Histoire de l'automobile
L'histoire de l'automobile est caractéristique de celle des grandes inventions qui ont ponctuées les XIXe et XXe siècles.
Le terme « automobile », lui-même, n'est forgé qu'en 1890 et il faut attendre 1896 pour voir l'Académie française se prononcer sur son genre, féminin en l'occurrence.
Les débuts de l'automobile
Si l'on s'en tient à l'étymologie du mot, « qui se meut par soi-même », c'est le fardier de Cugnot qui, le premier, remplit cette condition. Dès 1769, Joseph Cugnot présente son fardier à vapeur », un chariot propulsé par une chaudière à vapeur. C'est le premier engin à vapeur auto-propulsé et était destiné à déplacer de lourds canons. Il atteint de 4 à 10 km/h pour une autonomie moyenne de 15 minutes avec un maximum de 30 mètres parcourus.
Parmi les plus fameuses adaptations de la propulsion à vapeur, il convient de signaler Amédée Bollée qui commercialise en 1872 une véritable « locomotive routière », un véhicule pouvant transporter douze personnes. Vitesse de pointe : 40 km/h. Bollée commercialise ensuite des omnibus à vapeur (à partir de 1876), puis une voiture plus légère (2,7 tonnes) que son premier modèle, qui dépasse facilement les 40 km/h (1878). Exposée à Paris lors de l'Exposition universelle, cette voiture est classifiée comme... matériel ferroviaire.
L'Exposition universelle de Paris de 1878 permet toutefois à Benjamin Peugeot de découvrir cet engin. Les commandes affluent de toutes parts, d'Allemagne tout particulièrement où une filiale Bollée voit même le jour en 1880. Bollée part alors à la conquête du monde et présente ses modèles de Moscou à Rome, de Syrie en Angleterre (1880-1881). Un nouveau modèle est lancé : c'est une conduite intérieure de six places avec une boîte de vitesse à deux rapports, un moteur à vapeur de 15cv (1880).
En 1882, un modèle « rapide » de six places pouvant atteindre 53 km/h est proposé. D'autres modèles suivront, mais la propulsion à vapeur s'avère une impasse en matière de rapport poids/performance. Bollée et son fils Amédée Bollée fils, expérimentent bien une propulsion à l'alcool, mais c'est finalement le moteur à explosion et le pétrole qui s'imposent.
Le moteur
C'est en 1860 que la première ébauche d'un moteur à explosion a été créée. Ce moteur inédit fabriqué par Étienne Lenoir est, dans un premier temps, alimenté au gaz d'éclairage. Quelque temps plus tard il invente un carburateur permettant de remplacer le gaz par du pétrole. Souhaitant expérimenter au plus vite son moteur, il l'installe sur une voiture rudimentaire, et de Paris parvient à Joinville-le-Pont. Malheureusement, Lenoir, faute de moyens matériels et financiers, se voit dans l'obligation d'abandonner ses recherches.
Le premier « vrai » moteur à déflagration fut mis au point par deux ingénieurs allemands, Gottlieb Daimler (1872) et Carl Benz (1882) qui, chacun de son côté, cherchent à vendre leur brevet en France.
En 1884, Edouard Delamare-Debouteville construit la première voiture automobile équipée d’un moteur à explosion (gaz), mais c'est l'Allemand Carl Benz qui adapte le premier un moteur à explosion à pétrole sur une automobile en 1886.
En 1889, René Panhard et Émile Levassor installent le premier moteur à quatre temps (celui de Daimler) sur une voiture à quatre places. Rudolf Diesel mettra au point le type moteur qui porte son nom.
En janvier 1891, Panhard et Levassor font déjà rouler dans les rues de Paris les premiers modèles français équipées du moteur Benz. C'est la première voiture à moteur à explosion commercialisée.
La fin du XIXe siècle
À partir de cette période la recherche et l'évolution de l'automobile va progresser de manière fulgurante en Occident. C'est également à cette période que commencent les déboires de la voiture : alors qu'elle demeurait un objet de luxe réservé aux plus fortunés, les routes sans revêtement ni signalisation s'avéraient très difficiles à pratiquer. Le démarrage du moteur quant à lui était une épreuve fastidieuse et les intempéries comme la poussière étaient redoutées, les occupants n'étant pas isolés dans un espace clos.
Le 2 avril 1891, Armand Peugeot découvre les joies de l'automobile au volant d'une Levassor. Marius Berliet débute ses activités en 1896, et en 1898 Louis Renault construit seul sa première voiturette à Billancourt. Georges Latil, en 1897, fait breveter le principe d’une transmission articulée, permettant d’actionner les roues d’un essieu brisé, les rendant ainsi à la fois motrices et directrices, en tant qu'avant-train complet. Tous ces pionniers améliorent la mécanique et les performances et mettent en place une véritable industrie.
La France est alors à la pointe comme le montre les chiffres de production du début du siècle : en 1903, la France produit 30.204 voitures (soit 48,77% de la production mondiale), les USA 11.235. Les Britanniques (9.437), les Allemands (6.904), les Belges (2.839) et les Italiens (1.308) sont les autres pays producteurs. Peugeot, Renault et autres Panhard ont déjà des points de vente aux États-Unis. La France compte 30 constructeurs automobiles en 1900, 57 en 1910 et 155 en 1914.
Les premières courses automobiles
C'est en 1898 que se produit le premier accident mortel en course (voir au mots clé: landry beyroux) En 1899, le Belge Camille Jenatzy dépasse le premier les 100 km/h à bord de la Jamais Contente, un véhicule électrique profilé comme un cigare. Le moteur à explosion à pétrole n'est en effet pas le seul candidat en lice pour propulser une automobile, et l'électricité, dès la fin du XIXe siècle, est une piste explorée par les ingénieurs.
Les passionnés de l'automobile connaissaient beaucoup de difficultés et de souffrance, mais elles ne les rebutèrent pas, et parmi eux certains pouvaient se payer aussi le chauffeur, mais tous étaient désireux de faire découvrir « la voiture sans chevaux » comme on la surnommait à l'époque, au plus grand nombre. Pour cela ils organisèrent des courses telles que le Paris-Rouen qui fut, pour la première fois organisée en 1894. Toutes ces courses eurent pour conséquence d'anéantir le moteur à vapeur et de mettre en valeur la souplesse et l'endurance du moteur à déflagration mais elles démontrèrent également, grâce à la Peugeot pilotée par André Michelin, que la voiture gagne beaucoup à « rouler sur l'air ».
C'est en 1903, avec la course Paris-Madrid, et après plusieurs accidents mortels, que les courses de route deviendront des rallyes et des courses de côte très encadrés. Pour les vitesses les plus élevées ce sera le circuit avec les ovales, une spécialité des États-Unis d'Amérique.
À partir des modèles de courses aux énormes moteurs, les constructeurs s'efforcent de développer des modèles beaucoup plus accessibles comme les Ford Modèle T puis A par une recherche de la diminution du coût de production, notamment par la parcellisation des tâches dans les chaînes d'assemblage et l'emboutissage.
Le taylorisme
Le « Taylorisme » ou Organisation scientifique du travail fait très tôt débats dans l'industrie automobile. En 1908, le constructeur américain Ford (fondé en 1903) en fait sa philosophie, tandis qu'en France Renault l'adopte en partie ; il faut attendre 1912 pour voir Renault totalement succomber au Taylorisme. Levassor refuse cette option dès 1908. Le Taylorisme, aussi appelé Fordisme dans l'industrie automobile est plus qu'une révolution industrielle, car elle transforme les artisans d'antan en ouvriers spécialisés ; la nuance est de taille. Ford connait en effet au début du siècle de graves problèmes de personnel : manque de qualification, absenteïsme, alcoolisme... Le taylorisme est pour Ford une aubaine qui lui permet de mettre en place de véritables chaînes de travail nécessitant peu ou pas de main-d'œuvre qualifiée. De plus, cette stratégie permet une chute importante des coûts de main-d'œuvre. Le fameux « Modèle T » de Ford est le premier modèle a bénéficier à plein de ce système de « travail à la chaîne ». Dès lors, les États-Unis dépassent la France en terme de véhicules produits.
En 1919 André Citroën fonde la firme Citroën, à la source de nombreuses innovations.
L'automobile contribue à révolutionner le monde du travail, avec le travail à la chaîne, le fordisme et le taylorisme. L'automobile a joué un rôle important lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), et encore plus lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).
L'entre-deux-guerres
L'entre-deux-guerres a été un âge d'or de l'automobile pour les catégories les plus aisées de la population car les véhicules commençaient à devenir fiables, le réseau routier s'améliorait et la réglementation était encore embryonnaire.
Mais le krach de Wall Street de 1929 (le « Jeudi noir ») plonge l'industrie automobile dans la crise au même titre que les autres secteurs économiques. Pour sortir de ce marasme, les constructeurs européens et états-uniens cherchent à séduire une clientèle financièrement réticente en lui proposant des modèles légers, toujours plus rapides et économiques, ce qui fut rendu possible par la progression des voitures dans bien des domaines tels que l'amélioration des moteurs et la synchronisation des boîtes de vitesse. Les carrosseries qui habillaient ces mécaniques de plus en plus perfectionnées abandonnèrent les angles saillants et adoptèrent une ligne un peu plus aérodynamique en se calquant sur les avions. Mais même pendant cette période de crise, les constructeurs prestigieux continuèrent à produire des voitures de rêve rivalisant de prestige et de luxe.
Après la Seconde Guerre mondiale
Dès la fin de la guerre, on constata un essor prodigieux de la production automobile mondiale, elle tripla pendant les trente glorieuses (approximativement de 1945 à 1975) et passa de 10 millions à 30 millions de voitures. La concentration industrielle, les progrès techniques et l'augmentation de la productivité facilitèrent en Europe l'apparition des petites voitures économiques.
En 1946, les 10 000 premières Volkswagen AG (les Coccinelles) étaient construites en Allemagne. Volkswagen en avait produit 15 millions en 1972. En France, c'est la 4CV de Renault qui, lancée en 1946 atteignait les 500 000 exemplaires en 1954. En Italie, les petites Fiat, lancées avant la guerre, connurent, après cette dernière, un succès sans précédent. Un peu plus tardivement, ce fut l'Angleterre qui se mit à fabriquer des petites voitures avec la fameuse Mini dont 4,5 millions d'exemplaires ont été vendus à ce jour.
La première voiture vendue à crédit en France fut la Simca V.
La fin du XXe siècle
À la fin du XXe siècle, dans les pays dits développés, on peut compter environ une automobile par habitant.
L'électronique, la haute pression notamment des injecteurs et des moteurs à calage variable des soupapes permettent d'obtenir de meilleurs rendements. Les véhicules hybride comme la Toyota Prius semblent montrer une perspective. Il reste cependant une marge considérable.
L'automobile est également une source de polémiques depuis les années 1970, notamment en raison de son impact négatif sur l'environnement. Les problèmes de sécurité routière constituent également l'un des talons d'Achille du secteur.
Le début du XXIe siècle
Au début du XXIe siècle, on assiste à un développement du mouvement international Carfree ("libéré de la voiture"), qui défend la mise en place de villes sans voitures et promeut des exemples de quartiers sans voitures.Cette évolution de la perception de l'automobile, en lien avec le réchauffement climatique et les nombreuses critiques portées sur l'irrationalité du système automobile, semble annoncer la fin de la société de l'automobile.
Par ailleurs, l'évolution du marché entraîne l'essor des voitures dites low-cost comme la Dacia Logan de plus, le prix du pétrole augmentant, les consommateurs se tournent chaque fois plus vers des véhicules sobres, consommant peu. Ces nouvelles orientations, permettent aux contructeurs japonais, principalement Toyota, de gagner en parts de marché notamment aux États-Unis. C'est ainsi que ce début de siècle est marqué par le fort recul des constructeurs américains, à l'instar de General Motors dont les produits proposés s'avèrent inadaptés à l'évolution de la demande même sur son marché national.
Évolutions esthétiques
Après la période de mise au point de l'automobile, la première révolution esthétique concerne l'intégration du conducteur dans l'habitacle (conduite intérieure). Puis, après la Seconde Guerre mondiale, c'est l'intégration des ailes dans le capot avant. À la fin des années 80, on remarque l'intégration complète des pare-chocs à la carrosserie, se muant en boucliers.