Ressource — Autres dispositifs de lecture

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Cours: L3LMS6 L’oral pédagogique : argumentation professionnelle
Livre: Ressource — Autres dispositifs de lecture
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: lundi 10 mars 2025, 03:44

Description

Ces dispositifs, élaborés par les chercheurs et chercheuses en didactique du français, sont prévus pour renforcer les compétences de lecture des élèves. Les documents présentés ci-après sont ceux que j’utilise en cours avec mes propres élèves.

1. Le questionnaire à filtre

  • Plusieurs affirmations sont données sur un texte
  • Les élèves doivent leur donner des critères de fiabilité :
    • affirmation inexacte
    • affirmation exacte et importante pour comprendre le texte
    • affirmation exacte mais sans importance
  • Capacités visées :
    • relire avec attention
    • choisir et hiérarchiser  les informations
    • traiter les informations
    • faire des liens entre les éléments du texte
    • justifier ses choix

1.1. Exemple de questionnaire à filtre

  • Classe : 6e
  • Problématique de la séquence : Pourquoi les récits d’aventure mettent-ils le héros en danger ?
  • Problématique du texte : Est-il facile d’être un aventurier ?
  • Support : extrait de William Golding, Sa Majesté des Mouches
  • Texte :

Ils étaient à la lisière de la forêt épaisse, trainant leurs pieds las sur un sentier, lorsqu’ils entendirent des bruits – des cris de cochon – et un martèlement de sabots sur le sentier. Plus ils avançaient, plus les cris s’amplifiaient jusqu’à devenir frénétiques. Ils trouvèrent un petit cochon, prisonnier d’un rideau de lianes, qui se débattait dans ce filet élastique, affolé par la terreur. Sa voix insistante perçait le tympan. Les trois garçons se ruèrent en avant et Jack tira de nouveau son couteau avec un moulinet. Il leva le bras. Il y eut un moment d’arrêt, une hésitation ; le cochon continuait à crier, les lianes à remuer par saccades et la lame à briller au bout du bras maigre. La pause fut juste assez longue pour leur permettre de comprendre quelle énormité ils avaient failli commettre. Alors le petit cochon s’arracha aux lianes et s’enfuit dans le sous-bois. Leur regard passa de l’un à l’autre et se reporta sur le lieu du drame. Jack avait blêmi sous ses taches de rousseur. Il s’aperçut qu’il brandissait encore le couteau ; il baissa le bras et le replaça dans sa gaine. Enfin, tous trois eurent un rire honteux et ils reprirent leur ascension.
— Je repérais un endroit, expliqua Jack, et je n’avais pas encore décidé où j’allais le poignarder.
— Un cochon, ça s’égorge, affirma Ralph farouchement. On dit toujours « égorger un cochon ».
— On le saigne au cou pour le vider de son sang, renchérit Jack. Sans ça on ne peut pas manger la viande.
— Pourquoi tu n’as pas ?…
Ils savaient très bien pourquoi il n’avait pas terminé son geste. À cause de l’énormité de ce couteau frappant et coupant de la chair vivante ; à cause de l’insupportable idée du sang.
— J’allais le faire, répondit Jack.
Il marchait devant eux qui ne voyaient pas son visage.
— Je repérais un endroit. La prochaine fois…
Il sortit son couteau de la gaine et le planta dans un tronc d’arbre. La prochaine fois, pas de quartier. Il les regarda d’un air de défi.

Questionnaire à filtre

J’indique si c’est vrai et important, vrai et pas important ou faux. Je justifie ma réponse dans mon cahier en relevant les mots qui m’ont permis de le savoir.

  1. Il y a deux personnages importants dans ce texte.
  2. Jack est habitué à se servir de son couteau.
  3. Le petit cochon est coincé dans des lianes mais parvient à s’enfuir.
  4. C’est facile de tuer un animal pour se nourrir.
  5. Jack a des taches de rousseur.

2. Le bon résumé

  • Plusieurs résumés d’un même texte sont fournis
  • Un seul résumé est correct (les autres sont faux ou incomplets, par exemple)
  • Capacités visées :
    • sélectionner les indices
    • relire avec attention
    • justifier ses choix

2.1. Exemple d’activité « le bon résumé »

  • Classe : 6e
  • Problématique de la séquence : Pourquoi les récits d’aventure mettent-ils le héros en danger ?
  • Problématique du texte : Est-il facile d’être un aventurier ?
  • Support : extrait de William Golding, Sa Majesté des Mouches
  • Texte : même texte que dans l’exemple précédent

Le bon résumé

J’ai demandé à trois élèves de raconter ce qui se passe dans le texte. Voici trois réponses.

Élève A – Trois adolescents sont dans une forêt. Ils chassent des cochons sauvages. Jack est le meilleur chasseur, il sait qu’on saigne un cochon au cou pour le vider de son sang. Il n’a pas peur du sang, contrairement à Ralph. Mais cette fois il n’a pas de chance parce que quand il veut frapper le cochon, il plante son couteau dans un tronc d’arbre.

Élève B – Trois adolescents sont dans une forêt. Ils entendent les bruits d’un cochon qui s’est bloqué dans des lianes. Jack sort son couteau et lève le bras pour poignarder le cochon. Il hésite et le cochon s’enfuit. Il explique qu’il a hésité parce qu’il ne savait pas où le poignarder. Jack est décidé à le tuer la prochaine fois.

Élève C – Trois adolescents sont dans une forêt. Ils entendent les bruits d’un cochon qui mange dans des lianes. Jack sort son couteau et lève le bras pour poignarder le cochon. Il hésite et frappe le cochon au cou pour le saigner. Il explique aux autres garçons qu’un cochon, ça s’égorge, parce qu’on dit toujours « égorger un cochon ». Les trois garçons vont pouvoir manger le cochon avec leurs amis.

  1. Une seule réponse est juste, laquelle ?
  2. Pour les deux autres réponses, barre seulement les informations fausses.

3. Le texte puzzle

  • Texte donné en fragments dans un ordre différent de celui d’origine
  • Remettre les fragments dans l’ordre et justifier cet ordre
  • Capacités visées :
    • engager une lecture précise
    • s’appuyer sur la langue
    • repérer et mettre en relation les liens logiques et chronologiques
    • interpréter le texte
    • favoriser le débat.

3.1. Exemple de texte puzzle

  • Classe : 5e
  • Problématique de la séquence : Pourquoi avons-nous besoin de héros ?
  • Problématique du texte : Mettre en scène des héros est-il un prétexte à inventer des textes ?
  • Support : extrait annoté et introduit par un chapeau explicatif d’Apollodore, La Bibliothèque, livre II

Texte puzzle

À part le 1er et le dernier paragraphes, les autres ne sont pas au bon endroit. Remets chaque paragraphe à sa place et justifie ton choix dans ton cahier.

Début. ➀ Comme second travail, Eurysthée ordonna à Héraclès de tuer l’hydre de Lerne.

___ Quand de cette façon il fut venu à bout des têtes toujours renaissantes, il trancha la tête immortelle, l’enfouit sous terre et plaça par-dessus un lourd rocher, en bordure de la route qui va de Lerne à Éléonte.

___ Aussi, après avoir tué le crabe, à son tour appela-t-il au secours Iolaos, qui mit le feu à une partie de la forêt voisine et, avec des brandons, brula les têtes à la racine pour les empêcher de repousser.

___ Cette hydre, nourrie dans le marais de Lerne, sortait dans la plaine pour ravager les troupeaux et le pays. Elle avait un corps gigantesque et neuf têtes, dont huit étaient mortelles et la dernière, celle du milieu, immortelle. Héraclès monta donc sur un char, avec Iolaos pour cocher, et se rendit à Lerne.

___ Mais elle enlaça l’une de ses jambes et s’attacha à lui. Il avait beau abattre ses têtes à coups de massue, il n’arrivait à rien, car, pour chaque tête abattue, il en repoussait deux. Un crabe géant vint au secours de l’hydre et lui mordit le pied.

___ Il fit arrêter les chevaux, trouva l’hydre sur une sorte de colline, près des sources d’Amymonè, où elle avait son repaire. En lui lançant des traits enflammés, il l’obligea à sortir et, quand elle fut dehors, il la saisit et la tint solidement.

Fin. ➆ Quant au corps de l’hydre, il le fendit pour tremper ses flèches dans son venin. Mais Eurysthée déclara qu’on ne devait pas compter cette épreuve au nombre des dix travaux, parce que Héraclès n’était pas venu à bout de l’hydre tout seul, mais avec l’aide de Iolaos.

4. Le texte à intrus

  • Des expressions sont insérées dans le texte, qui contredisent le registre/la tonalité, la vraisemblence narrative, la cohérence narratologique, les éléments culturels déjà étudiés (anachronisme, par exemple)
  • Identifier les expressions intruses
  • Justifier sa décision d’écarter telle phrase.
  • Capacités visées
    • s’engager dans une lecture précise
    • s’appuyer sur la cohérence textuelle, les inférences, la narration, le style, la langue
    • argumenter

4.1. Exemple de texte à intrus

  • Classe : 5e
  • Problématique de la séquence : Pourquoi avons-nous besoin de héros ?
  • Problématique du texte : Le héros est-il libre de ses choix ?
  • Support : extrait annoté d’Apollodore, La Bibliothèque, livre II

Texte à intrus

  • Dans ce texte se sont glissés des intrus : des expressions, des manières d’écrire, des contradictions ou des détails qui ne sont pas adaptés au style d’un texte mettant en scène un héros de l’Antiquité.
  • Essaie d’en repérer le plus possible sans repérer de faux intrus.
  • Aucun mot en gras ne peut être un intrus.
  • Explique pourquoi l’expression est intrusive.

Comme douzième job, Héraclès reçut l’ordre de ramener Cerbère de l’Hadès : Cerbère avait trois têtes de clébard, la queue en forme de serpent et, sur le dos, tout plein de têtes de serpents.

Il se rendit au Ténare, en France, où se trouve l’entrée qui permet de descendre dans l’Hadès, et il y a pénétré. En le voyant, les âmes se sont enfuies, sauf celles de Méléagre et de la Gorgone Méduse. Il tire son épée contre la Gorgone, comme si elle était vivante, et apprend de Jésus-Christ qu’elle n’est qu’un vain fantôme.

Quand tu réclamas Cerbère à Pluton, Pluton me mit en demeure de le maitriser et de l’emmener sans l’aide des armes que je portais. Il trouva l’animal aux portes de l’Achéron : tout couvert de sa cuirasse et enveloppé de sa peau de lion, il saisit la tête du monstre entre ses bras et ne relâcha pas sa prise ni sa pression avant de l’avoir maitrisé, malgré les morsures du serpent qui lui servait de queue. Il l’emmena donc et, pour revenir, il fit la remontée par Trézène. Et Héraclès, tremblant de peur, les yeux noyés de larmes, après avoir montré Cerbère à Eurysthée, le ramena dans l’Hadès.

Notes

  • Hadès : pays des morts, dirigé par Pluton.
  • Ténare : nom d’un lieu.
  • Méléagre : un héros grec.
  • Gorgone : monstre féminin.
  • Méduse : elle pétrifiait tous ceux qui la regardaient.
  • Vain : sans corps ni force.
  • Pluton : autre nom d’Hadès.
  • Achéron : fleuve qui sépare l’Hadès du monde des vivants. Prononcer a-ké-ron.
  • Trézène : ville grecque.
  • Eurysthée : cousin d’Héraclès, qui lui donne des ordres. Les noms grecs terminés par -ée sont souvent masculins.

Correction

Comme douzième ✘ job, Héraclès reçut l’ordre de ramener Cerbère de l’Hadès. Cerbère avait trois têtes de ✘ clébard, la queue en forme de serpent et, sur le dos, ✘ tout plein de têtes de serpents.

Il se rendit au Ténare, en ✘ France, où se trouve la bouche qui permet de descendre dans l’Hadès, et il y a pénétré. En le voyant, les âmes ✘ se sont enfuies, sauf celles de Méléagre et de la Gorgone Méduse. Il tire son épée contre la Gorgone, comme si elle était vivante, et apprend de ✘ Jésus-Christ qu’elle n’est qu’un vain fantôme.

Quand ✘ tu réclamas Cerbère à Pluton, Pluton ✘ me mit en demeure de le maitriser et de l’emmener sans l’aide des armes que ✘ je portais. Il trouva l’animal aux portes de l’Achéron : tout couvert de sa cuirasse et enveloppé de sa peau de lion, il saisit la tête du monstre entre ses bras et ne relâcha pas sa prise ni sa pression avant de l’avoir maitrisé, malgré les morsures du serpent qui lui servait de queue. Il l’emmena donc et, pour revenir, il fit la remontée par Trézène. Et Héraclès, ✘ tremblant de peur, les yeux noyés de larmes, après avoir montré Cerbère à Eurysthée, le ramena dans l’Hadès.

  • « Job », « clébard » et « tout plein de » sont des expressions familières. Les récits mythologiques ne sont jamais écrits dans ce niveau de langue, car ce sont des épopées. Une épopée est un récit de héros écrit dans une langue soutenue et sérieuse, qui se passe dans un monde merveilleux.
  • La France n’existait pas dans l’Antiquité. Les Grecs n’ont donc pas pu parler de ce pays. Chez les Romains, on appelait Gaule (Gallia) un territoire qui correspondait plus ou moins à notre pays. Cet intrus est donc un anachronisme.
  • « A pénétré », « se sont enfuies » : dans un récit au passé simple, il ne peut y avoir aucun verbe au passé composé (sauf dans les dialogues). Les verbes au présent de narration sont tout à fait possibles, surtout dans les scènes d’action.
  • Jésus-Christ est un personnage de la religion chrétienne apparu après la mythologie grecque.
  • La 1re et la 2e personne (« tu réclamas », « me », « je portais ») ne sont pas possibles dans un récit dont le narrateur est à la 3e personne. On ne trouve « je », « tu », « nous » et « vous » que dans les dialogues. Ce qui n’est pas le cas ici.
  • Héraclès est un personnage qui n’a jamais peur. Même si certains héros antiques peuvent connaitre une peur passagère, ils sont surtout connus pour leur intrépidité.

5. Répondre à la problématique

Pour tous les textes travaillés, les élèves sont appelés à répondre à la problématique :

  • du texte
  • de la séquence. Dans ce dernier cas, ils ajoutent au fur et à mesure de leur lecture des textes les exemples et arguments qu’ils s’approprient