du conseil
départemental des jeunes sur une
41. blogs16.ac-poitiers.fr/bidouillocode
mandature de deux ans, pour la mise
en œuvre d’une action d’éducation à
la citoyenneté associant les parents
d’élèves et comportant généralement
une dimension d’éducation aux médias,
comme la réalisation d’un projet de jeu
sérieux* en ligne «À la poursuite de
l’égalité
42
», auquel on peut jouer en
classe mais aussi en famille, de manière
à susciter la discussion avec ses enfants
sur les questions de lutte contre le
sexisme, d’harcèlement sur les réseaux
sociaux, de citoyenneté et de valeurs
républicaines et démocratiques.
42. fille-garcon.charente-maritime.fr
78 Guide pratique de la famille Tout-Écran
Dans les Pays de la Loire:
des rencontres grand public
orientées numérique
Les Ateliers Canopé de Laval, de
Mayenne, de La Roche-sur-Yon et de
Beaucouzé organisent formations
43
et
rencontres tous publics sur les médias,
les réseaux sociaux, la prise en main
d’outils multimédia et de publications
numériques le mercredi. Au programme,
entre autres: «Une trousse à outils
numériques pour faciliter l’exploitation
et la réalisation de documents
multimédia», «Découvrir la réalité
augmentée», «Les jeunes et les réseaux
sociaux»…
43. Calendrier des formations et rencontres en Pays
de la Loire: www.crdp-nantes.fr/
canope-academie-de-nantes/se-former/
accompagnements-formations-et-rencontres/
En
pratique !
Comment vérifier la véracité d’une
information et s’assurer de sa fiabilité?
Comment faire la diérence
entre un contenu journalistique
et une publicité cachée?
Passons de la théorie à la pratique
avec des exemples concrets.
Fiches extraites du dossier pédagogique
réalisé par le CLEMI pour l’édition 2017
de la Semaine de la presse et des médias dans l’école
Pour le consulter dans son intégralité :
clemi.fr/fr/evenements/semaine-de-la-presse-et-des-medias-dans-lecole.html
80 Guide pratique de la famille Tout-Écran
6
La cité maya imaginaire
du 20 heures de france 2
Vérifi er la véracité d’une information, ce d’abord vérifi er la crédibilité d’une source. D’où vient
l’info ? Quelle e la source ? E -elle crédible ? Si les journali es professionnels sont censés faire
ce travail de vérifi cation, il arrive parfois que de grands médias di usent de fausses informations
par manque de rigueur. Illu ration avec l’a aire, révélée par le site Arrêt sur images, de la
pseudo-découverte d’une cité maya.
DOSSIER : AUX SOURCES DE L’INFO
Fiche
ressources
En mai 2016, un jeune Québécois de 15 ans,
William Gadoury, passionné d’astronomie,
a découvert l’existence d’une gigantesque
cité maya, dans la péninsule du Yucatan, au
Mexique. Comment ? Ce petit génie est parti
de l’hypothèse que les cités mayas avaient
été construites en fonction des étoiles. Après
l’analyse de 23 constellations, il s’est rendu
compte qu’une cité maya n’avait encore
jamais été découverte par les archéologues.
UNE DÉCOUVERTE RELAYÉE
PAR LA PRESSE
Cette information est relayée en France par le
site 20minutes.fr.
Elle est également reprise par le 20 heures
de France 2. « D’autres observations spatiales
de l’agence canadienne confi rment celles de l’ado-
lescent », assure en voix off le journaliste.
UNE “INFORMATION” PUBLIÉE PAR
LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Incroyable ? Oui, mais d’où vient l’informa-
tion ? C’est le Journal de Montréal qui raconte
l’histoire pour la première fois le 7 mai 2016.
« Les experts et scientifi ques sont unanimes. La
découverte de William Gadoury est exception-
nelle », écrit le quotidien. Problème: tous les
articles qui ont relayé l’affaire ne se basent
que sur l’article du Journal de Montréal, et
aucun scienti que n’est nommé. Un autre
détail intrigue : à la  n de l’article du Jour-
nal de Montréal, on trouve un appel au don.
Gadoury cherche en effet à se faire  nancer
un voyage au Brésil pour l’Expo-science inter-
nationale 2017.
DES SPÉCIALISTES DE
LA CIVILISATION METTENT
EN DOUTE LA VÉRACITÉ
DE L’INFORMATION
Une seule source, aucun expert réellement
cité, une motivation suspecte… Le magazine
américain Wired, les sites d’information Arrêt
sur images et Sciences & Avenir ont donc
interrogé des archéologues et des spécialistes
de la civilisation maya pour véri er la véracité
de l’information.
Tous sont formels: l’histoire est bidon. « Cette
histoire de planifi cation de l’ensemble des cités
en fonction des constellations est une aberra-
tion », explique par exemple Marie-Charlotte
Arnauld, directrice de recherche émérite au
CNRS et archéologue de la Mésoamérique.
« Les villes sont des fondations politiques, socio-
économiques, circonstancielles. Il n’y a pas de
grand dessein maya ». En outre, « obtenir des
images satellitaires de la NASA ne veut pas dire
qu’on a la caution scientifi que de la NASA ».
Autres
Ressources
L’hi oire de la fausse mort
de Martin Bouygues ,
Les Échos, 28/02/2015.
www.lesechos.fr/28/02/2015/
lesechos.fr/0204191258278_l-
hi oire-de-la-fausse-mort-
de-martin-bouygues.htm
« Ces photos trompeuses
qui circulent après les
a entats du 13 novembre à
Paris », Le Monde, 15/11/2015.
www.lemonde.fr/les-
decodeurs/article/2015/11/15/
ces-fausses-photos-qui-
circulent-apres-les-a aques-
de-paris_4810283_4355770.
html
Alexandre Pouchard,
« Hooligans à l’Euro : Olivier
Mazerolle abusé par un
photomontage de pelle dans
un  ade », 15/06/2016.
www.lemonde.fr/les-
decodeurs/article/2016/06/15/
hooligans-a-l-euro-
olivier-mazerolle-abuse-
par-un-photomontage-
de-pelle-dans-un-
ade_4951043_4355770.html
En pratique ! 81
7
DOSSIER : AUX SOURCES DE L’INFO
suggestions pour la classe
> Regardez le reportage du 20 heures de France 2 et faites lire aux élèves l’article de
20 minutes : demandez-leur quelles sont les sources du journali e.
> Demandez aux élèves quels experts pourraient être interros pour vérifi er
l’information.
> En salle informatique, demandez aux élèves de faire une recherche sur ce e ci
maya pour qu’ils découvrent la supercherie. Comment expliquer l’erreur du Journal de
Montréal et des autres médias qui ont relayé ce e fausse information ?
LE JOURNAL DE MONTRÉAL
MODIFIE SA CARTE QUELQUES
JOURS PLUS TARD
Preuve que l’information n’est pas  able : sur
Twitter, un journaliste de Radio Canada a
découvert que le Journal de Montréal avait changé
de version en quelques jours. Dans le premier
article publié dans le journal, la nouvelle cité
maya est censée se situer au Belize. Quelques
jours plus tard, dans un deuxième article, la
cité  gure 200 km plus loin, au Mexique.
AUCUNE CITÉ MAYA
N’A ÉTÉ DECOUVERTE
Quelques semaines plus tard, d’autres médias,
recensés par Slate, démontrent que cette his-
toire n’est pas crédible. Dans les mois qui
suivent, aucune cité maya n’a été découverte.
Autres
Ressources
Séba ien Rochat, « Fausse
libération des otages au
Cameroun : comment
Le Monde s’e trompé »,
Arretsurimages.net,
21/02/2013.
www.arretsurimages.net/
articles/2013-02-21/Fausse-
liberation-des-otages-au-
Cameroun-comment-Le-
Monde-s-est -trompe-id5632
« Le 20 heures de TF1 di use
des images de Bâle... pour
évoquer Genève », 20 minutes,
02/05/2015.
www.20min.ch/ro/news/
insolite/st ory/TF1-diff u se-
des-images-de-B-le-pour-
evoquer-Geneve-20985997
William Audureau, « En 2015,
la Paris Games Week a goné
ses chi r es de plus de
100 000 visiteurs », Le Monde,
19/10/2016.
www.lemonde.fr/pixels/
article/2016/10/19/
les-mauvais-calculs-
de-la-paris-games-
week_5016283_4408996.html
Sébastien Rochat, responsable du pôle Studio
du CLEMI (ancien journaliste pour le site
Arrêt sur images)
82 Guide pratique de la famille Tout-Écran
10
Fiche
ressources PUBLICITÉ CACHÉE : LE TEST
SPONSORISÉ DES INROCKS
Les te s de jeux vidéo sont des articles à fort potentiel d’audience. Lorsque ces te s sont rédigés
par des journali es en toute indépendance, ils relèvent du champ de l’information. Mais quand
l’éditeur du jeu paye un journali e ou un média pour rédiger ces te s, e -ce un article de presse
ou une publicité ? Comment faire la di érence entre du contenu journali ique et une publicité
cachée ? Exemple avec le te onsorisé des Inrocks,repéré par le site Arrêt sur images.
DOSSIER : INFO OU PUBLICITÉ 
DEUX TESTS
Le 29 novembre 2015, Les Inrocks ont publié
sur leur site un test du nouveau jeu Tomb
Raider.
Le lendemain, un autre test, sur le jeu Fallout 4,
est publié sur le site.
DEUX SIGNATURES DIFFÉRENTES
Quand on observe la mise en forme (titre,
images, chapeau), on ne perçoit aucune
différence. Quand on observe les signatures,
en bas de l’article, on peut juste remarquer
que le test de Tomb Raider a été rédigé par un
journaliste qui se prénomme Erwan Higuinen,
alors que le test de Fallout 4 est simplement
signé « Service Rock ».
Autres
Ressources
William Audureau, « Cyprien,
Norman, EnjoyPhoenix :
le business trouble des
youtubeurs », Le Monde,
9/11/2015.
www.lemonde.fr/pixels/
article/2015/11/09/cyprien-
norman-enjoyphoenix-
les-bonnes-aff a i res-des-
youtubeurs_4805990_
4408996.html
« YouTube : Warner Bros
épinglé pour une publicité
déguisée impliquant
PewDiePie », RTL, 12/07/2016.
www.rtl.fr/culture/futur/
youtube-warner-bros-
epingle-pour-une-publicite-
deguisee-impliquant-
pewdiepie-7784076207
Séba ien Rochat, « JeuxA u.
com, faux site de presse
et vraie agence de pub »,
Arretsurimages.net,
05/12/2012.
www.arretsurimages.
net/articles/2012-12-05/
JeuxAct u c om-faux-site-de-
presse-et-vraie-agence-de-
pub-id5427
En pratique ! 83
11
DOSSIER : INFO OU PUBLICITÉ
UN ARTICLE OU UN CONTENU
PARTENAIRE
Seules les deux URLs de ces articles per-
mettent de faire la différence :
www.lesinrocks.com/2015/11/29/medias/
jeux-video/rise-of-the-tomb-raider-11790209
www.lesinrocks.com/2015/11/30/contenu-
partenaire/fallout-4-test-immense-excitant-
libre-11789448
Dans un cas, on constate que l’article a été
publié dans la catégorie « jeux vidéo ». Dans
l’autre cas, l’article apparaît dans un espace
intitulé « contenu partenaire ».
Derrière le terme de « partenariat » se cache en
réalité de la publicité cachée: c’est l’éditeur de
jeu, Bethesda Softworks, qui a  nancé le test
des Inrocks, lequel est évidemment très positif
(« univers passionnant », une « atmosphère
géniale, incroyable », une «expérience morale
profonde », une « œuvre esthétique totale,
incroyablement aboutie »).
LES INROCKS ONT MODIFIÉ
LE TEST
C’est sur Twitter qu’un journaliste des Inrocks
s’est plaint de ce mélange des genres, alertant
ainsi les journalistes d’Arretsurimages.net. À
la suite de l’enquête du site spécialisé dans
la critique des médias, Les Inrocks ont modi é
l’article en ajoutant un logo « contenu
partenaire » et la mention « en partenariat
avec Bethesda » dans le chapô du test.
Autres
Ressources
Bernard Hasquenoph,
« Au Grand Palais, une publi-
exposition qui ne dit pas son
nom », Le Monde, 19/01/2016.
htt p ://abonnes.lemonde.
fr/idees/article/2016/01/19/
au-grand-palais-une-publi-
exposition-qui-ne-dit-pas-
son-nom_4849991_3232.
html#KJoTARXdbUePfwsM.99
Benjamin Me re,
« La publication d’un
publireportage sur EDF dans
Le Parisien suscite l’émoi de
la réda i on » , PureMedias,
12/12/2013.
www.ozap.com/act u /
la-publication-d-un-
publireportage-sur-edf-dans-
le-parisien-suscite-l-emoi-
de-la-redact ion/450590
Vincent Coquaz, «Ad Dete or,
l’extension qui révèle les
pubs cachées dans les
articles», Arretsurimages.net,
20/03/2016.
www.arretsurimages.net/
articles/2016-03-20/Ad-
Detect o r -l-extension-qui-
revele-les-pubs-cachees-
dans-les-articles-id8569
suggestions pour la classe
> Faire naviguer les élèves dans la rubrique « jeux vidéo » du site des Inrocks.
> Prendre deux ou trois exemples de te s rédigés sous forme d’articles, et de te s
onsorisés (marqués désormais du logo « contenu partenaire ») et demander aux
élèves de repérer graphiquement et dans le corps du texte ce qui les di ingue.
Sébastien Rochat, responsable du pôle Studio
du CLEMI (ancien journaliste pour le site
Arrêt sur images)
84 Guide pratique de la famille Tout-Écran
16
Fiche
ressources
un piQue-niQue de migrants
dans un cimetière à caLais ?
En un clic, il e très facile de partager sur les réseaux sociaux un commentaire accompagné
d’une photographie non sourcée. Mais comment s’assurer que l’information e able ?
Exemple avec une photographie de migrants censée avoir été prise dans un cimetière à Calais.
DOSSIER : INFO/INTOX, THÉORIES DU COMPLOT
UNE PHOTOGRAPHIE PARTAGÉE
SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
24 000 utilisateurs de Facebook ont partagé
cette photographie et ce commentaire,
publiés le 16 septembre 2016.
D’après cet internaute, des migrants auraient
organisé un pique-nique dans un cimetière
à Calais. « Aucune image ni info à la TV »,
s’indigne cet internaute sur Facebook.
Info ou intox ? Les 24 000 personnes qui ont
partagé ce post ont certainement cru à l’in-
formation. Et pourtant, les Observateurs
de France 24 ont démonté cette supercherie.
UTILISER GOOGLE IMAGES POUR
CHERCHER LA SOURCE
En utilisant Google images, il est en effet pos-
sible de véri er si une image (ou une image
proche) a déjà été publiée sur d’autres sites à
d’autres dates. Il suf t de cliquer sur le petit
icône appareil photo à droite, et de mettre
l’URL de l’image ou de télécharger l’image que
vous souhaitez véri er. Dans le cas de cette
photo de Calais, on découvre avec cette tech-
nique que la photo a déjà été publiée à plu-
sieurs reprises.
Sur le site « Debunkers de Hoax », il est par
exemple indiqué qu’il s’agit d’une photo prise
dans un cimetière située entre la Serbie et la
Croatie.
Autres
Ressources
Jacques Pezet, « Non, des
migrants n’ont pas incendié
un centre par manque
de Nu t e l l a » , Libération,
23/11/2016.
www.liberation.fr/
desintox/2016/11/23/non-
des-migrants-n-ont-pas-
incendie-un-centre-par-
manque-de-nutella_1530306
« Jungle » de Calais : la
fausse photo de migrants
souriant devant leurs tentes
en fl ammes, Le Monde,
27/10/2016.
htt p ://abonnes.lemonde. fr/
les-decodeurs/
article/2016/10/27/jungle-de-
calais-la-fausse-photo-de-
migrants-souriants-devant-
leurs-tentes-en-
fl ammes_5021392_4355770.
html
En pratique ! 85
17
DOSSIER : INFO/INTOX, THÉORIES DU COMPLOT
suggestions pour la classe
> Demandez aux élèves d’observer la photographie et le commentaire publié sur
Facebook : la description du cliché corre ond-elle bien à la scène photographe ?
Quelle e la source ?
> Demandez aux élèves de véri er l’authenticité de la photographie via Google images.
> Demandez aux élèves de retrouver des reportages et des articles expliquant le
contexte de ce e photographie.
UNE PHOTO DÉJÀ PUBLIÉE
EN 
On découvre aussi que la photo a déjà été
publiée en 2015 sur Twitter.
La date et le lieu posent donc problème. De
même, quand on observe attentivement la
photographie, on ne voit aucun migrant en
train de pique-niquer. Certains sont juste
assis sur des tombes.
UNE PHOTOGRAPHIE PRISE
À LA FRONTIÈRE ENTRE LA SERBIE
ET LA CROATIE
En réalité, France 24 a retrouvé plusieurs
articles expliquant cette scène (notamment
un article publié sur le site de France 3). La
photographie a été prise le 22 septembre
2015 dans la ville de Sid, qui se trouve à la
frontière entre la Serbie et la Croatie. À cette
époque, près de 9 000 migrants souhaitent
passer en Serbie. En attendant l’ouverture
d’un centre d’enregistrements, des migrants
ont donc patienté dans un cimetière en
présence de bénévoles de la Croix-Rouge et
du Haut-Commissariat des Nations unies
pour les réfugiés.
Conclusion: il n’y a jamais eu de pique-nique
de migrants à Calais dans un cimetière.
Autres
Ressources
Vidéo : Les migrants et
la rumeur des colis non
halal, Arretsurimages.net,
07/10/2015.
www.arretsurimages.net/
contenu.php?id=8101
Alexandre Capron, « Comment
des internautes créent
l’intox autour des images de
migrants », Les observateurs
de France 24, 14/09/2015.
htt p ://observers.france24.
com/fr/20150914-comment-
internautes-creent-intox-
images-migrants-refugies-
desinformation-extreme-dr
« Migrants : cinq fausses
hi o ires qui se sont
propagées », L’Express,
20/09/2015.w
www.lexpress.fr/act u alite/
monde/migrants-cinq-
fausses-hist o ires-qui-se-
sont-propagees_1717679.html
Sébastien Rochat, responsable
du pôle Studio du CLEMI
86 Guide pratique de la famille Tout-Écran
Bibliographie-
sitographie
Sites dédiés à l’éducation
aux médias, à l’information
et au numérique
Centre pour l’éducation aux médias
et à l’information (CLEMI)
clemi.fr
Le CLEMI est chargé de l’éducation aux
médias dans l’ensemble du système
éducatif français. Il s’adresse aux
enseignants, aux élèves mais aussi
aux familles pour les accompagner
vers une meilleure compréhension
du fonctionnement des médias, de la
construction de l’information et pour
les aider à forger leur esprit critique.
Dans l’onglet «Ressources», puis
«Publications», découvrez notamment:
ñ le dossier pédagogique de la Semaine
de la presse et des médias dans l’école
(événement organisé chaque année en
mars par le CLEMI);
ñ la brochure Médias et information, on
apprend!;
ñ ainsi que la revue de presse des
journaux scolaires et lycéens, à lire en
famille.
Dans l’onglet «Ressources», puis
«Ressources pédagogiques», accédez
à de nombreuses fiches d’information et
des fiches pédagogiques. À noter parmi
elles, une fiche rédigée après le choc
de la publication des photographies du
petit syrien Aylan Kurdi, échoué sur la
plage en 2015, par Isabelle Féroc-Dumez,
«Histoires d’images… ou les images qui
changent l’Histoire»:
clemi.fr/fr/ressources/nos ressources-
pedagogiques/ressources-pedagogiques/
histoires-dimages-ou-les-images-qui-
changent-lhistoire.html
HabiloMédias
habilomedias.ca
Le Centre canadien d’éducation aux
médias et de littératie numérique offre
un accès «Pour parents» à des contenus
tels que «Discuter du contenu haineux
dans les médias avec vos enfants» ou
encore «Aider les jeunes à faire face à la
cyberintimidation».
Média Animation
media-animation.be
Ce centre de ressources en éducation
aux médias belge propose des
ressources pour développer l’éducation
critique de tous face aux médias dans un
esprit citoyen.
123clic
123clic.be
Site créé par Média Animation, destiné
aux parents et grands-parents d’enfants
de 3 à 6 ans, et présentant vingt
activités à mettre en place en famille
avec la tablette ou le téléphone mobile.
Internet à la maison en 10 questions
internetalamaison.be
Site-guide rassemblant des paroles
de parents et des éclairages éducatifs
autour de la place d’Internet dans la
famille et les usages qu’en font les plus
jeunes.
E-media.ch
e-media.ch
Site suisse romand d’éducation aux
médias. La rubrique «Jeunes et médias»
fourmille d’informations relatives à
l’hyperconnectivité, la cyberdépendance
et le cyberharcèlement.
Bibliographie-sitographie 87
Internet sans crainte
internetsanscrainte.fr
Ce site invite les éducateurs et les
parents à donner aux jeunes la maîtrise
de leur vie numérique. La rubrique
«Parents» aborde les usages, les risques
(contenus choquants, harcèlement, etc.)
et propose une boîte à outils.
Vinz et Lou
vinzetlou.net
Des dessins animés et des ressources
pour aborder les grands enjeux de
société pour les 7-12 ans.
F8: Essayons de mieux
comprendre Internet
f8proj.eu
Plateforme issue d’un projet européen
franco-allemand, porté en France par
l’association d’éducation aux médias
Mediapte. Plaçant l’internaute dans la
posture d’un enquêteur, le site invite à
mieux comprendre l’univers numérique
pour emmener les jeunes vers des
pratiques raisonnées.
Connaître les pratiques
d’information des jeunes
A.Cordier, Grandir connectés.
Les adolescents et la recherche
d’information
Caen, C&FÉditions, 2015
M.Dagnaud, Génération Y. Les jeunes
et les réseaux sociaux, de la dérision
à la subversion
Paris, Presses de Science Po, 2013
S.Jehel, Parents ou médias, qui éduque
les préadolescents? Enquête sur leurs
pratiques TV, jeux vidéo, radio, Internet
Toulouse, Éditions Érès, 2011
«Bienvenue en adosphère»
Atelier des médias, RFI, 9, 16 et
23janvier 2016
rfi.fr/emission/20160109-bienvenue-
adosphere-premiere-partie
Une série en trois volets consacrée à la
culture informationnelle et numérique
des adolescents de 12 à 18 ans. La
première partie aborde les usages
des jeunes en matière de réseaux
sociaux, messageries et jeux en ligne;
la seconde les présente en tant que
jeunes producteurs de contenus en ligne,
notamment sur YouTube; la troisième
partie expose les limites et dangers des
cyberpratiques des adolescents et le rôle
des parents à cet égard.
«Pratiques informationnelles
informelles des adolescents»
Savoirs CDI, octobre 2012
reseau-canope.fr/savoirscdi/
societe-de-linformation/reflexion/
pratiques-informationnelles-informelles-
des-adolescents.html
Interview de Karine Aillerie sur les
résultats de la recherche qu’elle a
menée pour sa thèse en Sciences de
l’information et de la communication
sur les «Pratiques informationnelles
informelles des adolescents (14-18 ans)
sur le Web». L’article contient un lien
vers la thèse.
Des initiatives pour distinguer
info et intox sur le Web
Stopintox
stopintox.fr
Initiative de LaTéléLibre et de l’École
des métiers de l’information. Ce projet
pédagogique publie des enquêtes
en vidéos (à commencer par les
Illuminati) et regroupe des ressources
indispensables à la détection des fausses
informations dans un «kit de survie».
Hoaxbuster
hoaxbuster.com
Site détectant rumeurs, fausses
informations et canulars sur le Web.
88 Guide pratique de la famille Tout-Écran
WTF: What The Fake
wtf-project.fr
Site interassociatif d’alerte et de lutte
contre les théories du complot et
rumeurs véhiculant des discours de
haine (racisme, sexisme, homophobie…).
«Info ou intox: comment déjouer
les pièges sur Internet?»
Vidéo (7 min 09), France 24,
10mars 2015
france24.com/fr/20150310-internet-
education-video-complot-piege-reseaux-
info-intox
Deux journalistes, Ségolène Malterre
et Wassim Nasr, donnent des clés pour
déceler les vidéos de propagande,
les théories complotistes et autres
manipulations de l’information sur
Internet.
Info-intox: quand Internet vous tend
des pièges
Vidéo (5 min 45), France 24,
11mars 2015
france24.com/fr/20160311-info-intox-
quand-internet-vous-tend-pieges
Démasquer une intox en 5 étapes
Vidéo (4 min 54), France 4
france4.fr/emissions/l-autre-jt/
demasquer-une-intox-en-5-
etapes_422025
Jean-Marc Manach, journaliste
d’investigation, vous apprend à déjouer
les intox et à retrouver la source des
histoires inventées de toutes pièces sur
les réseaux sociaux.
«“Hoax”: l’instit qui apprend
à ses élèves à devenir des détectives
du Web»
É.Brouze, Rue89, 9janvier 2017
tempsreel.nouvelobs.com/rue89/
rue89-nos-vies-connectees/20170109.
RUE6109/hoax-l-instit-qui-apprend-a-
ses-eleves-a-devenir-des-detectives-du-
web.html
Interview de Rose-Marie Farinella,
professeur des écoles, à propos de la
séquence pédagogique qu’elle mène
avec des élèves de CM2 pour leur
apprendre à distinguer l’info de l’intox.
Larticle est illustré de troisvidéos
(réalisées par Hygiène mentale) pour
rendre compte de ce projet:
Partie 1: Éducation aux médias
et à l’information à l’école (16min47)
youtube.com/watch?v=__DVwG9oiuU&t=55s
Partie 2: Analyser les images (18 min 02)
youtube.com/watch?v=miJ2ObMs-I4
Partie 3: Remonter à la source de
l’information (18min25)
youtube.com/watch?v=0ig87rUmwc8
Sélection de médias
education-aux-medias.ac-versailles.fr/
panorama-de-la-presse-d-actualite-
jeunesse
Une liste des médias à destination
des jeunes précisant les tranches
d’âge des enfants auxquels ils
s’adressent. Ces médias offrent une
information journalistique et proposent
régulièrement des contenus mettant en
garde contre les fausses informations.
Données personnelles,
réseaux sociaux: accompagner
ses enfants dans la protection
de leur vie privée
Éducnum
educnum.fr
Site du collectif d’acteurs Éducnum
d’«éducation au numérique pour tous»,
édité par la Commission nationale de
l’informatique et des libertés (Cnil). Les
outils et conseils concernent surtout la
protection de la vie privée et les réseaux
sociaux.
Cookieviz
linc.cnil.fr/fr/cookieviz-une-dataviz-
en-temps-reel-du-tracking-de-votre-
navigation
Un outil de la Commission nationale de
l’informatique et des libertés (Cnil) pour
visualiser les traces que l’on laisse sur le
Web. À expérimenter en famille.
Bibliographie-sitographie 89
Offrir à ses enfants
des espaces de navigation
sécurisés
DuckDuckGo
duckduckgo.com
Un moteur de recherche qui ne collecte
pas les données personnelles des
internautes.
Qwant Junior
qwantjunior.com
Le moteur de recherche Qwant met à
disposition des plus jeunes un service
leur permettant de naviguer sur une
sélection de pages web dont les
contenus sont adaptés à leur âge.
YouTube Kids
kids.youtube.com
Application permettant d’accéder à des
vidéos pour les plus jeunes et toute la
famille.
Temps d’écrans, santé
et développement
de l’enfant
J.-F.Bach, O.Houdé, P.Léna,
S.Tisseron, L’Enfant et les écrans.
Un avis de l’Académie des sciences
Académie des sciences-Le Pommier,
2013
academie-sciences.fr/pdf/rapport/
avis0113.pdf
Également en vente en format livre.
Premier rapport de l’Académie au sujet
des effets des écrans sur le cerveau
des enfants de 0 à 18ans, qui envisage
aussi bien les aspects négatifs que les
aspects bénéfiques et établit une série
de recommandations pour un meilleur
usage des écrans.
S.Tisseron, 3-6-9-12. Apprivoiser
les écrans et grandir
Éditions Érès, Toulouse, 2015
«Familles connectées»
Réalités familiales, n°114-115, Unaf,
octobre2016
S.Tisseron, «Les enfants de moins de
3 ans et les écrans: s’y retrouver parmi
les études contradictoires»
Atlantico, 28octobre 2014
atlantico.fr/decryptage/enfants-moins-
3-ans-et-ecrans-retrouver-parmi-etudes-
contradictoires-serge-tisseron-1829880.
html
Le pédopsychiatre Serge Tisseron
répond dans cet entretien à des
questions épineuses telles que
«Comment éviter les écrans dans un
monde où ils sont omniprésents?»
ou encore «Pourquoi existe-t-il
autant de divergences dans les
recommandations?»,
«Le développement des enfants
est-il unique à chacun?».
«Exposition des enfants aux
radiofréquences: pour un usage
modéré et encadré des technologies
sans fil»
Agence nationale de sécurité sanitaire
de l’alimentation, de l’environnement et
du travail (Anses), 8juillet 2016
anses.fr/fr/content/exposition-des-
enfants-aux-radiofr%C3%A9quences-
pour-un-usage-mod%C3%A9r%C3%A9-
et-encadr%C3%A9-des-technologies
Ce communiqué synthétise les
conclusions du rapport Exposition aux
radiofréquences et santé des enfants,
Anses, juin2016. Un lien vers le rapport
au format PDF est inclus dans la page.
Les ondes mobiles: tout savoir
sur le bon usage du portable
Institut national de prévention et
d’éducation pour la santé (Inpés)
lesondesmobiles.fr
Cette campagne de prévention de l’Inpés
présente sept précautions simples à
prendre pour limiter l’exposition aux
radiofréquences des téléphones mobiles
pour tous, ainsi que des conseils pour
«protéger encore plus les enfants et
les jeunes».
90 Guide pratique de la famille Tout-Écran
I.Eustache, «Pourquoi et comment
protéger les yeux des enfants face à un
écran?»
e-sante.fr, 28août 2015
e-sante.fr/pourquoi-comment-proteger-
yeux-enfants-face-ecran/actualite/835
Le DrOliver Laplace, chirurgien-
ophtalmologiste, fait le point sur les
risques de troubles visuels provoqués
par une mauvaise utilisation des écrans
et les moyens de les prévenir.
«Moins d’écrans»
Naître et grandir, Fondation Lucie et
André Chagnon, avril2015
naitreetgrandir.com/fr/dossier/moins-d-
ecrans
On découvre dans le dossier de ce
site québécois d’aide à la parentalité
comment trois familles ont mis en
œuvre le défi d’une moindre utilisation
des écrans pendant une semaine:
«Une semaine sans télé», «Bye bye
Facebook!», «S’amuser sans écran».
Le dossier propose aussi des «Liens et
ressources utiles».
«Les écrans et les jeunes enfants»
Naître et grandir, Fondation Lucie et
André Chagnon, novembre2016
naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/
jeux/fiche.aspx?doc=ecrans-jeunes-
enfants-television-ordinateur-tablette
Cette page fait le point sur les
conclusions d’experts, notamment
outre-Atlantique, et offre quelques
conseils quant au temps et aux types
d’écrans adaptés aux enfants de moins
de 3 ans.
Livres pour enfants
Dr C.Dolto, Les mots et les images
qui font peur
Paris, Gallimard Jeunesse, 2016
De 2 à 5 ans.
M. Edwards, Les Infos me font peur
Paris, Bayard, 2016
À partir de 8 ans.
V.Tyou, Cliky, l’énigme numérique
V.Tyou, Cliky, le crack des réseaux
Hévillers (Belgique), Ker Éditions,
2015-2016
De 9 à 12 ans.
Série de romans jeunesse illustrés (deux
romans parus à ce jour) dans lesquels
une donnée informatique, Cliky, éjectée
d’Internet un soir d’orage, est recueillie
par la famille de Félix. Leur rencontre
et les aventures qui les lient nous font
découvrir l’influence d’Internet dans nos
vies et nous incitent à en faire le meilleur
usage possible. Un site web est associé
aux ouvrages: cliky.eu.
Glossaire 91
Glossaire
Blog
Site web ne nécessitant pas de
connaissance particulière en
programmation sur lequel un internaute
tient une chronique personnelle ou
consacrée à un sujet particulier. Les
articles (billets) sont généralement
affichés dans l’ordre chronologique
inversé et ouverts aux commentaires
des visiteurs du blog.
Blogueur, blogueuse
Personne qui tient un blog.
Buzz
Bouche à oreille viral qui naît et se
développe sur Internet, provoquant un
retentissement médiatique.
Chat (ou tchat)
Discussion écrite en temps réel par
messages électroniques entre deux ou
plusieurs internautes.
Classe inversée
La classe inversée (on parle aussi
de «pédagogie inversée») est une
approche pédagogique qui inverse les
temps d’apprentissage. Classiquement,
on la définit comme la mise à disposition
de cours magistraux sous forme de
vidéos à consulter avant une période
d’approfondissement et de consolidation
en classe. La pédagogie inversée revêt
en réalité une multitude de formes.
Cloud
Raccourci decloudcomputing,
littéralement traduit par «informatique
dans les nuages». Il désigne l’utilisation
de serveurs distants (en général
accessibles par Internet) pour traiter ou
stocker l’information. Lecloudpermet
de travailler sur un même fichier depuis
plusieurs postes de travail (ordinateurs
ou appareils mobiles).Les services
decloud computingles plus connus
sontDropbox, SkydriveetGoogle drive.
Digital natives
Expression popularisée par le chercheur
Marc Prensky. Un digital native (enfant
du numérique) est une personne
qui a grandi dans un environnement
numérique.
Écran actif
Un écran actif, par opposition à un écran
passif, suppose une interaction avec son
utilisateur. Ce terme est souvent employé
pour parler des jeux qui nécessitent une
participation de l’utilisateur pour faire
évoluer le contenu.
EMI
Acronyme de «Éducation aux médias
et à l’information».
Génération Y
Expression popularisée par la sociologue
Sylvie Octobre. La générationY
est composée d’individus nés
approximativement entre 1980 et 1995.
On considère que cette génération a
pour caractéristique d’avoir grandi avec
le développement d’Internet, des jeux
vidéo et des téléphones portables.
92 Guide pratique de la famille Tout-Écran
Génération Z
C’est la génération qui succède à
la génération Y. Nés après 1995, les
individus de la génération Z sont nés et
ont grandi avec Internet et sont censés
être encore plus connectés que ceux de
la génération Y.
Hacker
Personne qui, par jeu, goût du défi
ou souci de notoriété, cherche à
contourner les protections d’un logiciel,
à s’introduire frauduleusement dans
un système ou un réseau informatique
(recommandation officielle: fouineur).
On parle aussi du verbe «hacker»
lorsqu’on entre par effraction, qu’on
pirate un système informatique.
Identiténumérique
Lien technologique entre une entité
réelle (la personne) et une entité
virtuelle (sa ou ses représentations
numériques). Elle se construit à partir
de plusieurs éléments: les données
personnelles associées à son ou ses
profils, les informations qu’elle publie
sur le Web, les informations que d’autres
publient à son sujet, les traces qu’elle
laisse.
Jeu sérieux (ou serious game)
Un jeu sérieux est un logiciel qui
combine les ressorts ludiques à des fins
pédagogiques. Destiné à l’apprentissage,
il utilise les codes des jeux vidéo (scores,
progression par niveaux, scénarios
ludiques et parfois collaboratifs).
Licence Creative Commons
Les licences Creatives Commons
régissent les conditions d’utilisation
et/ou de distribution d’œuvres en ligne.
Il existe six licences différentes.
Mooc
Acronyme de «Massive Open Online
Courses». Formation à distance
à laquelle un grand nombre de
participants peut s’inscrire (d’où la
terminologie «ouvert et massif»).
Les participants communiquent via
différents outils numériques en ligne,
en particulier via des plateformes
spécialisées.
Open Data
Mise à disposition de données
numériques, d’origine publique ou
privée, libres d’accès et réutilisables
par tous (recommandation officielle:
données ouvertes).
Réseaux sociaux
Sites ou applications web où les
internautes peuvent créer leur page
personnelle, discuter et publier du
contenu (photos, vidéos, liens…) auprès
d’un réseau d’amis ou de professionnels.
Streaming
Principe de transmission de flux audio
ou vidéo permettant la lecture
immédiate. Contrairement au
téléchargement qui nécessite d’avoir
chargé le fichier complet pour pouvoir
l’exploiter, lestreamingdémarre aussitôt
après un court délai de mise en mémoire
tampon. Après écoute ou visionnage,
aucune partie du fichier ne reste stockée
dans l’ordinateur.
Vue
Une vue est comptabilisée chaque fois
qu’un internaute regarde des vidéos sur
YouTube.
Glossaire 93
Wifi
Un réseauwifipermet de relier sans fil
plusieurs appareils informatiques au
sein d’un réseau informatique afin de
permettre la transmission de données
entre eux. De fait, les ordinateurs
portables, tablettes, smartphones et
autres appareils mobiles peuvent se
connecter à internet sans fil.
Wiki
Logiciel ou site internet qui permettent
aux utilisateurs de créer et de publier
conjointement un contenu.Wikipédia
est le plus connu.
Youtubeur
Le terme de youtubeur (youtubeuse)
désigne un individu qui produit des
vidéos diffusées sur YouTube et dans
lesquelles il figure.
Les réseaux sociaux
les plus utilisés
Facebook
Réseau social qui permet à ses
utilisateurs de publier des images,
des photos, des vidéos, des fichiers
et des documents, d’échanger des
messages, de joindre et créer des
groupes, des événements et d’utiliser
une variété d’applications.
Instagram
Application qui permet le partage de
photos et de vidéos. Instagram tient son
succès de ses filtres qui magnifient les
photos de ses utilisateurs.
Snapchat
Application de partage de photos et de
vidéos. Chaque contenu envoyé n’est
visible par son destinataire que durant
une période allant d’une à dix secondes.
Cette application permet également
de dessiner, d’ajouter des données
personnelles (heure, date, localisation,
température) ou bien des filtres (animés)
sur les photos ou les vidéos.
Twitter
Plateforme de micro-blogging
permettant la diffusion de messages
courts (140 caractères) à une liste
de contacts personnels. La fonction
«retweet» permet de relayer
l’information à son propre réseau ou bien
de répondre au tweet.
WhatsApp
Application mobile qui fonctionne grâce
à une connexion internet et se présente
comme une alternative aux SMS et MMS :
un moyen de communiquer gratuitement
à l’étranger lorsqu’on dispose d’une
connexion wifi*.
SOURCES:
MédiaFiches (lexique proposé par le pôle
numérique de l’académie de Créteil dans le cadre
de la collection des MédiaFiches dédiées aux
usages des Tice); Académie de Paris, glossaire du
numérique; Larousse en ligne.
Sélection
de ressources
50 ans de pédagogie
par les petits écrans
Sous la dir. de Laurent Trémel
2015
ePub : Réf. 755A4359 − Gratuit
Cultures numériques,
éducation aux
médias et à
l’information
Sous la dir. d’Éric Bruillard
2013
ePub : Réf. 755A4243
7 €
Expliquer Internet
et la loi en milieu
scolaire
Fabrice Mattatia
Ouvrage, 144 p.
Réseau Canopé/Eyrolles
2015
Livre : Réf. 755D0227 − 9,90 €
ePub : Réf. 755A4373 − 6,99 €
velopper
l’esprit critique
2016
En ligne : reseau-canope.fr/
developper-lesprit-critique
Avec le soutien de
En collaboration avec
Le CLEMI,
un acteur institutionnel
en mouvement
Fondé en 1983, le CLEMI, service de
Réseau Canopé, opérateur du ministère
de l’Éducation nationale, est l’acteur
institutionnel clé de l’éducation aux médias et
à l’information (EMI) en France. Son ancrage
historique lui a permis de développer des
partenariats solides et une expertise dans
tous les domaines médiatiques (presse papier,
radio, télévision, Internet) qui le dotent
d’une compétence pointue de conseil à la
création et au soutien des médias scolaires,
au service de l’expression des élèves. La
Semaine de la presse et des médias dans
l’école, son opération phare depuis plus de
25 ans, traduit son engagement citoyen
auquel s’ajoutent d’autres dispositifs plus
récents tels que la Journée du direct, le
Wikiconcours, le concours Arte Reportage ou
encore le concours des médias scolaires et
lycéens Médiatiks, qui mettent en lumière la
production médiatique des élèves avec l’enjeu
de la publication responsable à l’heure des
réseaux sociaux.
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Directeur de publication :
Jean-Marc Merriaux
Conception et direction
éditoriale:
Virginie Sassoon
Coordination générale :
Laurent Garreau
Secrétariat d’édition:
Catherine Douçot,
Julie Lavalard
Suivi scientifique :
Isabelle Féroc-Dumez
Suivi éditorial :
Sébastien Rochat,
Mathilde Dubot
Direction artistique
et mise en pages:
Samuel Baluret
Illustration:
Kim Consigny
Directeur de la communication:
Choukri Kouas
Bibliographie et sitographie:
Carole Hourt
Assistant documentation:
Florent Delattre
ISBN : 978-2-240-04399-3
© CLEMI/Réseau Canopé, 2017
(établissement public
à caractère administratif)
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de reproduction et d’adaptation
réservés pour tous pays.
Le Code de la propriété
intellectuelle n’autorisant,
aux termes des articles L.122-
4 et L.122-5, d’une part, que
les « copies ou reproductions
strictement réservées à l’usage
privé du copiste etnon destinées
à une utilisation collective », et,
d’autre part, que les analyses et
les courtes citations dans un but
d’exemple et d’illustration, « toute
représentation ou reproduction
intégrale, ou partielle, faite sans
le consentement de l’auteur ou
de ses ayants droit ou ayants
cause, estillicite ».
Cette représentation ou
reproduction par quelque
procédé que ce soit, sans
autorisation de l’éditeur ou du
Centre français de l’exploitation
du droit de copie (20, rue
des Grands-Augustins, 75006
Paris) constitueraient donc
unecontrefaçon sanctionnée par
les articles 425 et suivants du
Code pénal.
Pourquoi ce guide ?
Quels réflexes adopter face à la désinformation?
Comment conseiller vos enfants sur les réseaux sociaux
et les protéger des images violentes?
Quelles sont les règles à respecter et à inventer dans ce monde
d’ultraconnexion dans lequel ils grandissent?
Pour apporter des réponses, le CLEMI, Centre dédié à l’éducation
aux médias et à l’information pour le ministère de l’Éducation
nationale, étend sa mission au-delà des murs de l’école pour écouter,
comprendre et accompagner les parents et sensibiliser
les enseignants sur les pratiques médiatiques des élèves.
Ce guide a pour vocation de fournir des éclairages utiles
et des conseils pratiques aux familles, mais aussi à l’ensemble
des acteurs éducatifs et associatifs. Les illustrations présentent
l’univers de la famille Tout-Écran avec Erwan et Myriam,
des parents connectés mais parfois un peu dépassés
dans la gestion des écrans avec leurs trois enfants.
Nous faisons le pari que vous vous reconnaîtrez (un peu)
dans cette famille Tout-Écran !
ISBN : 978-2-240-04399-3
@leclemi facebook.com/clemi.fr