Ressource — Enseigner la lecture
Quelles sont les attentes des programmes quant à la lecture ?
La lecture représente un éventail de compétences fondamentales dans le parcours d’apprentissage des élèves. En effet, sans savoir bien lire et bien comprendre tous les textes, il devient difficile de réussir dans toutes les matières où les textes (notamment les consignes) ont de l’importance. On rappellera aussi que l’illettrisme est un fléau social qui rend l’intégration des citoyen·nes très difficile.
Selon les cycles, les attentes quant à la lecture sont différentes et progressives :
- Cycle 3 :
- Conquérir l’autonomie : décodage et compréhension
- Distinguer fiction et réalité
- Cycle 4 :
- Percevoir un effet esthétique et en analyser les sources
- Éclairer ou enrichir sa lecture à l’aide du contexte de l’œuvre
- Identifier la portée symbolique des textes
- Lycée :
- Dissocier les affects de l’approche intellectuelle
- Percevoir la singularité d’un texte (continuité et rupture)
- Pouvoir nommer les champs du savoir sollicités
Les objectifs à établir pour construire ces compétences seront donc différents selon les compétences :
- Cycle 3 : insistance sur la compréhension
- Créer une image mentale
- Identifier les motivations et les intentions des personnages
- Identifier les stéréotypes littéraires
- Cycle 4 : insistance sur l’interprétation
- Identifier les intentions de l’autrice·eur / la visée d’un texte
- Décoder et interpréter une image littéraire
- Lycée : insistance sur l’analyse
- Distinguer dans un texte ce qui nous plait de ce qui est important
- Avoir recours à des connaissances sur le genre, le contexte, l’histoire littéraire
On constate que les premières étapes sont le décodage et la compréhension. Or, pendant longtemps, l’École ne s’est préoccupée que du décodage, sans enseigner explicitement la compréhension. Tout enseignant a pourtant déjà entendu la phrase suivante d’élève en classe : « Moi, quand je lis, je ne comprends pas ». Ce qu’il manque aux élèves, dans ce cas, ce sont les stratégies que mettent en place, souvent inconsciemment parce que les processus ont été automatisés, les lecteurs et lectrices expert·es.
Faire travailler la compréhension
Pour faire travailler ces compétences et amener tous les élèves à l’expertise en lecture-compréhension, il faudra des activités spécifiques. Plusieurs chercheurs et chercheuses se sont attelé·es à identifier les moyens que mettent en œuvre les lecteurs et lectrices expert·es, dont Sylvie Cèbe et Roland Goigoux (notamment dans Lector et Lectrix. Apprendre à comprendre les textes narratifs).
En s’appuyant sur les travaux, on peut affirmer que pour former l’expertise de lecture, il faut :
- Enseigner explicitement la compréhension : c’est-à-dire apprendre à faire les inférences (lire entre les lignes, combler les blancs du texte, induire, aller au-delà…) en cherchant les indices implicites et explicites. La question des inférences sera développée dans la ressource suivante
- Conscientiser les gestes d’apprentissage : apprendre aux élèves à maintenir une attitude active et réflexive, à développer leur vigilance relative à l’objectif (compréhension, buts de la lecture)
- Adapter la lecture à ses objectifs et mettre en place des stratégies pour résoudre ses difficultés (notamment : que faire quand on ne connait pas un mot ? Les lecteur et lectrices expert·es savent que cela n’empêche pas forcément de comprendre le reste du texte ; les lecteurs et lectrices en difficultés auront tendance à rester bloqué·es sur cette fausse difficulté)
Du côté des élèves, la construction de leur compétence de lecture-compréhension doit les mener aux conclusions suivantes (qui sont ensuite écrites dans le cahier et/ou affichées dans la classe) :
- Pour lire et comprendre, il faut être concentré·e et acti·f·ve
- Quand je ne comprends pas un mot, je ne m’arrête pas : je pourrais comprendre le reste du texte et même le mot avec le contexte
- Je sais qu’il y a :
- Je me fais une représentation mentale et je cherche les motivations des personnages (pourquoi agissent-ils ?)
- Je suis capable de résumer le texte avec mes propres mots car lire, c’est traduire
Nous verrons dans les ressources suivantes des exemples d’activités qui mettent en œuvre ces principes. La première, qui suit celle-ci, vous placera dans la situation d’élèves de cycle 3, dans le cadre d’un travail sur les inférences de lecture.